“Missa” : L'absurde dévoilé



Liz Cheney, la républicaine qui ose défier Trump


Libé
Lundi 13 Juin 2022

Liz Cheney, la républicaine qui ose défier Trump

L'élue républicaine Liz Cheney, qui a livré jeudi un plaidoyer implacable sur la responsabilité de Donald Trump dans l'assaut du Capitole et alerté ses collègues sur le "déshonneur" qu'ils risquaient en soutenant coûte que coûte l'ancien président, a pris la tête d'une bataille acharnée mais très solitaire contre le milliardaire.

L'élue de 55 ans, qui co-préside la commission parlementaire enquêtant sur les événements du 6 janvier 2021, a placé jeudi soir Donald Trump au cœur d'une "tentative de coup d'Etat" visant à renverser la présidentielle de 2020.
 

Ce soir, je dis ceci à mes collègues républicains qui défendent l'indéfendable: le jour viendra où Donald Trump partira, mais votre déshonneur subsistera

Mais la parlementaire a surtout marqué les esprits par ses mots très durs adressés aux conservateurs qui continuent à suivre aveuglément Donald Trump dans sa croisade contre de supposées élections "volées".

"Ce soir, je dis ceci à mes collègues républicains qui défendent l'indéfendable: le jour viendra où Donald Trump partira, mais votre déshonneur subsistera", a-t-elle lancé, le ton grave.

"Dans notre pays, nous ne prêtons pas serment à un individu ni à un parti politique", a renchéri l'élue, signalant que la "défense de la Constitution américaine" méritait de mettre en péril sa carrière politique.

Car dans sa croisade contre le nationalisme exacerbé et la rhétorique populiste qui a porté l'ex-président au pouvoir, Liz Cheney est bien seule.

Un an et demi après avoir été chassé du pouvoir, Donald Trump conserve une poigne de fer sur le parti républicain, qui a récemment qualifié les manifestations du 6 janvier d'"expression politique légitime" et sanctionné Liz Cheney pour sa participation à l'enquête.

"Les membres de l'élite conservatrice qui possèdent encore une certaine forme de lucidité savent que Liz Cheney a raison", jugeait vendredi le commentateur républicain Bill Kristol. "Mais ils ne peuvent pas prendre position contre le nouvel establishment (...) dont ils veulent désespérément faire partie", a-t-il affirmé sur Twitter.

Un seul autre conservateur, l'élu Adam Kinzinger, pas candidat à sa réelection, a accepté de siéger dans cette commission. Tous deux sont affublés par leurs collègues du surnom très péjoratif de "RINOs" ("qui n'ont de républicain que le nom").

Liz Cheney, héritière d'une droite traditionaliste, un temps anti-mariage pour tous malgré une soeur lesbienne, n'a pourtant en rien renié ses positions très conservatrices, notamment sur le plan économique.

Mais pour les soutiens de Donald Trump, elle représente le "marigot" de Washington dénoncé par l'ex-président, qui fustige des responsables politiques carriéristes auxquels les militants ne s'identifient plus.

La parlementaire, issue d'une famille au long passé politique, a souvent été vue au côté de son père Dick Cheney, élu du Wyoming de 1979 à 1989, avant de devenir ministre de la Défense de George H. W. Bush, puis vice-président de George W. Bush.

Diplômée en droit de l'Université de Chicago, elle a intégré la banque Société financière internationale avant d'occuper plusieurs postes au département d'Etat, notamment sur le Proche-Orient.

Mariée à Philip Perry, avocat dans un célèbre cabinet de Washington, cette mère de cinq enfants avait tenté sa chance pour un siège au Sénat en 2014, avant de prendre en 2016 le siège de son père à la Chambre.

Au Congrès, Liz Cheney représente le Wyoming, l'Etat le moins peuplé du pays, connu pour ses grandes plaines, ses cow-boys... et pour avoir voté à 70% pour Donald Trump en 2020, le meilleur score du républicain dans le pays.

En février 2021, l'antenne locale du parti républicain avait réclammé la démission de Liz Cheney après qu'elle eut jugé l'ancien locataire de la Maison Blanche "coupable" à l'issue de son second procès en destitution, après l'assaut du Capitole.

Depuis, cette femme blonde à lunettes, candidate à sa réélection mi-août, limite au strict minimum ses apparitions dans cet Etat. Donald Trump, qui ne ménage par le moindre coup contre l'élue "déloyale et belliciste" a jeté toutes ses forces derrière son opposante Harriet Hageman, auprès de qui il est personnellement allé faire campagne fin-mai.

Cette élection, sorte de nouveau référendum sur l'influence du milliardaire... mais aussi sur l'avenir politique de Liz Cheney, sera l'une des plus scrutées des législatives de mi-mandat.



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