Peinture : Le grand bazar


abdesslam Khatibi
Samedi 4 Juin 2011

Plus il y a d'artistes peintres, plus on se rend compte de l'apport des vétérans qui ont balisé le terrain et fait en sorte que la peinture, au Maroc, soit avant-gardiste sur les plans arabe et africain.
En effet, de nous jours, le secteur des arts plastiques connaît une dynamique et un foisonnement insufflés aussi bien par les anciens que par les jeunes. Les Ecoles de Beaux-Arts ne sont plus les seules à produire des peintres, d'autres instituts et ateliers de formation s'attellent aussi à la tâche. Les peintres autodidactes, d'un autre côté, apportent leur lot de nouveautés et de surprises parfois. Seulement, il n'est pas sûr de découvrir tous ces talents étant donné que certains préfèrent, ou se trouvent obligés d'intégrer le monde du travail.
Nombreux sont les artistes qui se sont réfugiés dans le monde de la publicité ou encore dans l'infographie. D'autres ont su trouver le bon "filon" pour investir les grandes galeries d'art. Les relations et les réseaux deviennent déterminants dès qu'il est question de faire une carrière professionnelle.
Actuellement, un nouveau phénomène a vu le jour et ouvert les portes à des affairistes qui se lancent dans des opérations où seul compte le profit.
On a même assisté à des expositions dans des maisons et villas où les conditions d'exposition n'existent pas et où les ventes suscitent des questions.
Même chose pour les foires qui ont pris de l’ampleur ces derniers temps. A Casablanca et Marrakech, notamment, c'est devenu courant. Le but des organisateurs  -pas toujours des artistes- c’est de courir après le profit. Ces manifestations ne font d'abord aucune distinction entre les peintres et ne jouent aucun rôle quant à la promotion des artistes. L'opération s'est montrée ruineuse pour beaucoup de participants, des jeunes surtout, qui ont consenti un grand effort financier pour payer leurs stands et qui, faute de communication et d'actions de promotion, n'ont rien vendu, alors qu'ils pensaient avoir fait un bon investissement.
Les galeries d'art connaissent des fortunes diverses. On ne sait plus si la tendance est aux fermetures ou à l'ouverture de nouvelles galeries.
Il y a quelques années, de nombreuses galeries étaient obligées de mettre la clé sous le paillasson du fait de la léthargie qui frappait le secteur. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée, certes, mais certains galeristes rencontrent toujours des difficultés.
La ville qui a connu le plus grand nombre d'ouvertures de galeries, c'est Marrakech pour devenir la deuxième destination après Casablanca et ravir ainsi la place de Rabat qui connaît un calme plat au niveau de l'activité artistique d'une façon générale.
Mais il faut reconnaître que la dynamique de la ville ocre s'explique par le boum immobilier qui a été boosté par les étrangers qui se sont établis dans la ville et donné un coup de fouet à son activité économique.
Il ne s'agit pas seulement de galeries mais aussi d'ateliers d'art et de maisons dédiés aux artistes dont la plupart se trouvent aux alentours de Marrakech, bénéficiant ainsi d’un cadre naturel féerique.
Mais on ne peut que rendre hommage aux vétérans qui ont, contre vents et marées, réussi à faire des arts plastiques en général et de la peinture en particulier, une expression reconnue et respectée.
La dynamique actuelle peut donner lieu à une sélection qui séparera le bon grain de l’ivraie par la force des choses, allant à contre-courant de certains affairistes avides de gain facile et croyant trouver dans l'art la poule aux œufs d’or.


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