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Trop de pénalités, trop de prolongations, des techniques désormais interdites... Avant ces JO, les critiques envers l'arbitrage du judo prolifèrent, certains allant jusqu'à estimer qu'il est devenu "un sport de non-combat".
"C'est scandaleux ce qu'ils ont fait à notre discipline, ça perd tout son sens, c'est pratiquement un sport de non-combat maintenant": Patrick Vial, médaillé de bronze aux JO-1976 de Montréal et ancien arbitre international, fustige auprès de l'AFP la direction prise par le judo.
Ce sport serait devenu "trop tactique". Comprendre, un judo où on ne gagne plus forcément par ippon, en faisant tomber l'adversaire sur le dos avec force, vitesse et contrôle, mais en provoquant les pénalités pour l'adversaire.
En 2023, seulement 57% des combats ont été gagnés par ippon, selon des statistiques de la fédération européenne. Les autres l'ont été à 22% par sogo-gachi (un waza-ari à zéro) et à 19% par hansokumake: disqualification après trois pénalités - et 2% sur non-présentation.
"C'est assez effrayant. C'est pratiquement le seul sport où on perd par punition", réagit Patrick Vial.
Ces dernières décennies, sous la présidence de Marius Vizer depuis 2007, le règlement de la fédération internationale a fortement évolué.
Le comptage des points d'abord: exit les petits avantages koka et yuko, seuls restent le ippon, qui vaut victoire, et le waza-ari, un point (deux waza-ari valent ippon). La durée des combats masculins a été ramenée de cinq à quatre minutes (comme pour les femmes) et les pénalités de quatre à trois. Ces dernières ne permettent plus de gagner un avantage au score, mais la troisième vaut disqualification.
Le but était de "simplifier", selon Daniel Lascau, responsable de l'arbitrage à la FIJ, "rendre le judo compréhensible aux non-judokas". L'autre objectif était de "dynamiser" les combats, qu'ils soient "plus spectaculaires pour le public, les télévisions".
Mais le résultat est, selon Patrick Vial, un appauvrissement technique ("maintenant, la moindre chute sur le côté, c'est waza-ari"), et une "multiplication des prolongations" (25% des combats).
Christophe Massina, entraîneur de l'équipe de France féminine, explique pourquoi ces objectifs tirent à côté: "Le but des athlètes n'est pas d'être spectaculaire, mais de gagner".
"Quand on change les règles, les athlètes cherchent les failles dans le système pour gagner le plus facilement possible", pointe-t-il. "Or on est arrivé à un point où il y a trop de pénalités par rapport aux possibilités de marquer un avantage".
Certaines prises traditionnelles sont aussi devenues interdites. Une évolution "progressive" mais qui "s'est vraiment accélérée ces dernières olympiades", selon Patrick Vial, qui pense que "le patrimoine du judo est amputé d'au moins 30% de ses techniques, on a vidé le judo de sa substance".
Evoquant notamment "les clés debout et les prises aux jambes" prohibées, il offre une comparaison frappante: "C'est comme si en boxe, on supprimait les uppercuts".
La lumière viendra peut-être du Japon, qui a montré la voie lors de ses derniers Championnats: "Ils ont remis les yuko, pour faire trois valeurs de comptage, ont ajouté une minute sans golden score, sont revenus à la décision de trois arbitres. Résultat, on a retrouvé un spectacle extraordinaire", apprécie Vial.
"Les Japonais ont anticipé, on échange avec eux régulièrement pour proposer des choses", rebondit le président de la fédération française Stéphane Nomis, qui souhaite un "changement de cap complet" pour revenir à "un judo plus traditionnel".
Pour Marius Vizer en revanche, la solution n'est pas "un retour vers le passé", explique-t-il à l'AFP: "Nous respectons la culture, la tradition du judo, mais nous devons adapter notre sport à la société moderne". A l'automne, la situation sera "réévaluée", promet-il, assurant avoir déjà "des idées pour rendre le judo plus spectaculaire".
En attendant, si elle reconnaît que "le judo est devenu tactique", la championne olympique française Clarisse Agbegnenou balaie: "Dans mon judo, ce n'est pas ce qui prédomine. A un moment donné, quand je fais tomber sur le dos, il n'y a pas de problème". Ippon, et on n'en parle plus.
