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La pièce a attiré de très nombreux spectateurs, y compris le roi Abdallah II et son épouse la reine Rania : La Jordanie se presse au théâtre pour rire des despotes arabes


AFP
Samedi 7 Avril 2012

La pièce a attiré de très nombreux spectateurs, y compris le roi Abdallah II et son épouse la reine Rania : La Jordanie se presse au théâtre pour rire des despotes arabes
Une parodie politique fait salle comble à Amman semaine après semaine, permettant aux Jordaniens d'abandonner leur réserve naturelle pour rire aux éclats des despotes arabes contestés pendant le Printemps arabe. La pièce qui remplit le théâtre Concorde est baptisée "Maintenant, je vous ai compris". Une allusion aux mots prononcés par le dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali, quelques heures seulement avant qu'une révolte populaire ne l'oblige à quitter son pays et déclenche un séisme sans précédent au Maghreb et au Moyen-Orient.
Le comédien populaire Moussa Hijazin incarne Abou Saqr, un homme qui dirige sa famille d'une main de fer, refusant à sa femme et à ses quatre enfants toute liberté d'expression.
En jouant sur la métaphore de la famille, la pièce parodie les régimes autoritaires du monde arabe. "La pièce est un message aux régimes arabes, leur disant qu'ils doivent tirer les leçons du Printemps arabe (...), écouter leur population (...) avant de perdre le contrôle", explique à l'AFP le scénariste Ahmed Zoubi.
Trapu, keffieh rouge et blanc et moustache épaisse, Abou Saqr, un fonctionnaire, interdit tout à sa famille. "Qu'est-ce que c'est ce discours insensé sur la dignité et la liberté que je ne cesse d'entendre? Où l'avez-vous entendu? C'est terminé, plus de chaînes de télévision par satellite", dit-il à sa femme et ses enfants, au milieu des rires.
_La pièce a attiré de très nombreux spectateurs, y compris le roi Abdallah II et son épouse la reine Rania, de même que des responsables gouvernementaux, qui ont été vus se délecter de son humour satirique. "Sa majesté a assisté à la pièce et ri aux éclats. Il nous a dit: +Je vous soutiens et je suis heureux+", déclare M. Hijazin à l'AFP. Certains sont sensibles au message de la pièce. "C'est la première fois que je vois un travail aussi sérieux en Jordanie. La pièce est franche et directe. Elle évoque nombre de nos préoccupations", affirme Abdallah Omar, 30 ans. Dictateur dans sa famille, Abou Saqr n'en est pas moins sévère avec le régime, critiquant tout ou presque, de la lenteur des réformes à la corruption, lors d'une visite de son frère qui vit au Canada. "Notre gouvernement devrait être envoyé en prison", dit-il, pointant du doigt le copinage dans l'attribution des ministères.
Le Printemps arabe s'est traduit en Jordanie par des manifestations régulières dénonçant la corruption et réclamant des réformes. Lors d'une scène relatant un remaniement, le ministre de l'Intérieur prête serment de loyauté à la nation. "Sauf le vendredi", ironise Abou Saqr, en allusion à la répression meurtrière des manifestations organisées dans nombre de pays le vendredi, à l'issue de la prière hebdomadaire.
Mais Abou Saqr finit un jour par se retrouver avec une manifestation à l'intérieur même de sa maison. "Dehors. Nous voulons retrouver notre liberté", lit-on sur une bannière brandie par ses fils. "Où dois-je aller? A Charm el-Cheikh ou Djeddah?", leur demande-t-il, dans une allusion à la station balnéaire égyptienne, où s'est installé l'ex-président égyptien Hosni Moubarak après sa démission et à la ville saoudienne où le Tunisien Ben Ali a trouvé refuge. "Ecoutez-moi, j'ai une proposition. Vous pouvez dorénavant regarder la télévision pendant trois heures et demie par jour et votre mère peut rendre visite à votre grand-mère", promet Abou Saqr dans une vaine tentative de satisfaire leurs demandes.
Le patriarche finira par partir, en reconnaissant tout comme Ben Ali: "Je vous ai compris". "Plusieurs responsables nous ont demandé si nous avions censuré le script. Nous leur avons dit que nous n'avions pas enlevé une seule ligne. Nous essayons de dire aux décideurs du monde arabe qu'ils doivent écouter leur peuple avant qu'il ne soit trop tard", souligne Moussa Hijazin. "Je n'ai pas hésité, ni eu peur quand j'ai écrit le script, affirme pour sa part Ahmed Zoubi, "mais peu importe la façon dont nous sommes audacieux, nous ne pouvons pas être plus audacieux que les millions de personnes qui ont manifesté pour la liberté".


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