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Il y a eu des déceptions, tout de même, comme la Russie, la Pologne de Lewandowski, bien trop seul sans Arkadiusz Milik, ou la Turquie, éliminée avec trois défaites et un seul but marqué alors que son effectif semblait compétitif. D'autres sélections se sont révélées, telle l'Italie, qui comme quelques autres a aussi bénéficié d'un premier tour joué intégralement à domicile. Pleins d'allant et de confiance, les Azzurri ont séduit et seront favoris de leur 8e de finale samedi à Londres face à l'Autriche. Le premier tour, marqué aussi par l'irruption de la politique, comme mercredi quand l'Allemagne s'est parée des couleurs arcen-ciel en soutien à la communauté LGBT pour protester contre une loi hongroise jugée homophobe, a également permis de confirmer quelques évidences: la Belgique (neuf points, sept buts marqués, un seul encaissé) ou la France, sortie en tête du redoutable groupe F devant l'Allemagne et le Portugal, peuvent voir loin. Dans la poule "de la mort", les champions du monde français ont impressionné contre l'Allemagne (1-0) avant de batailler face à la Hongrie (1-1) et aux tenants du titre portugais dans un duel superbe (2-2). Il n'y a finalement pas eu de victime de marque dans cette poule, qui n'a laissé que la Hongrie au bord du chemin.
Mais le classement du groupe n'est pas anodin. Premiers, les Français affronteront la Suisse lundi à Bucarest. Passés tout près de l'élimination, les Allemands ont eux hérité d'un classique du football européen mardi à Londres avec l'Angleterre en récompense de leur deuxième place. Ce choc entre deux géants du jeu sera l'affiche des 8e de finale, mais le duel entre la Belgique de De Bruyne, Lukaku et Hazard et le Portugal de Ronaldo, désormais co-recordman du monde du nombre de buts en sélection (109, comme l'Iranien Ali Daei), promet aussi des étincelles dimanche à Séville. Avec neuf points eux-aussi et un potentiel offensif impressionnant, les Pays-Bas arrivent quant à eux dans le Top 16 en séduisants outsiders. Dimanche dans la fournaise de Budapest, ils partiront favoris contre la République tchèque de Patrik Schick, auteur face à l'Ecosse du but du tournoi avec un lob de près de 50 mètres.
L'Espagne, elle, a tardé à se réveiller, mais elle l'a fait de façon spectaculaire en balayant la Slovaquie 5-0 mercredi pour valider son billet. En 8e de finale lundi à Copenhague, la "Roja" affrontera les vice-champions du monde croates, eux aussi irréguliers mais portés par le talent immortel de Luka Modric. C'est à Copenhague, justement, sur la pelouse du Parken, qu'a eu lieu le moment le plus dramatique de cet Euro avec l'arrêt cardiaque de Christian Eriksen en plein match. Personne n'oubliera jamais les images de ces interminables minutes jusqu'à la sortie sur civière du joueur de l'Inter Milan, conscient et sauvé par les médecins.
Ces instants terribles auraient pu assommer l'équipe du Danemark mais ils lui ont finalement donné la force de balayer la Russie (4-1) pour s'ouvrir le chemin d'un 8e de finale samedi à Amsterdam face au Pays de Galles. Celui-ci sera le premier des huit, pas le plus prestigieux sur le papier mais pas le moins incertain ni le moins passionnant. De toute façon, ils le sont tous.
Programme
Samedi
17h00 : Pays de Galles-Danemark
20h00 : Italie-Autriche
Dimanche
17h00 : Pays-Bas-Tchéquie
20h00 : Belgique-Portugal
Lundi
17h00 : Croatie-Espagne
20h00 : France-Suisse
Mardi
17h00 : Angleterre-Allemagne
20h00 : Suède-Ukraine
Les Bleus balancés entre certitudes et inquiétudes
D'un doublé, Benzema a libéré l'équipe de France et s'est délivré d'un poids, après quatre matches sans faire trembler les filets. "Tout le monde attendait ce but-là après six ans d'attente. Mais je suis un joueur qui a l'habitude d'avoir toute cette pression", a évacué l'attaquant du Real Madrid, désigné "homme du match". Depuis son retour surprise, il y a eu ce penalty raté contre les Gallois puis cette blessure contre les Bulgares en préparation, un but refusé contre l'Allemagne en début d'Euro et une partie frustrante face aux Hongrois. "C'est clair qu'il y a une autre pression qu'en club parce que là, c'est tout un pays, mais moi ça me motive à chaque fois pour donner plus", a insisté le Madrilène. En patron, c'est lui qui a pris le ballon du penalty (obtenu par Mbappé) sans aucune discussion avec ses partenaires. Les Français terminent leur phase de groupe sur les rotules: après deux matches dans la chaleur étouffante de Budapest, les organismes ont été mis à rude épreuve. "Il y a eu beaucoup de dépense physique", a remarqué Raphaël Varane. Contre la Hongrie, les Bleus ont été dépassés dans l'impact physique et face aux Portugais, "l'intensité a pu baisser au fil du match", a reconnu Koundé.
L'inquiétude la plus grande concerne le poste de latéral gauche. Touché à un genou, Lucas Hernandez, sorti à la mi-temps contre la Seleçao, peine à enchaîner les rencontres. Et sa doublure Lucas Digne semble proche d'un forfait après avoir subi une blessure musculaire mercredi. "Ça va être très compliqué", a reconnu Deschamps, déjà affaibli par le départ d'Ousmane Dembélé. A gauche, le sélectionneur va devoir aligner soit un latéral droit (Léo Dubois, Benjamin Pavard, Koundé), ou un milieu comme Adrien Rabiot mercredi, à moins qu'il ne fasse confiance à Presnel Kimpembe qui évoluait à gauche au centre de formation du PSG. Autre solution: instaurer une défense à trois, un schéma déjà testé par Deschamps. Les champions du monde font-ils peur ? Certes, les premiers tours n'ont jamais été flamboyants sous Deschamps, mais l'impression générale laissée par les Bleus n'est pas aussi limpide que celles délivrées par l'Italie, la Belgique ou les Pays-Bas, dans des groupes certes moins relevés. Trois erreurs défensives leur ont coûté trois buts: un mauvais repli de Pavard contre la Hongrie, un coup de poing susceptible d'exclusion signé Lloris et une faute de main de Koundé. Le triangle offensif censé faire chavirer l'Europe, avec Benzema, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, n'a pas montré grandchose, et le seul but marqué dans le jeu est venu d'une inspiration de... Paul Pogba pour Benzema. "Il faut ajouter des automatismes pour être plus conquérants et faire encore plus mal", a voulu croire Koundé. La Suisse est un bon adversaire pour mettre en pratique ces belles paroles.