Des photographies des œuvres des bâtisseurs italiens de Casablanca exposées pour la mémoire commune au théâtre Italia

Dans une approche exclusivement patrimoniale et culturelle visant à reconnaitre la richesse architecturale

Vendredi 20 Juin 2025

La cour mitoyenne du Théâtre Italia, situé au sein du Consulat général d’Italie de Casablanca, a récemment accueilli une exposition riche d'enseignements intitulée « Les bâtisseurs italiens de Casablanca : héritage, modernité et inclusion ».

L’exposition, organisée par le Consulat général d’Italie de Casablanca, l’Agence italienne pour le commerce extérieur (ITA) et la Dante Alighieri de Casablanca, en collaboration avec l’Association CasaMémoire et le Conseil national de l’Ordre des architectes - Conseil régional du Centre, a rassemblé de nombreux architectes, enseignants, écrivains, artistes, universitaires, chercheurs ainsi qu’un large public curieux de découvrir des photographies mettant en lumière les réalisations d’architectes et entrepreneurs italiens à Casablanca témoignant du géni et  savoir-faire de leurs auteurs.

S’inscrivant dans le cadre de la 9ème « Journée du design italien » (Italian Design Day, IDD) et des 14èmes « Journées du Patrimoine de Casablanca », l’événement a commémoré « la contribution architecturale des Italiens à la construction de la nouvelle ville de Casablanca, qui a commencé au début du XXe siècle et s’est poursuivie sur plusieurs décennies », comme l’a déclaré, à cette occasion, la présidente de la Dante Alighieri de Casablanca, Dr Marina Sganga Menjour.
 
Une exposition pour la mémoire commune
 
Cette exposition «rend  hommage à la contribution des constructeurs italiens à la ville de Casablanca, tout en adoptant une lecture historique, critique et patrimoniale de leur œuvre », pouvait-on lire sur une des notes au public accompagnant cet événement.
Des villas, des écoles, des garages, des cinémas, des immeubles résidentiels, des édifices publics ou privés ainsi que des équipements communautaires construits par des italiens font aujourd’hui partie intégrante du paysage urbain, bien souvent sans que l’on connaisse leur origine, soulignait-on.

En effet, bien que ces bâtiments ornent encore aujourd’hui la capitale économique, force est de constater que certains « ont été quelque peu oubliés ou simplement dilués dans l’histoire globale de la ville », a fait remarquer Mme Marina Sganga Menjour.

Pourtant, « il y a près d’un demi-siècle, on parlait encore beaucoup de la transformation de la ville grâce aux architectes, ingénieurs et entrepreneurs italiens », se souvient la présidente de l'association culturelle italienne, qui a eu le privilège de connaitre personnellement certains d’entre eux parmi lesquels Raffaele Moretti et Domenico Basciano (qui a été, par ailleurs le premier président de la Dante Alighieri en 1951).
 
Entre héritage, modernité et inclusion
 
« Cette année, dans le cadre de l’Italian Design Day,  nous avons choisi de braquer les projecteurs sur l'architecture en liant cet événement à la célébration des Journées du patrimoine à Casablanca », a pour sa part confié Francesco Pagnini, directeur de l’agence italienne pour le commerce extérieur  (ITA).

 «L'Ordre des architectes entretient des relations très profondes avec le Consulat général et l'ambassade d'Italie qui manifestent un grand intérêt pour l'architecture. Cela fait 10 ans que nous travaillons ensemble dans le cadre d’une collaboration qui repose sur des bases solides, des hommes et des femmes sincères et sérieux, avec une certaine rigueur et œuvrant pour l'intérêt de nos deux pays, le Maroc et l'Italie », a de son côté déclaré Sbai Mohamed Karim, président du Conseil  national de l’ordre des architectes - Conseil régional  du centre.

 « Nos artisans ont beaucoup appris aux côtés de ceux qu'on appelait à l'époque les maîtres façadiers, les ferronniers ou encore les staffeurs. Et, grâce à des associations comme Casamémoire, je reste très optimiste quant à l'avenir du patrimoine à Casablanca », a-t-il conclu.

Karim Rouissi, président de l’Association Casamémoire, a déclaré qu’«  à travers les journées du patrimoine, ce qu’on célèbre par-dessus tout c’est notre patrimoine commun », soulignant que ce qui s'est joué à Casablanca est très particulier. « C'est une ville, qui tout au long du XXe siècle, a connu des influences multiples. Des Européens sont venus avec leur savoir, qui s'est métissé avec les compétences locales pour donner une architecture particulière », a-t-il ajouté.

Aussi, « grâce à ce brassage et à ces échanges communs, retrouve-on dans des façades à Casablanca, à Tunis et plus généralement des villes du Maghreb des variations et particularités de l'Art Déco », a-t-il poursuivi.

A souligner la remise à Casamémoire d’un précieux présent offert par les petits-fils de Joseph-Paul Battaglia.
« Nous tenions absolument à remettre ce qui constitue l'œuvre de la vie de notre grand-père, dans laquelle il a résumé ce qui était pour lui le plus important. Ce livre est à la fois simple, mais très intéressant. A la fois simple et très riche, ce livre est structuré en trois parties. La première rassemble tous les hommages des architectes avec lesquels il a travaillé, et tous insistent sur deux points : sa compétence et son honnêteté ainsi que l’exigence de qualité dans son travail qu'ils ne retrouvaient pas ailleurs », ont ils déclaré.

Et d'ajouter: ce qui est très touchant dans cet ouvrage, « ce sont les dernières pages où figurent des photos de son équipe. Cela montre qu’il savait apprécier le travail collectif, parce que lui-même a été maçon. Mon grand-père a réussi par le travail, l'honnêteté, la droiture et le respect. C'est un message que nous devons transmettre à notre tour ».

Signalons que ce présent a été remis au doyen de l’association Casamémoire qui a salué  un « trésor inestimable qui, inchallah, trouvera sa place dans un musée et servira aux générations futures ».

A noter que l’exposition a été suivie d’une conférence sur « Le legs des architectes et des constructeurs italiens à Casablanca : patrimoine et inclusion ». Préparée en collaboration avec CasaMémoire et l’Ordre des architectes Conseil du Centre, elle a été animée par Patrizia Ingallina (architecte et urbaniste  de l’Etat),  Ezio Godoli (professeur d’histoire de l’architecture à l’université de Florence), Romeo Carabelli (ingénieur de recherche et vice-président  du Comité scientifique international sur le patrimoine bâti partagé), Raffaele Moretti (architecte) et figure marquante dans l’architecture au Maroc) et Abderrahim Kassou (architecte, urbaniste, anthropologue et spécialiste du patrimoine du XXe siècle).

A travers cette conférence, consacrée à l’architecture et au legs architectural des Italiens au Maroc, « nous espérons que public a saisi le message et compris que le patrimoine est quelque chose de fondamental qu’il nous appartient absolument de préserver », a affirmé Sbai Mohamed Karim.

Alain Bouithy

Alain Bouithy

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