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Pour le réalisateur Tarik Saleh, “l'Occident ne comprend rien à l'islam ”

Lundi 23 Mai 2022


"L'Occident est à la fois obsédé par l'islam et en même temps, il ne comprend pas du tout cette religion", déclare samedi à l'AFP le réalisateur Tarik Saleh, dont le film "Boy from Heaven" est en lice pour la Palme d'or.


Près de cinq ans après la sortie du "Caire confidentiel", le cinéaste suédois de 50 ans, né d'un père égyptien, est de retour avec un thriller politico-religieux qui dénonce les dérives autoritaires du pouvoir du maréchal al-Sissi et offre une plongée dans le monde de l'islam sunnite.


Une plongée qui n'est pas sans rappeler "Le nom de la rose", roman puis film à succès d’une hostoire se déroulant dans une abbaye au Moyen-âge.


Simple coïncidence ? "Je relisais ce livre quand je me suis demandé : +Et si je racontais une histoire de ce genre mais dans un contexte musulman ?+", se remémore-t-il auprès de l'AFP.
 Si le film n'a pas de visée pédagogique, il documente avec précision les doctrines, qui s'opposent, de ce courant majoritaire de l'islam. Et offre aux spectateurs un aperçu, de l'intérieur, d'un monde mal connu. "Je pense vraiment que l'Occident ne comprend rien à l'islam", insiste celui qui explique avoir un rapport "personnel" à cette religion.


Tout comme "Le Caire confidentiel", qui avait été tourné au Maroc, "Boy from Heaven" n'a pas pu être tourné en Egypte, mais en Turquie. "Je ne suis pas retourné en Egypte depuis 2015, au moment du tournage du +Caire confidentiel+ où les services de sécurité égyptiens nous ont ordonné de quitter le pays. Depuis, je suis un indésirable, qui, s'il pose le pied sur le sol égyptien sera sans doute arrêté", assure-t-il.


Fiction et non documentaire, le film a aussi une forte portée autobiographique: "Comme le personnage principal, mon grand-père est originaire d'un petit village de pêcheurs et a étudié à l'université al-Azhar" (principale institution dans le monde sunnite, ndlr)". "D'une certaine façon, poursuit-il, ce film est une lettre d'amour à l'Égypte et un hommage à mes grands-parents. "
Celui qui a découvert le pays de son père à l'âge de 10 ans, explique qu'il tient une place à part dans sa vie: "J'aime les Égyptiens, leur langue ... Quand je l'entends, c'est comme de la musique pour moi. Même si mon niveau d'arabe est catastrophique !", ironise-t-il. 
D'ailleurs, ancrer ses films dans ce pays est une façon de se le "réapproprier".


Pourtant, Tarik Saleh n'a pas toujours été réalisateur. Il a commencé sa carrière comme street artiste, puis s'est dirigé vers le documentaire. En 2005, le documentaire qu'il produit sur la prison militaire de Guantanamo est primé aux États-Unis et en Europe. "Je déteste être réalisateur", dit-il avec sérieux lorsque l'AFP l'interroge sur sa vocation de cinéaste. "Je viens du monde de l'art et de la peinture et j'aime être seul.

 Je déteste me retrouver avec 200 personnes sur un plateau de tournage. Même si j'aime le cinéma, c'est toujours très douloureux pour moi". Et de confier qu'il se voit davantage comme "un écrivain". Tel un Harlan Coben ou un John Grisham, deux maitres du polar, le cinéaste nourrit chacun de ses scénarios d'intrigues à ne plus finir. "A chaque fois on me dit de simplifier parce que sinon personne n'arrivera à suivre". "En plus d'être mon meilleur ami, c'est pour moi, un réalisateur et scénariste incroyable", tranche auprès de l'AFP son acteur fétiche, Fares Fares.

Libé

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