Entendre les grands airs de la Tosca, une des œuvres des plus tragiques que Puccini ait composées, n'a pu que réjouir ses admirateurs mais aussi les auditeurs qui n'ont pas eu l'occasion par le passé de les découvrir et qui ont eu enfin aujourd'hui la chance de les savourer.
La leçon de cet opéra est totale. Il faut dire que le Théâtre national Mohammed V a la main heureuse avec des productions italiennes. Avec une sublime, "La Traviata", opéra majeur de Verdi donné en 2000 et qui a remporté un succès franc, au regard des trois représentations qui s'étaient tenues à Rabat et auxquelles 4.000 spectateurs avaient eu le plaisir d'assister et qui a ainsi permis à l'OPM de continuer cette belle aventure musicale, une décennie plus tard, avec le chef-d'œuvre du répertoire de Puccini, le magnifique Tosca.
Dans ce contexte, le président fondateur de l'OPM, Farid Bensaïd a déclaré "Tosca de Puccini qui vient d'être donné au Théâtre national Mohammed V est un opéra italien des plus lyriques et des plus romantiques des opéras italiens, mais aujourd'hui il se fait de création marocaine, regroupant 80 musiciens, tous marocains, accompagnés de chœurs d'enfants marocains et de chanteurs français".
Le metteur en scène de Tosca, Jean Mark Biskup est, pour sa part, "très content de cette distribution, un florilège de musiciens marocains de l'OPM, de chœurs marocains, de chanteurs français, venant d'horizons différents et qui ont donné le meilleur d'eux mêmes dans Tosca de Puccini".
Ce soir, le public a pu suivre l'intrigue de cette représentation de Tosca sur des prompteurs installés dans la salle qui diffusaient la traduction en français des joutes oratoires et des chants interprétés en italien.
Dans ce 8ème opéra de Puccini, est mis en scène le destin tragique de Floria Tosca, cantatrice célébrée par tous et invitée régulièrement à la cour -dans la Rome Papale, en 1800- devant affronter un dilemme des plus insolubles pour sauver son amant, le peintre Mario Cavaradossi, emprisonné par Scarpia, le chef de la police de Rome, qui tombe fou, éperdument amoureux d'elle et lui promet de libérer son amant à condition qu'elle s'offre à lui.
Tosca, interprété par les plus prestigieux ténors et sopranos, plus particulièrement Maria Callas qui en avait donné la plus tragique interprétation sur les scènes lyriques à travers le monde, habillée d'une robe rouge, couleur sang, dans une mise en scène de Visconti, est la preuve même du succès de ce chef-d'œuvre de Puccini, quoique Madame Butterfly restait son enfant chéri: "L'opéra le plus sincère et le plus évocateur que j'aie jamais conçu", disait-il.
L'orchestre de Benoît Girault a fait, ce soir dans Tosca, la démonstration parce que dès le départ, le public est installé dans un univers contrasté, froid-chaleureux, écrasant, une atmosphère grandiose et mystérieuse qui convient en tout point aux affres de cette intrigue tragique.
Y dominaient dans ses plus belles interprétations une grandeur épique, un geste romantique et lyrique porté à son paroxysme. Les musiciens ont transporté le public dans un monde fiévreux, orageux, aux caprices parfois effrayants (soprano et baryton), aux jeux interdits et aux passions sans entraves.