Un CD évènement pour tous les goûts et toutes les couleurs : Diva Salwa, talent, ambition et humilité


M.B
Mercredi 14 Mars 2012

A ne rater sous aucun prétexte, surtout  que c’est un album qui s’est longtemps fait désirer.  La chanteuse Salwa Zinoun s’est enfin décidée à franchir le pas au grand bonheur de ses nombreux fans qui piaffaient d’impatience.  Cela valait le coup. Le premier album de Diva Salwa est là comprenant pas moins de 12 succès triés sur le volet, et choisis à bon escient. L’éternelle Oum Kaltoum y est avec « Yamsaharni » et « Isal Rouhek », le Rossignol Abdelhalim Hafez avec « Ala hasbi widad », mais aussi d’autres superbes chansons puisées dans le répertoire classique, le Khaliji ou la musique marocaine.
L’occasion d’apprécier tout autrement « Lahla Yzid ktar » du célébrissime Abdelwahab Doukkali. C’est d’ailleurs le cas pour toutes les autres chansons.  Il est connu que Salwa Zinoun ne fait pas que dans la simple reprise faite d’une espèce de mimétisme, sa somptueuse voix et sa culture musicale ne le lui permettraient pas. Ambitieuse tout en étant humble, elle s’en excuse presque : « Pour ce premier CD, il s’agit plutôt de reprises de chansons connues. Il fallait passer par là. J’ai procédé de la sorte  en vue de me faire connaître davantage par le public ».
Perfectionniste, elle a passé dessus pas moins de deux années.  Si ce n’était l’insistance de tous ceux qui ont eu la chance et l’occasion d’apprécier son talent, elle n’aurait probablement jamais franchi le pas « …et puis, renchérit-elle, j’ai pu rencontrer des gens intéressants qui y ont été pour beaucoup tels Oussama Bahi musicien et arrangeur, mais aussi Hamid Mahfoudi, guitariste et chef d’orchestre, qui en plus s’est chargé de la production du CD… ». Bientôt, les mélomanes pourront apprécier Salwa Zinoun sur un tout autre registre.  Là, son premier single fera également apprécier son talent de parolière avec « Adebtini » que l’on pourrait traduire par « tu m’as martyrisée », un poème en zajal du haut de gamme reflétant une sensibilité irrésistible. Et c’est Oussama Bahi  qui s’occupe de la composition et de l’arrangement. Un deuxième single devra suivre, et là, même si l’on doit faire part d’une certaine indiscrétion, la belle surprise prendra forme au-delà des frontières. On n’en dira pas plus. Qu’en est-il de l’Egypte, à propos, et qui constitue une sorte de passage obligé  pour bon nombre d’artistes ? Salwa s’y est essayée, mais sans en faire une fixation : « J’ai eu de belles opportunités au Caire.  Mais il faut dire que j’ai eu du mal à m’adapter. Il y a, pour ainsi dire, trop de contraintes pour ne parler que du problème du contrat et du monopole auquel on est assujetti.  J’ai peut-être une vision des choses qui n’est pas forcément celle des autres.  En tout cas, là-bas je ne me sentais pas aussi bien que chez moi (…) Mais cela ne veut pas dire que je n'y retourne plus. C'est d'ailleurs dans mes projets ». Il est sûr qu’aujourd'hui, l'expérience aidant, notre artiste s'est raffermie et serait, à coup sûr, prête à surmonter embûches et obstacles. Et Dieu sait qu'il y en a !
Salwa pour rappel, a attiré l'attention parmi famille et amis dès sa tendre enfance. Son premier casting, elle l'a réussi à…. 8 ans pour se voir proposer de se produire avec  des chanteuses et chanteurs de loin plus âgés et plus connus. Elle n'en occupera pas moins la 4ème place ! C'était parti pour une éternelle histoire d'amour avec la musique. Ses parents l'inscrivent alors au Conservatoire où sous la houlette de Maître Benaabid, elle se mettra au solfège, au violon et au Mouachahate. Toute enfant, elle aura des passages remarquables à la télé…
Mais apparemment, au Maroc, il faut autre chose que du talent. « Cela ne suffirait peut-être pas. Je ne sais pas si je dois parler de connaissances ou de copinage. Il n'en reste pas moins que je suis de nature distante. Je n'aime pas trop insister de peur de me faire encombrante».
D'ailleurs, si ce n'était cette grande passion, cet amour fou pour la musique qui l'habitent, on l'aurait sans doute perdue à jamais.» De guerre lasse, voire dégoûtée, elle a dû pendant un certain temps s'éloigner de ce monde pour lequel elle est pourtant née. Un heureux hasard lui a fait changer d'avis. Un soir, lors d'un dîner animé dans un restaurant BCBG casablancais, elle a dû chanter sur insistance d’amis. Du coup, il n'y en avait que pour elle. Elle se voit alors proposer un contrat, avant que les demandes n'affluent.
Exigeante, Diva Salwa l'est aussi sur le choix des lieux où elle est appelée à se produire. Le hic, cependant, c'est comme elle le rappelle: “Je dois m'autoproduire, sachant que le commercial n'a jamais été mon point fort”.
Il est grand temps que ce talent pur soit reconnu à sa juste valeur. Ainsi Salwa Zinoun aura tout loisir de s'investir totalement et sans relâche dans ce qu'elle sait faire le mieux, et au mieux : chanter et nous bercer, nous enivrer de sa voix sublime.


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