Le Liban interdit deux films, dont le dernier de Spielberg


Mercredi 17 Janvier 2018

Les autorités libanaises ont interdit la diffusion de deux films, dont The Post du réalisateur Steven Spielberg, en accord avec le boycott par Beyrouth de tout produit en lien avec Israël, a indiqué un responsable. M. Spielberg figure sur la liste noire du Bureau central de boycottage de la Ligue arabe, pour avoir donné un million de dollars à Israël pendant la guerre de 2006 entre l'Etat hébreu et le Hezbollah au Liban, a expliqué ce responsable de la Sûreté générale libanaise. The Post a été interdit en raison de cette liste "respectée par le Liban", qui est techniquement en guerre avec Israël, a-t-il précisé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
La Sûreté générale est chargée de gérer la censure des films, des livres et des pièces de théâtre, notamment sur la base du respect des mœurs, ou la délicate question des liens d'une œuvre artistique avec Israël. The Post réunit à l'affiche Meryl Streep et Tom Hanks. Il revient sur la publication inédite en 1971 par le Washington Post de documents du Pentagone, exposant les mensonges des Etats-Unis en lien avec la guerre du Vietnam. Un autre film, la production australienne Jungle, a vu en outre sa licence retirée après deux semaines de diffusion dans les salles au Liban, a précisé le responsable. L'œuvre raconte le périple tragique de l'aventurier Yossi Ghinsberg, égaré dans la forêt amazonienne en Bolivie en 1981 et incarné à l'écran par Daniel Radcliffe. "Il y a eu des protestations qui nous ont poussés à le retirer des salles pour éviter tout problème", a précisé le responsable. Le film a été critiqué par la "Campagne pour le boycott des soutiens d'Israël au Liban", un groupe hostile à la diffusion du film car il est adapté d'un roman israélien qui raconte l'histoire vraie d'un baroudeur de la marine israélienne.
Les produits israéliens sont interdits au Liban, les ressortissants libanais n'ont pas le droit de se rendre en Israël et les productions artistiques perçues comme donnant une image positive de l'Etat hébreu provoquent toujours des débats houleux. En juin 2017, Beyrouth avait interdit la diffusion du film américain Wonder Woman, incarné par l'actrice israélienne Gal Gadot. Plus récemment en septembre, le réalisateur franco-libanais Ziad Doueiri avait eu des démêlés avec la justice pour des scènes de son film «L'Attentat» tournées en Israël avec des acteurs israéliens. Et avant même sa sortie, un nouveau film américain provoque la colère des Libanais. "Beirut" raconte l'histoire d'un diplomate américain, appelé en 1982 par la CIA à se rendre dans la capitale libanaise en pleine guerre civile, pour jouer les négociateurs avec un groupe armé. Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs se sont indignés après avoir vu la bande annonce, critiquant le manque d'authenticité d'un film qui n'a pas été tourné au Liban, avec des acteurs qui n'ont apparemment pas d'accent libanais, et une ville qui ne ressemble en rien à Beyrouth. Des accusations reprises par le ministre de la Culture Ghattas Khoury, pour qui "il est clair que l'intention de l'oeuvre est de nuire à Beyrouth et à ses habitants". Le film doit sortir aux Etats-Unis le 13 avril, date d'anniversaire du début de la guerre civile libanaise qui a pris fin en 1990.


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