Omar Ahaddaf, un humoriste au parcours mouvementé

Vendredi 4 Juillet 2014

Omar Ahaddaf, un humoriste au parcours mouvementé
Quand il a quitté sa ville natale, Tétouan, Omar Ahaddaf n’avait qu’un seul rêve : monter sur scène et faire rire. Le parcours d’Ahaddaf, aujourd’hui l’un des humoristes les plus en vue aux Pays-Bas, n’était pas parsemé de fleurs. Il est fait d’espoirs, de déceptions et de triomphes.  En remportant les prix du jury et du public lors de l’édition 2012 du prestigieux «Leids Cabaret Festivals» aux Pays-Bas, ce natif de la Colombe Blanche a pris conscience qu’il est sur la bonne voie au terme de plusieurs et  longues années de quête de soi.
Deux prix dans l’un des plus importants événements artistiques du Royaume de la Tulipe est une véritable prouesse pour un immigré qui a vécu deux ans dans la clandestinité et avec lui son rêve de devenir un jour une célébrité.
 Sauf que cette consécration n’était pas la première pour Ahaddaf aux Pays-Bas, mais plutôt la plus alléchante. Il avait décroché en 2006 le prix du public du «het Knock Out Comedy Festival », une compétition de jeunes humoristes très suivie en Hollande. 
Ahaddaf racontait à la MAP ses débuts à Tétouan, où il guettait en compagnie de son frère les rares activités théâtrales de la maison de la culture de la ville avant de former un groupe qui va rapidement disparaître, les rêves et les préoccupations de ses membres n’étant pas les mêmes. 
«J’ai pris part à des ateliers de théâtre à l’Institut français de la ville avant d’aller à Rabat poursuivre ma formation. Mais ça n’a pas marché au vu de mon âge (23 ans)!», s’exclame-t-il.  Il revint bredouille à la Colombe Blanche, où il continuera son aventure à l’Institut français.
Pendant six ans, Ahaddaf qui avait besoin d’améliorer davantage son français, enchaînaient ateliers et pièces théâtrales. «C’était le seul espace qui disposait d’un théâtre, de l’éclairage et des  professionnels et où on se sentait entouré», a-t-il dit.  A l’université, Omar Ahaddaf égayait ses camardes par des sketchs et c’est dans son enceinte, qu’il va présenter par la suite son premier grand one man show. 
Dans la foulée, Ahadaf rencontrera le présentateur télé Atiq Ben Chiguer qui animait à l’époque l’émission «Noujoum Al Ghad», dans laquelle le jeune comédien fera sa première apparition télévisée quoique brève.
Peu après, l’ardeur d’apprendre de nouvelles choses et le hasard mèneront le jeune Tétouanais en France où il tentera de rejoindre une académie mais sans succès faute de moyens. Il s’est trouvé devant deux choix : revenir au Maroc ou  s’aventurer en clandestin en Hollande. Ahaddaf opta pour le deuxième choix pour vivre deux ans en tant que clandestin mais sans jamais oublier son rêve.
«Ici on ne comprend pas ce que  signifie être un immigré clandestin», se lamente-t-il. Mais, du mal on peut souvent tirer du bien. Ahaddaf l’a bien compris. Aussitôt sa situation réglée en Hollande, son rêve a repris le dessus et son amour pour la scène le poussa à chercher à perfectionner ses connaissances et  suivre une formation académique malgré le handicap de la langue. 
C’est dans l’»Amsterdamse Theater Academie», qu’Ahaddaf aura une chance de s’imprégner des styles néerlandais dans le domaine du théâtre, lui qui s’enorgueillit d’être un produit de la culture théâtrale marocaine avec toutes ses composantes, notamment la Halqa.
 Ahaddaf ne cache pas sa fierté quant au fait qu’il avait au bout de deux ans, passés à l’académie, a pu réaliser ce que ses camarades néerlandais n’avaient pas eu la chance de faire.   En effet, avec le soutien de Hakim Traidia, un artiste et comédien néerlando-algérien, le jeune prodige de l’époque fera plusieurs tournées aux Pays-Bas et jouera plusieurs rôles dans les pièces de Traidia, notamment  «Mohamlet».
Dans le parcours d’Ahaddaf, l’humoriste et comédien, le hasard, l’amour de la scène et la persévérance étaient des facteurs clés et des moteurs inépuisables l’ayant aidé à surmonter le tas d’obstacles qui freinaient sa marche vers les sommets.
Actuellement, Omar Ahaddaf travaille sur un nouveau one man show qu’il entend présenter l’année prochaine en tournée aux Pays-Bas. Sur l’absence des comédiens néerlando-marocains de la scène marocaine, Ahaddaf pointe du doigt le problème de la langue, la plupart étant  néerlandophones et ne parlent pas bien la langue arabe.
«Le Maroc, je l’ai dans le sang, je rêve de monter sur scène et de présenter un spectacle en arabe dans mon pays. Mais mes tentatives antérieures n’ont jamais abouti sans savoir pourquoi», regrette-t-il. «J’ai frappé à plusieurs portes et je continue aujourd’hui à le faire espérant un jour présenter un one man show, en cours de préparation, dans mon  pays», insiste-t-il. Omar Ahaddaf reconnait que son chemin vers la célébrité, quoique limitée en Hollande, était long et difficile, mais se félicite que l’expérience ait été à la fois enrichissante et fascinante sur tous les plans : linguistique, artistique et personnel. Et le rêve continue pour le fils de la Colombe Blanche dans le Royaume de la Tulipe.


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