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Le dirham fait sa mue : La flexibilité du taux de change n’entraînera pas de dévaluation, assure le wali de BAM

Jeudi 22 Juin 2017

Abdellatif Jouahri était très attendu mardi 20 juin à Rabat. Et pour cause, le  wali de  Bank Al-Maghrib devait animer une rencontre  sur les décisions du Conseil de la banque centrale en matière de conduite de la politique monétaire.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rencontre a pris des allures de mise au point, à l'approche de la mise en œuvre de la flexibilité du régime de change. L’occasion pour Abdellatif Jouahri d’assurer l’opinion publique sur bien de points.
Le premier: le passage au régime de change flottant n’entraînera pas de dévaluation du dirham. Sur ce point, le wali n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger les spéculations qui ont fait florès à ce propos.
Il s’en est pris aux banques commerciales qui spéculent actuellement sur une dévaluation du dirham et qui y ont tablé en y préparant leurs troupes, promettant, au passage, des contrôles voire des sanctions.
Le deuxième point : la date de la flexibilisation des changes sera annoncée fin juin.
A noter que cette  rencontre a eu lieu à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle de l’année du Conseil de Bank Al-Maghrib qui a examiné et approuvé le Rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays ainsi que sur les activités de la banque au titre de l’exercice 2016. Par la même occasion, il a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les prévisions macroéconomiques établies par la banque pour les huit prochains trimestres, entre autres.
Ainsi, et c’est le troisième point, sur la base de ces analyses, le Conseil de Bank Al-Maghrib a jugé que le niveau actuel de 2,25% du taux directeur reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé.
Au cours de sa réunion, le Conseil a aussi noté que l’inflation est réduite à 0,3% en avril après 1,3% en moyenne au premier trimestre, résultant essentiellement d’une forte baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils.
« Sur l’ensemble de l’année 2017, elle ressortirait à 0,9% en moyenne avant de s’accélérer à 1,6% en 2018. Sa composante sous-jacente devrait augmenter à 1,6% en 2017 et atteindre 1,9% en 2018, sous l’effet de l’amélioration de la demande intérieure et de la hausse de l’inflation chez les principaux partenaires », a-t-il relevé.
En ce qui concerne la croissance économique, il ressort des prévisions de Bank Al-Maghrib qu’elle devrait s’accélérer à 4,4% en 2017, après s’être limitée à 1,2% en 2016.  « Portée par un rebond de la production céréalière, estimée par le Département de l’agriculture à 102 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole marquerait une hausse de 13,4%, tandis que le rythme du PIB non agricole s’améliorerait de 3,1% à 3,3% », a indiqué la BM.
Toujours selon le Conseil, la reprise des activités non agricoles devrait se poursuivre en 2018,  avec une croissance de 3,6% et « sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne, la valeur ajoutée agricole enregistrerait un léger recul de 0,9%, la croissance globale devant ainsi revenir à 3,1% ».
A propos de la situation du marché de travail, le Conseil a relevé que la population active a enregistré au premier trimestre 2017 un accroissement annuel net de 172 mille demandeurs d’emplois et le taux d’activité s’est quasiment stabilisé à 47,5%.
En parallèle, a-t-il souligné, l’économie nationale a créé 109 mille postes dont 45 mille au niveau des services et 28 mille dans l’agriculture. Ainsi, a-t-il  soutenu, « le taux de chômage a ainsi augmenté de 0,3 point à 10,7% au niveau national et de 0,7 point à 15,7% en milieu urbain ».
Pour ce qui est des comptes extérieurs, le Conseil a souligné que le déficit commercial des biens  s’est creusé en glissement annuel de 9,1 milliards de dirhams sur les cinq premiers mois de l’année.
L’importante hausse de la facture énergétique et, dans une moindre mesure, de la poursuite du rythme élevé des acquisitions de biens d’équipement seraient les causes essentielles du déficit, a expliqué BAM.
S’agissant des recettes de voyages et des transferts des MRE, il a été constaté que ceux-ci  se sont quasiment stabilisés, alors que les entrées au titre d’IDE ont affiché une progression de 4,2%.
L’autre information est que la prévision des réserves de change a été revue à la baisse, a indiqué le Conseil soulignant que « celles-ci devraient assurer la couverture de 6 mois d’importations de biens et services au terme de 2017 et rester proche de ce niveau à fin 2018 ».
Sur le plan monétaire, il en résulte que le taux de change effectif réel s’est quasiment stabilisé au cours du premier trimestre et ne devrait pas connaître de variation importante à moyen terme.
De son côté, le crédit bancaire au secteur non financier a enregistré une augmentation de 3,2% à fin avril. Sa progression passerait de 3,9% en 2016 à 4,5% au terme de 2017 et à 5% à fin 2018, si l’on tient compte notamment de l’amélioration prévue de l’activité non agricole, a précisé la banque centrale.
Ajoutant que le Conseil s’est également exprimé sur les finances publiques indiquant que le déficit budgétaire s’est allégé de 9,9 milliards à fin avril par rapport à la même période de 2016 ; les dépenses globales ont connu un léger alourdissement de 0,4% alors que les recettes ordinaires ont augmenté de 4,5%.
Enfin, la banque centrale a estimé qu’«à moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre, le déficit devant, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, s’alléger à 3,6% du PIB au terme de 2017 et à 3,4% en 2018 ».

Repères

Régime de change fixe
Dans un régime de change fixe comme celui auquel il va être mis fin au Maroc, le cours d’une devise est fixé par rapport à un étalon - souvent une monnaie ou un panier de monnaies- par la banque centrale qui émet cette devise.
Régime de change flottant
Dans un régime de change flexible (ou flottant), à l'inverse, aucun engagement n'est pris au sujet du taux de change, qui évolue librement, en fonction de l'offre et de la demande sur le marché des changes.
Il existe de même plusieurs formes de régimes de change flottant, depuis le régime « pur » dans lequel seul le marché définit l’équilibre, jusqu’au régime de flottement administré dans lequel les banques centrales interviennent de façon coordonnée pour informer le marché des taux de change souhaités. Ce qui est notamment le cas de la Chine.
Convertibilité
La convertibilité est la possibilité pour une monnaie d’être librement échangée contre une autre monnaie.
Il ne faut cependant pas confondre la convertibilité d’une monnaie avec le régime de change mis en place. En d’autres termes, la libre convertibilité n’est pas synonyme d’un régime de change flottant. Ainsi le Brésil ou l’Inde qui ont opté pour un régime de change flottant limitent tout de même la convertibilité respective du real brésilien et de la roupie indienne.

Alain Bouithy

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