“Les moissonneurs”, portrait d'une société qui lutte pour rester en vie


Mercredi 19 Décembre 2018

“Les moissonneurs”, portrait d'une société qui lutte pour rester en vie
C'est dans une salle comble et entièrement conquise qu'ont retenti les applaudissements du public au moment du générique du film sud-africain "Les moissonneurs", présenté lundi soir dans le cadre de la compétition officielle du 21è Festival du cinéma africain de Khouribga (FCAK).
Cette oeuvre d'Etienne Kallos retrace l'histoire d'une famille de fermiers afrikaners, communauté blanche d'Afrique du Sud, qui vit en autarcie au milieu de terres fertiles mais dans un environnement hostile, mystérieux et sauvage. Hantée par la peur d'être tuée comme d'autres fermiers Afrikaners auparavant, la famille décide de rester solidaire avec sa communauté bien que cette union la mette en péril.
Très pieuse, la mère décide de prendre en main Pieter, un jeune junkie orphelin, en dépit de la réticence de son mari. Elle demande à Janno, son fils à l'éducation religieuse axée sur les valeurs d'appartenance familiale, d'accepter ce nouveau venu comme son frère et de lui ouvrir son coeur.
L'arrivée de cet élément perturbateur bouleversera le quotidien de Janno qui sentira sa place dans la famille compromise et son héritage menacé. Frêle et réservé, l'adolescent est aux antipodes de son nouveau frère qui a été livré à lui-même dès le plus jeune âge. Les trajectoires littéralement opposées des jeunes hommes en pleine construction identitaire ne les empêchent pourtant pas de dégager une mélancolie similaire.
Cette mélancolie est d'autant plus amplifiée par Etienne Kallos qui multiplie les prises sombres en intérieur et brumeuses en extérieur, une alternance entre plans rapprochés et plans larges, qui exploitent parfaitement l'immensité du Free State (ndlr: province sud-africaine) et ses champs de maïs.
La mise en scène précise et la musique remarquable rendent facile l'immersion dans l'univers de ce drame psychologique où passion, haine, jalousie et lutte pour l'amour parental sont les maîtres-mots.
Ce long-métrage à suspense, présenté pour la première fois en Afrique, dresse le portrait d'une société assez sombre et réussi le pari de tenir en haleine le spectateur tout au long de ses 106 minutes.
S'exprimant avant le début de la projection, Etienne Kallos s'est dit heureux de l'accueil chaleureux qu'il a reçu à Khouribga, précisant que ce film reflète une réalité parmi les nombreuses réalités qui composent l'Afrique du Sud.
Réalisateur et scénariste sud-africain de parents grecs, Etienne Kallos a fait ses études de cinéma à l'université de New-York. Il a présenté "Les moissonneurs", son premier long-métrage, dans la sélection "Un certain regard" du 71ème Festival de Cannes. Au 21ème Festival du cinéma africain de Khouribga, ce film sera en compétition avec 14 autres productions pour tenter de décrocher le Grand prix ''Ousmane Sembène''.

 


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