« Les cœurs brûlés » de Ahmed Maânouni projeté à New York


PAR ABDESLAM EL KHATiB
Samedi 9 Octobre 2010

«Les cœurs brûlés », long-métrage du réalisateur Ahmed Maânouni, est programmé en ouverture du premier Festival du film marocain, prévu les 29 et 30 octobre à New York. Une preuve de plus  que le cinéma marocain se porte bien et ce, de l'avis de tous, Marocains et étrangers.
Ahmed Maânouni, très connu pour son film « Al Hal » (Transe) avait quelque peu déserté la scène à l'instar de nombreux cinéastes que l’état du 7ème Art au Maroc ne satisfaisait plus.
Maintenant que les choses changent et que l'intérêt devient de plus en plus grandissant, certains cinéastes qui avaient pourtant complètement  disparu, refont leur apparition.
Ahmed Maânouni  en fait partie et le témoignage d'un très grand monsieur du cinéma, en l'occurrence Martin Scorcese qui n'en finit pas de louer les vieilles chansons de Nass El Ghiwane qui l'ont, semble-t-il, inspiré et dont il a utilisé certains morceaux dans l'un de ses films, a été, peut-être, pour beaucoup dans son retour.
Mais disons que le naturel revient toujours au galop. Maânouni est un cinéaste et il ne pouvait pas rester à l'écart.
« Les cœurs brûlés », son dernier film qui a obtenu le grand Prix du Festival national du film à Tanger, en dit long sur sa maîtrise et son savoir-faire. Aussi, ses convictions et ses idées l'ont toujours guidé et aidé à tracer sa voie. Une voie qui pourrait sembler particulière.
Cette méthode, si l'on peut dire, on la retrouve dans « Transe » et c'est, à coup sûr, grâce à cela que ce film documentaire a eu le succès qu'on connaît.
« Les cœurs brûlés » est une sorte d'autobiographie qui raconte l'enfance d'un jeune qui avait toujours vécu avec son oncle et qui, de ce fait, n'était jamais parvenu à s'affirmer car pour l'oncle, tous les moyens étaient bons pour amasser de l'argent et grignoter du pouvoir quitte à exploiter son propre neveu. L'étonnant dans l'histoire, c'est qu'une grande partie du film est tournée  en noir et blanc. C'est à Fès que se déroulent les péripéties de l'histoire sachant que Maânouni est originaire de Casablanca. Mais c'est dans les ruelles de Fès que se promènent la mémoire et les souvenirs du héros (Amine), revenu au bercail après la mort de son oncle. Les souvenirs se chevauchent et avec eux, les interrogations et les questions existentielles.
Et c'est après la mort de l'oncle qu'on retrouve la couleur comme pour signifier la libération de l'âme de Amine. Mais c'était peine perdue. Les souvenirs sont vivaces et ni la bonne situation sociale de Amine, ni la disparition de son oncle n'y font. Au lieu donc de pousser un ouf de soulagement, c'est au contraire un processus d'interrogations qui commence et fait toujours ressortir les mauvais souvenirs d'enfance. En fait, Amine avait tout simplement besoin de se retrouver sur le plan spirituel. C'est grâce à son professeur qu'il va tenter de trouver des réponses à ses questions. Une rencontre qui lui a ouvert les voies du spirituel, là où il a la chance de trouver des réponses, en d'autres termes, le miroir.
Le dialogue du film est en arabe dialectal. Un dialogue qui a été révisé par le grand poète et parolier Ahmed Tayeb Laâlej qui lui a donné de la consistance et la symbolique recherchées.
Sans vouloir verser dans la comparaison, ce film ressemble un peu à « Transe » dans la mesure où le spirituel est non seulement présent mais constitue la trame du film qui a quand même réussi à révéler les dualités dans le sens philosophique du terme, tout en nous invitant à en cerner quelques-unes.  


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