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Le HCP annonce le début des années de vaches maigres

La prévision du HCP concernant le taux de croissance prévu pour 2016 rejoint celle du Centre marocain de conjoncture (CMC)

Vendredi 29 Janvier 2016

Le leitmotiv et les maîtres-mots du Haut-commissaire au plan ont été sans équivoque : le Maroc risque de connaître une période de vaches maigres due principalement à la campagne 2015-2016 qui menace de figurer parmi les années les plus sèches qu’ait connues le Royaume.
Effet domino : l'économie nationale devrait croître de  1,3 % en 2016, en raison de la  faible contribution des activités non-agricoles également…D’où le message d’alerte d’Ahmed Lahlimi Alami adressé au gouvernement Benkirane, en général, et au ministre de l’Agriculture, Aziz Akhennouch, de façon particulière : affronter 2016 s’impose à plus d’un titre, sachant que 2017 devra être encore plus difficile et ce, même si les conditions climatiques sont appropriées.
Le La a, ainsi, été donné lors d'une récente conférence de presse sur l'évolution de l'économie nationale en  2015 et ses perspectives pour 2016 organisée par le Haut-commissariat au Plan (HCP).
Au-delà du constat, M. Lahlimi a eu le mérite de formuler quelques inquiétudes sur les menaces sérieuses que la conjoncture agricole fait peser, dans l’immédiat, sur l’état du cheptel et de l’emploi, du revenu et des conditions de vie des populations rurales ainsi que sur les ressources hydrauliques qui, sauf retournement exceptionnel de la donne climatique, devraient induire de réelles tensions. «Il semblerait, à cet égard, raisonnable que, dans ce contexte, notre pays s’inscrive, au-delà de la donne climatique de 2016, dans la perspective de l’année 2017», a-t-il affirmé, précisant que pour relancer la production agricole et l’activité dans le monde rural au cours de  cette année, voire celles qui la suivront, devrait susciter des inflexions sérieuses de la politique économique, financière et monétaire, autant qu’à la politique sociale et ce, quelle que soit la clémence des conditions climatiques à venir. «Ces conditions, telles qu’en augure le début de 2016, sont par ailleurs porteuses d’un contexte social où la problématique de la pauvreté et des inégalités sociales et territoriales devrait se poser avec une nouvelle acuité», a-t-il constaté non sans émoi.
Dans la foulée, le Haut-commissaire au plan n’a pas manqué de renseigner l’assistance sur la pluviométrie qui a, donc, été autant porteuse d’une campagne agricole exceptionnellement bonne en 2015 qu’annonciatrice, en 2016, des épreuves redoutées des années sèches. «Coïncidant singulièrement avec l’apparition du phénomène « d’El Niño », elle décline un profil proche de celui des années 1995 et 2007, tant en termes de niveau que de distribution spatiale et temporelle des précipitations», a-t-il fait ressortir notant que lors de ces deux années, la valeur ajoutée agricole avait connu une baisse de 41% et 20,8% respectivement. Et de souligner les prévisions de son Institution pour 2016 qui porteraient cette baisse à 10,2%, avant de les réviser ultérieurement, dans l’hypothèse d’une amélioration espérée des conditions climatiques pendant les mois de février et mars.
Toujours est-il que M. Lahlimi a fait observer, à juste titre, que le phénomène structurel qui devrait nous interpeller aujourd’hui réside, plutôt, dans la faible croissance du secteur non-agricole. «D'un taux de 4,7% par an, entre 2004 et 2012, son rythme d’évolution est passé à 2% entre 2013 et 2015. Ce ralentissement trouve son origine dans la forte décélération des activités tertiaires qui constituent 66% de la valeur ajoutée non-agricole», a-t-il informé signalant, qu’avec une part de 32% de ces activités, les services financiers, immobiliers et les services rendus aux entreprises, qui renvoient aux branches modernes de l’économie, ont le plus contribué à cette décélération. Et d’ajouter que leur progression est passée de 5,9% en moyenne entre 2004 et 2012 à 1,8% en 2015. Par ailleurs, il a fait également état des services non marchands, subissant les effets de la rigueur budgétaire qui ont, également, manqué de vigueur, après une hausse notable lors de la période 2003-2013.   
Outre le ralentissement des services, précise-t-il, l’activité hors agriculture a été affectée par les faibles performances du secteur secondaire, dominé par les activités traditionnelles, à l'image des industries du textile-habillement et de l'agroalimentaire, dont la part dans le total exporté n'a cessé de baisser, pour atteindre 29% en 2015, au lieu de 40% en 2007.
Et ce n’est pas tout. M. Lahlimi reprend de plus belle en déclarant que les secteurs émergents des métiers mondiaux du Maroc, comme l'automobile et l'aéronautique, dont la production connaît une dynamique remarquable depuis 2010, ont, certes, amélioré le niveau de compétitivité de nos exportations, mais ne parviennent pas à créer un effet d'entraînement sur l’appareil productif et à relever, ainsi, substantiellement la valeur ajoutée du secteur non-agricole.
Et de conclure qu’au total, avec un accroissement de la valeur ajoutée agricole de 14,2% et de la non-agricole de 1,8%, les estimations se dirigent vers une croissance économique globale de 4,4% en 2015, celle prévue d’ailleurs par le HCP en juin dernier. «Quant à nos prévisions pour 2016, la croissance serait de 1,3%. Ce faible niveau de croissance serait la conséquence du repli de l'activité agricole à 12,7%, rejoignant ainsi celui des campagnes agricoles des années sèches, comme il serait la conséquence d’un faible taux de croissance des activités non-agricoles, estimé à +2,2% pour 2016», a relevé M. Lahlimi.
Et il va de soi, que cette prévision du HCP rejoint celle du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui annonçait un taux de croissance de 1,2% prévu pour 2016.
Ceci étant, il a tout de même insisté, en jetant un pavé dans la mare : le Maroc a, certes, bénéficié, en 2015, du reflux des prix mondiaux de l’énergie et des matières premières ; toutefois, la conjoncture économique est restée marquée par les effets persistants des conditions climatiques sur la croissance et par la faible contribution des activités non-agricoles à cette dernière.

Les observations de Lahlimi

Au plan macroéconomique, Ahmed Lahlimi a fait trois observations :
- A côté de l’effort réalisé par le Maroc pour rétablir ses équilibres fondamentaux, la tendance au ralentissement de la demande intérieure qui constitue la principale source de croissance des activités non-agricoles persiste, et ce malgré une maitrise, à des niveaux parmi les plus bas du monde, de l’inflation et une aisance des liquidités monétaires soutenue par une nette reconstitution des réserves de change du pays ;
- La demande extérieure amorce, certes, une timide mais progressive contribution à la croissance. Elle ne saurait, cependant, se départir de son caractère conjoncturel tant que notre offre exportable ne gagne en diversification, en croissance et en compétitivité. Ce qui renvoie à la problématique du ralentissement tendanciel de l’activité non-agricole et au faible effet d’entraînement, déjà noté, des industries émergentes sur leur environnement productif ;
- Alors que le rôle de l’investissement s’érige, plus que jamais, en facteur stratégique, pour une amélioration durable de la croissance et de l’emploi, l’atténuation du déficit budgétaire se réalise par un relâchement de l’effort de l’investissement public sans que le capital privé ne prenne significativement le relais, ni qu’une politique monétaire, confortée par une situation internationale favorable, n’apporte sa souhaitable contribution à la redynamisation de l’activité non-agricole.
 

Meyssoune Belmaza

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