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​Le blanc-seing accordé par le chef du gouvernement aux corrompus nuit à l’entreprise

Le combat, si combat il y a, ne doit pas se confiner aux discours moralisateurs mais passer par des actions efficientes

Vendredi 12 Juin 2015

​Le blanc-seing accordé par  le chef du gouvernement aux corrompus nuit à l’entreprise
La société marocaine figure parmi celles qui pâtissent du mal omniprésent qu’est la corruption entraînant dans son sillage des obstacles majeurs qui freinent, entre autres, le développement du pays.
A Casablanca, l'Ecole de management (ESCA) vient d’organiser un conclave sous le thème «La corruption en entreprise» et auquel des professionnels du monde des affaires aux experts en passant par des chercheurs et des économistes ont été conviés pour en débattre en mettant en exergue ses faits marquants. 
«La corruption couplée à une mauvaise gouvernance, représente l'un des freins majeurs au développement durable du Maroc», ont-ils souligné. Sur ce registre principalement, ces professionnels n’ont pas du tout tort. D’ailleurs, il n’est pas superflu de leur tirer chapeau vu qu’ils ont permis  au commun des Marocains de constater que la soi-disant bataille déclarée de Benkirane et son team contre ce phénomène a été finalement renvoyée sine die. 
Toujours est-il, les experts se sont accordés, faute de mieux,  à appeler le secteur privé à contribuer de manière agissante au combat contre la corruption dont les effets dévastateurs affectent la croissance économique, précisant, dans ce cadre, que ce phénomène a des répercussions négatives sur la qualité des produits, la fixation des prix à la consommation, les investissements étrangers, la fuite des capitaux et l'implantation d'infrastructures hors normes et hors de prix. Le milieu des entreprises n’étant pas épargné par ce fléau, les participants ont donc mis en garde les sociétés contre cette plaie qui menace la compétitivité à l'échelle nationale et internationale et constitue un obstacle pour le développement du climat d'affaires des entreprises.
Autre bémol soulevé par l’assistance : «Bien que cette corruption soit un grand problème, elle n'est tout de même pas une fatalité. Des solutions sont envisageables. Elles passent surtout par la sensibilisation et l'adoption des principes internationaux», soulignant que la lutte contre la corruption ne passe pas par des discours moralisateurs mais plutôt par des actions efficientes. A ce titre, il serait judicieux de rappeler, d’une part, que l’actuel Exécutif mené par les Pjdistes a même fait de la question son cheval de bataille et d’un autre côté, que la CGEM avait déjà lancé, en 2010, un portail de dénonciation de la corruption. « Mais quid des résultats de cette initiative ? Est-ce que des actions concrètes ont été menées dans ce sens ? Pourquoi aucun changement n’a-t-il été opéré depuis ce temps ?», telles sont les questions qui obnubilent des experts avertis. Reste à passer au peigne fin quelques déclarations des plus confuses du chef du gouvernement en la matière. En effet, d’aucuns se souviennent aisément de son intervention au Parlement, fin 2014, au cours de laquelle, Abdelilah Benkirane avait présenté la lutte contre la corruption comme l’une des réussites de son gouvernement. «Que nenni !», s’exclament ces professionnels ajoutant, dans ce sillage, qu’il n’y a pas l’ombre d’un quelconque succès à l’horizon. Preuve en est apportée par les différentes études sur le sujet qui ont également relevé que l’avis du chef du gouvernement est très, très, loin d’être partagé par l’opinion publique. D’ailleurs, cette dernière pourrait se demander légitiment, et personne n’oserait la blâmer, si Benkirane n’a pas finalement prémédité l’usage d’un tel slogan creux à des fins électoralistes. 
«Engranger du vent est un défaut connu et reconnu de plusieurs politiques», tonnent les experts s’ingéniant, toutefois, à enchaîner que lorsque certains problèmes demeurent occultés, ils ont tendance à s’amplifier. Pavé dans la mare, en faisant choux blanc pour tenter réellement d’endiguer de manière concrète ce fléau, l’actuel gouvernement se doit d’arrêter de vanter en grande pompe  des mérites indus avant de stopper la corruption. 

Meyssoune Belmaza

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