"C'est scandaleux ce qu'ils ont fait à notre discipline, ça perd tout son sens, c'est pratiquement un sport de non-combat maintenant": Patrick Vial, médaillé de bronze aux JO-1976 de Montréal et ancien arbitre international, fustige auprès de l'AFP la direction prise par le judo.
Ce sport serait devenu "trop tactique". Comprendre, un judo où on ne gagne plus forcément par ippon, en faisant tomber l'adversaire sur le dos avec force, vitesse et contrôle, mais en provoquant les pénalités pour l'adversaire.
En 2023, seulement 57% des combats ont été gagnés par ippon, selon des statistiques de la fédération européenne. Les autres l'ont été à 22% par sogo-gachi (un waza-ari à zéro) et à 19% par hansokumake: disqualification après trois pénalités - et 2% sur non-présentation.
"C'est assez effrayant. C'est pratiquement le seul sport où on perd par punition", réagit Patrick Vial.
Ces dernières décennies, sous la présidence de Marius Vizer depuis 2007, le règlement de la fédération internationale a fortement évolué.
Le comptage des points d'abord: exit les petits avantages koka et yuko, seuls restent le ippon, qui vaut victoire, et le waza-ari, un point (deux waza-ari valent ippon). La durée des combats masculins a été ramenée de cinq à quatre minutes (comme pour les femmes) et les pénalités de quatre à trois. Ces dernières ne permettent plus de gagner un avantage au score, mais la troisième vaut disqualification.
Le but était de "simplifier", selon Daniel Lascau, responsable de l'arbitrage à la FIJ, "rendre le judo compréhensible aux non-judokas". L'autre objectif était de "dynamiser" les combats, qu'ils soient "plus spectaculaires pour le public, les télévisions".
Mais le résultat est, selon Patrick Vial, un appauvrissement technique ("maintenant, la moindre chute sur le côté, c'est waza-ari"), et une "multiplication des prolongations" (25% des combats).
Christophe Massina, entraîneur de l'équipe de France féminine, explique pourquoi ces objectifs tirent à côté: "Le but des athlètes n'est pas d'être spectaculaire, mais de gagner".
"Quand on change les règles, les athlètes cherchent les failles dans le système pour gagner le plus facilement possible", pointe-t-il. "Or on est arrivé à un point où il y a trop de pénalités par rapport aux possibilités de marquer un avantage".
Certaines prises traditionnelles sont aussi devenues interdites. Une évolution "progressive" mais qui "s'est vraiment accélérée ces dernières olympiades", selon Patrick Vial, qui pense que "le patrimoine du judo est amputé d'au moins 30% de ses techniques, on a vidé le judo de sa substance".
Evoquant notamment "les clés debout et les prises aux jambes" prohibées, il offre une comparaison frappante: "C'est comme si en boxe, on supprimait les uppercuts".
La lumière viendra peut-être du Japon, qui a montré la voie lors de ses derniers Championnats: "Ils ont remis les yuko, pour faire trois valeurs de comptage, ont ajouté une minute sans golden score, sont revenus à la décision de trois arbitres. Résultat, on a retrouvé un spectacle extraordinaire", apprécie Vial.
"Les Japonais ont anticipé, on échange avec eux régulièrement pour proposer des choses", rebondit le président de la fédération française Stéphane Nomis, qui souhaite un "changement de cap complet" pour revenir à "un judo plus traditionnel".
Pour Marius Vizer en revanche, la solution n'est pas "un retour vers le passé", explique-t-il à l'AFP: "Nous respectons la culture, la tradition du judo, mais nous devons adapter notre sport à la société moderne". A l'automne, la situation sera "réévaluée", promet-il, assurant avoir déjà "des idées pour rendre le judo plus spectaculaire".
En attendant, si elle reconnaît que "le judo est devenu tactique", la championne olympique française Clarisse Agbegnenou balaie: "Dans mon judo, ce n'est pas ce qui prédomine. A un moment donné, quand je fais tomber sur le dos, il n'y a pas de problème". Ippon, et on n'en parle plus.