Sampaoli, un apôtre du jeu offensif au caractère volcanique


Libé
Lundi 1 Mars 2021

La devise “Droit au but” de l’OM colle à l’image de son nouvel entraîneur, l’Argentin Jorge Sampaoli, apôtre du jeu offensif et disciple auto-proclamé de Marcelo Bielsa, mais le “tempérament explosif” du chauve tatoué n’a pas toujours fait des merveilles. Le nouvel entraîneur marseillais, 60 ans, est sorti tôt de l’anonymat de Casilda, sa ville natale située à une cinquantaine de kilomètres de Rosario, par la grâce d’une photo publiée dans un journal local au mitan des années 90. Elle montre “Sampa”, t-shirt noir et lunettes de soleil, juché en haut d’un arbre. C’est de là qu’il continue de hurler ses consignes à son équipe, après avoir été exclu du banc de touche pour comportement trop véhément. “Son caractère n’a pas trop changé, il a toujours le même profil, la même personnalité forte. Il a gardé son tempérament explosif, et parfois ça pose problème”, décrypte pour l’AFP Gustavo Hofman, commentateur d’ESPN Brasil qui l’a scruté à Santos (2018-19) et l’Atlético Mineiro (2020-21). Le globe-trotteur a traîné cette image au gré des expériences sur les bancs de clubs péruviens, chilien et équatorien, avant son premier succès marquant avec l’Universidad de Chile, qu’il mène jusqu’à la Copa Sudamericana en 2011, soit l’équivalent de l’Europa League. Sa “passion démesurée” pour le ballon rond, comme il l’a décrite, peut virer à l’obsession pour celui qui a autrefois rythmé ses joggings en écoutant des cassettes de conférences de presse de son mentor, “El Loco” Bielsa. “Il est un modèle et une inspiration”, répète souvent Sampaoli qui, comme son aîné, s’est retrouvé aux commandes de la sélection argentine. Bielsa a dirigé l’Albiceleste pendant six ans (1998-2004), son discipline l’a imité durant quinze petits matches jusqu’au Mondial-2018, raté dans ses grandes largeurs. Ce passage express surle banc argentin a abimé la belle réputation que Jorge Luis Sampaoli Moya s’était forgée comme sélectionneur du Chili entre 2012 et 2016. Sous ses ordres, la très offensive “Roja” va jusqu’à battre l’Espagne, alors tenante du titre, lors d’une Coupe du monde 2014 terminée en huitièmes de finale aux tirs au but contre le Brésil. L’année suivante, elle remporte sa première Copa America en finale contre l’Argentine de Lionel Messi. Appelé à la rescousse d’une Albiceleste bien malade, en mai 2017, il vit un Mondial-2018 désastreux: deuxième de groupe, éliminé en huitième de finale par les Bleus de Kylian Mabppé, en froid avec certains joueurs. “Chaque match était presque une souffrance”, “nous avons tous été poussés vers une obligation de gagner qui a fait qu’il était difficile de faire surgir le talent”, affirme au journal Marca le technicien, contraint de démissionner. Invités par un institut de sondage à le définir en un seul mot, les supporters de l’Albiceleste ne l’ont pas loupé: “Incompétent”, “clown” ou “arrogant” étaient les occurrences les plus fréquentes... S’il s’est refait une santé depuis au Brésil, Sampaolireste persuadé que “le foot est trop instable”. “Les entraîneurs durent très peu. On ne peut pas avoir de projets consolidés dans la durée”, disait-il encore le 13 février en conférence de presse. Le nouveau défi qu’il s’est choisi en Europe, après une expérience mitigée à Séville (2016-17), représente une chance de le voir appliquer ses préceptes, à condition que l’OM lui offre la stabilité espérée. “Il reste un des entraîneurs les plus en avance sur son temps, en termes de tactiques, d’idées surle football”, mais “ses dernières expériences ont toutes tourné court, il a besoin d’un autre passage plus long, comme avec la sélection chilienne”, relève Gustavo Hofman d’ESPN. Celui qui vient d’être papa pour la deuxième fois en un peu plus d’un an, avec sa compagne l’artiste chilienne Paula Velazquez (il avait déjà deux enfants d’une première relation), reste pourtant aussi “bouillant pendant les matches” qu’imprévisible en dehors. “En coulisses on dit qu’il est difficile à gérer, qu’il peut avoir des relations compliquées avec les joueurs, les dirigeants ou les journalistes”, conclut le commentateur brésilien.


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