Ramadanienne de Mohamed Bakrim : Notes de lecture : Arkoun et le 11 septembre

Jeudi 17 Septembre 2009

Ramadanienne de Mohamed Bakrim : Notes de lecture : Arkoun et le 11 septembre
En dehors de quelques images d’archives présentées dans les JT et de quelques rares émissions dans des chaînes thématiques, l’anniversaire du 11 septembre est passé presque inaperçu. Occasion pour moi de rappeler que le sujet nous concerne sur le plan humain, c’est une tragédie et sur le plan culturel car quelque part nous sommes « impliqués ». Il faut un travail intellectuel immense pour sortir du 11 septembre. D’où l’importance de la lecture. Le livre que je propose est un livre qui s’inscrit dans un contexte particulier. Dans sa forme et sa typologie textuelle aussi, il offre une présentation spécifique. De Manhattan à Bagdad, Au-delà du bien et du mal, c’est un livre à deux voix, celle de Mohamed Arkoun dialoguant avec Joseph Malka. La contextualisation renvoie aux événements du 11 septembre. Deux spécialistes échangent leurs analyses pour offrir au lecteur une autre approche du méga-événement.
Un ouvrage, souligne Arkoun d’entrée, qui s’adresse au grand public que “l’information médiatique incite peu à critiquer radicalement les systèmes de valeur hérités de nos traditions de pensée et de croyances respectives”.
Un appel à l’exercice de la double critique ; d’abord à l’égard de la politique impériale et  “son système de double critère dont ont usé et abusé les Etats-Unis depuis le XIXème siècle colonial”, et à l’égard “du discours de victimisation ressassé par les sociétés dominées pour dissimuler les démissions, les carences, la répression des libertés…”. Dans sa forme même, le livre met en chantier la logique qu’il défend, celle du débat loin des dogmatismes inhérents au système de pensée qui tendent à la complétude. Arkoun et Malka refusent d’asséner des vérités toutes faites. Le livre se construit devant nous y compris dans la formulation des outils et des concepts qui fondent la méthodologie.
Le principe fondateur est que, avec le 11 septembre, il y a effectivement un tournant ; celui-ci doit se sentir également dans notre façon de voir, d’appréhender certaines évidences qui meublent l’imaginaire contemporain. Si je tente une formule résumant la nouvelle démarche, je dirai qu’à la radicalité du geste terroriste doit correspondre une radicalité de la pensée qui se donne pour objectif d’analyser et de comprendre. Peut-on dire que les réactions furent à la hauteur du geste terroriste? Je réfère renvoyer à la lecture du livre qui croit au retentissement créateur des grands événements. Au-delà de l’indignation et la charge émotionnelle des images, on “attend toujours les réponses politiques, morales, philosophiques qui en feraient un tournant unique dans l’aventure de la dialectique historique et plus encore dans la marche de l’esprit humain vers une nouvelle maîtrise de ses responsabilités”. M. Arkoun parle du 11 septembre comme “événement” tremplin vers “l’avènement” d’une autre parole et d’une autre pratique.
Adapter c’est trahir
Le sujet est très ancien; on peut dire qu’il est concomitant à l’histoire du cinéma. Dès que le cinématographe a rencontré le récit, y compris dans les premiers films Lumière et de Méliès, la rencontre avec le roman et le théâtre était inévitable, inscrite dans un code génétique narratif du cinéma. Au début, cela répondait à un souci de légitimation, en se confrontant à des textes majeurs du patrimoine romanesque ou dramatique, le cinéma donnait des preuves de son ancrage dans une tradition. Le cinéma n’était plus cette invention sans avenir mais bel et bien une forme d’expression artistique. Ambition consacrée rapidement par le label 7ème art. Rassuré, le cinéma a élargi son éventail d’inspiration: on peut tout adapter, même le Capital, même l’annuaire téléphonique!
 Aujourd’hui, on continue à adapter, beaucoup. D’autant plus que la télévision, grosse consommatrice en matière de fiction, est arrivée sur le marché soit pour des productions spécifiques, soit en coproduisant pour le cinéma. Certes, les chiffres dont nous disposons à propos de l’adaptation  concernent  l’espace culturel français mais la tendance est révélatrice. Sur la période touchée par une enquête sur le sujet, 1998-2002, la télévision a produit des centaines d’œuvres de fiction avec un chiffre moyen de 15 % d’adaptation littéraire. Le cinéma avec un peu plus de 1350 films produits a puisé dans la littérature à hauteur de 18%.  Dans les deux cas de figure, ciné/télé, ce sont le roman et la nouvelle qui viennent en tête des adaptations. On peut être surpris de l’absence du théâtre ; pour la poésie, c’est encore très rare (Abbas Kiarostami  s’est inspiré d’un poème pour Où est la maison de mon ami? et pour Le vent nous emportera). Parmi les auteurs les plus adaptés, on retrouve les classiques bien sûr comme Simenon, adapté 4 fois sur cette période étudiée, Sacha Guitry trois fois mais aussi Henry James, Jean Giono, Thomas Mann ou l’éternel Victor Hugo.

Mohamed Bakrim

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