Quatorze ans, déjà Hammouda, l’inoubliable !


Abdesselem Alla
Mercredi 7 Mars 2012

Quatorze ans, déjà Hammouda, l’inoubliable !
Que la vie poursuive sa course folle vers l’immuable et l’imprévu, que les jours et les nuits s’amoncellent, dévoilant heurs et malheurs, que les souvenirs scintillent telles des étoiles filantes, il est un instant comme un éclair où surgit le visage apaisant d’un être que l’on croyait perdu à jamais, enfoui dans les méandres de l’oubli.
Ce visage, qui s’estompe au fil des  jours et des années, revient en force, rappeler qu’il est aussi vivant qu’inoubliable, aussi saisissant que présent, en dépit des vicissitudes  de la vie.
En cet instant, je chemine avec le souvenir du regretté Hammouda, repensant à cet artiste authentique, original dont la vie au journal a marqué  amis et collègues. 14 ans déjà et pourtant, il est toujours là, taquinant sa plume et son pinceau, esquissant  des traits mordants, saisissant une caricature éloquente. Je l’imagine encore, rôder à travers les salles de rédaction, lancer des blagues à la volée, raconter des anecdotes croustillantes, éreinter les travers saugrenus. Dans son sillage, il déride les visages et les cœurs, il essaime ses éclats de rire de gestes spontanés, il secoue la torpeur et la platitude du quotidien, il adoucit la rigidité du travail. Il est au cœur d’une agitation amicale, au point de bousculer timidité, réserve et pudeur.
Je l’imagine toujours, mordre la vie à belles dents, compatir aux peines de ses semblables, s’investir pleinement dans sa mission, construire le monde selon ses désirs.
Tout humain qu’il était, il déclinait sa trempe d’artiste engagé aux convictions inaliénables. Je l’imagine enfin, composer les tableaux et les situations de la vie courante, révéler les signes du temps, nourrir l’imagination de sa verve créatrice. Ses griffes : l’ironie, l’humour et la causticité. Qualités artistiques qu’il transpose dans sa palette de dessins , au fil des pages et des situations, entraînant l’œil à s’émerveiller, l’esprit à s’éveiller et la pensée à s’évader. Grand artiste il était, être singulier il le restera.
Son autre vie défile au détour des souvenirs : son cocon familial. Les fleurs qu’il a semées ont grandi, à belles foulées, et portent désormais, à bras le corps, les ambitions débordantes de la jeunesse. Elles frayent leur chemin vers la grande vie, scellant le pacte de l’espérance, titillant les rivages de la réussite. Elles rivalisent d’ardeur et de courage pour porter, à la fois, le sceau paternel et s’enorgueillir d’être enfantées par un père artiste dans l’âme.
Certes, l’homme a pris les voiles pour retrouver la terre des béatitudes, dormir de son éternel sommeil, mais son ombre ne cesse de hanter proches et amis. Il donne l’air de balbutier avec un calme olympien : «Que votre vie soit aussi éclatante que la mienne ! Je vous remercie pour la considération que vous me portez». Ce message posthume, sa famille et ses amis l’entendent à tout jamais et s’en inspirent pour lui témoigner amour, amitié et respect.


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