La littérature face aux défis et menaces du web

Giorgio Patrizi craint le risque de la banalisation de la langue


Alain Bouithy
Jeudi 1 Novembre 2018

Le professeur Giorgio Patrizi a tenu récemment une conférence au Théâtre du Consulat général d’Italie à Casablanca à laquelle ont pris part de nombreux amoureux de la langue italienne et jeunes amateurs du réseau web.
Professeur de littérature italienne à l'Université de Molise à Campobasso, dans la région du Molise (Italie), Giorgio Patrizi intervenait dans le cadre de la célébration de la 18ème édition de la « Semaine de la langue italienne dans le monde ».
Organisée par le Consulat général d’Italie et la Dante Alighieri, la rencontre n’a pas laissé indifférente l’assistance, en particulier les jeunes qui se sont sentis concernés par le thème, du reste, actuel: « Écritures sans réseau. Langue et littérature vers le web ».
Dans un ton à la fois grave et pédagogique, l’universitaire et critique littéraire a d’emblée rappelé la longue et riche histoire de la langue italienne à travers des siècles et son formidable apport dans la construction de la vie culturelle européenne. Avant de décortiquer, de fond en comble, la thématique du jour.
« La littérature italienne a une tradition circulaire très importante qui a été au centre de la vie culturelle européenne durant des siècles. Elle a su préserver la force de sa tradition jusqu’au 20ème siècle et est même parvenue à se renouveler », a-t-il déclaré.
Cependant, même si elle n’a rien perdu de sa superbe et de sa richesse, Giorgio Patrizi pense que la littérature italienne se trouve aujourd’hui confrontée aux problèmes inhérents au web. Il craint notamment le risque de la simplification de la langue et de l’approximatif très courants dans le réseau Internet.
Elle serait ainsi confrontée à un défi : trouver de nouveaux langages pour exister dans ce réseau sans être absorbée ou perdre son âme, tout en continuant de produire des connaissances.
Bien que le réseau soit sujet à plusieurs abus du fait de l’absence de contrôle, Giorgio Patrizi concède toutefois une qualité importante au web : « Il offre l’opportunité à tout le monde de s’exprimer, quand bien même vous ne disposez pas de moyen économique de publier un livre ou un recueil de poésie », a-t-il affirmé.
« Je suis très admiratif et impressionné par la qualité des questions que l’on m’a posées au cours de cette soirée. Cela montre que les élèves présents à cette rencontre connaissent bien les problèmes  de la littérature italienne que je devais évoquer au cours de cette soirée. J’ai surtout beaucoup apprécié leur capacité à souligner le problème moral
et éthique à la base de l’étude
littéraire. »
Sur le travail à faire pour préserver la littérature italienne de la menace du web, « nous devons nous protéger de l’invasion des textes venant par le truchement du web et surtout maintenir une attitude critique envers ceux-ci. Quant aux jeunes, il faut absolument attirer leur attention à l’école et à l’université en leur prodiguant des conseils, notamment lors des colloques auxquels ils participent», a-t-il expliqué.
Célébrée au cours de la deuxième moitié d’octobre de chaque année, «la Semaine de la langue italienne dans le monde propose chaque année un thème différent autour duquel sont organisées plusieurs activités », a indiqué la présidente de l'Association culturelle Dante Alighieri, Marina Sganga Menjour, soulignant que le thème de cette année portait sur : « L'italien et le réseau, les réseaux pour l'italien ».


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