Marc Marquez a le temps pour lui

Le plus jeune quintuple champion, Marquez vient d'égaler l'Australien Mick Doohan, qui le juge purement et simplement extraordinaire


Mercredi 24 Octobre 2018

Sacré dimanche au Japon pour la cinquième fois champion du monde de MotoGP à seulement 25 ans, l'Espagnol Marc Marquez semble avoir le temps pour lui dans sa quête des principaux records de son sport.
Le plus jeune champion de l'histoire de la catégorie reine, doté d'un talent hors normes depuis ses débuts sur deux roues à quatre ans, possède déjà la plupart de ceux de précocité.
Plus jeune quintuple champion, il vient d'égaler l'Australien Mick Doohan, qui le juge "purement et simplement extraordinaire". Seuls les Italiens Valentino Rossi et Giacomo Agostini le devancent encore avec respectivement sept et huit couronnes dans l'élite de la moto de vitesse.
Celui des pole-positions dans la catégorie reine, appartenant à Doohan (58), n'en a plus pour très longtemps a priori puisque Marquez en compte déjà 50.
Les 89 victoires et 196 podiums de Rossi sont évidemment dans un coin de sa tête.
Et les treize titres de son compatriote Angel Nieto (six en 50 cc et sept en 125 cc) sont également en ligne de mire.
Marquez a aussi été sacré en Moto3 en 2010 puis en Moto2 deux ans plus tard.
Au vu de son immense talent, les quinze titres toutes catégories confondues de la légende italienne Giacomo Agostini, réputés inatteignables, le sont-ils vraiment ?
"Marquez est unique et, à ce jour, il est le meilleur", assure l'Espagnol Alex Crivillé.
"Son horizon est sans limite, il pourrait même rêver du record d'Agostini", affirme le champion du monde 1999.
Toutefois Agostini comme Nieto disputaient deux catégories en parallèle, ce qui leur a permis de bâtir leur fantastique palmarès plus rapidement.
"Marquez est si jeune que s'il continue comme ça, il peut y arriver", pense "Ago" lui-même, sacré sept fois en 350 cc et huit fois en 500 cc entre 1966 et 1975.
"Il est difficile de faire des comparaisons entre les époques, chaque champion est différent", juge la légende italienne de 76 ans.
Marquez bénéficie de pneumatiques plus larges, de circuits plus sûrs et de combinaisons munies d'un airbag intégré.
Cela lui permet de piloter toujours à la limite, ce qui provoque beaucoup de chutes, malgré une ribambelle de sauvetages spectaculaires qui ont bâti sa réputation.
Le natif de Cervera s'était promis l'an passé de finir moins souvent au sol en 2018, lui qui était le deuxième pilote le plus souvent dans ce cas, avec 27 culbutes.
On ne peut pas vraiment dire qu'il y soit parvenu.
Cette saison, il en est certes actuellement à seulement 18 rencontres rapprochées avec l'asphalte mais cela fait de lui le leader dans ce domaine.
En comparaison, chez Yamaha, Maverick Vinales n'est tombé qu'à deux reprises et Rossi cinq fois.
Marquez exclut de changer de style de pilotage ou de devenir plus prudent, que ce soit à l'entraînement ou en course.
"On continue toujours à cent pour cent", aime-t-il souvent répéter.
"Cela me permet de prendre mes repères pour, une fois en course, savoir quelles sont les limites à ne pas franchir", indique-t-il au sujet de cette stratégie terriblement efficace.
Depuis sa lourde chute en Malaisie en 2011, il a été épargné par les gros pépins.
"C'est très bien qu'il n'ait pas eu de blessures graves pour l'instant", assure Freddie Spencer, titré en 1983 et 1985 dans la catégorie reine.
"Je ne sais pas s'il a une limite", explique l'Américain, dont la carrière a été abrégée par des problèmes physiques.
"Il y a deux facteurs inconnus, c'est combien de temps dureront sa motivation et sa chance", souligne-t-il.
En ce qui concerne l'émulation interne chez Honda, son équipier Dani Pedrosa, qui ne représentait plus depuis longtemps un rival, va partir à la retraite et la saison 2019 verra une cohabitation potentiellement explosive avec son compatriote Jorge Lorenzo, à qui Marquez n'a pas hésité à fermer la porte en Aragon.
Son attitude supposée dangereuse en piste a rendu sa relation avec Rossi acrimonieuse et lui vaut de recevoir huées et sifflets de la part des nombreux fans de "Vale".
Celui-ci, dont le dernier titre remonte à 2009, devrait prendre sa retraite fin 2020, laissant la place de taulier incontesté à Marquez.
Vinales, annoncé comme un concurrent redoutable, est pour l'instant un pétard mouillé.
Un très hypothétique retour de l'Australien Casey Stoner, titré en 2007 et 2011, est évoqué pour relever l'adversité.
Peut-être à moyen terme faut-il regarder du côté des jeunes loups comme les Espagnols Aron Canet, Joan Mir, Alex Rins et Jorge Martin ou les Italiens Franco Morbidelli, Francesco Bagnaia, Marco Bezzecchi et Fabio Di Giannantonio.
Son jeune frère Alex, âgé de 22 ans, qui évoluera toujours en Moto2 l'an prochain et avec qui il vit toujours chez ses parents, est lui encore trop tendre.


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