Autres articles
-
Essaouira: Hausse de 6% des nuitées dans les EHTC à fin octobre dernier
-
Le tourisme marocain pulvérise ses records avec 15,9 millions de touristes à fin novembre
-
Maroc : les EHTC enregistrent plus de 24,1 millions de nuitées à fin octobre
-
Ouverture de la 6ème édition du Forum International du Tourisme à Meknès
-
Rabat: les nuitées dans les EHTC en progression de près de 4% à fin septembre
“Apprends à tes enfants et aux miens ce que signifie l’ancienne Shali”, chantent des fillettes aux tenues chamarrées, lors de l’inauguration de la citadelle restaurée de Shali, monument phare de l’oasis de Siwa, à 750 km à l’ouest du Caire. Construite au XIIIe siècle, “Shali” (“Chez moi” en langue siwi), a été érigée par les populations berbères installées dans l’oasis pour parer aux invasions bédouines. Bâtie en “karchif ” —un mélange d’argile, de sel et de pierre opérant comme un isolant naturel dans une région où le climat peut être extrême—, cette dernière est tombée en décrépitude après des pluies diluviennes en 1926. Le projet de restauration, lancé en 2018, entend faire de Siwa une “destination de l’écotourisme” mondial, selon un communiqué du ministère des Antiquités et des donateurs, diffusé le 6 novembre lors de l’inauguration de Shali. Il est financé à hauteur de 540.000 euros par l’Union européenne et mené par l’entreprise cairote Environmental Quality International (EQI) sous l’égide du gouvernement. Longtemps i
Longtemps isolée, l’oasis n’a commencé à accueillir des touristes que dans les années 1980, après la construction en 1984 de la route la reliant au littoral méditerranéen et à la ville de Marsa Matrouh, capitale de l’Ouest. Dotée de palmeraies, de lacs de sel et de vestiges antiques, l’oasis constitue un modèle de tourisme alternatif qui contraste avec les stations balnéaires de la mer Rouge (est) et les grandes étapes des croisières nilotiques —Louxor, Assouan—, conçues pour un tourisme de masse. En 2017, le gouverneur de Marsa Matrouh a déclaré vouloir mettre en valeur cette “destination de tourisme thérapeutique et environnemental”, enregistrée comme réserve naturelle depuis 2002. Baptisés “ecolodges”, la majorité des hôtels y ont misé sur le respect de l’environnement, arborant des jardins potagers luxuriants et des façades en karshif. Mais située à 50 km de la Libye, en proie à la guerre civile, Siwa a pâti des troubles politiques et sécuritaires secouant la région depuis 2011, ainsi que de la crise du coronavirus, qui ont freiné son activité touristique. Depuis 2010, le nombre annuel de visiteurs étrangers a chuté d’environ 20.000 à 3.000, selon Mehdi alHoweiti, directeur de l’Office du tourisme local. Le tourisme domestique ne “compense” que partiellement la baisse, dit-il. “La restauration va nous profiter et amener des touristes (...) Aujourd’hui, je propose mes produits à l’intérieur de Shali”,se réjouit Adam Aboul Kassem, qui vend des objets artisanaux à l’entrée de la forteresse.
Outre la reconstruction d’une partie du dédale et des remparts, le projet mené par EQI comprend la mise à disposition, pour les artisans, d’une petite zone commerciale où vendre leurs productions, calquée sur les marchés traditionnels siwis, ou encore la création d’un musée de l’architecture locale. Ils’agit de “ramenerles habitants de Siwa à leurs origines tout en leur offrant des possibilités d’emploi” et des services, explique Inès al-Moudariss, chargée du projet chez EQI. Erigé en symbole de développement durable, le karchif employé pour les travaux est issu de matériaux récupérés après le déblai des lieux, ajoute-t-elle. Le matériau ancestral, de couleur ocre brun, avait été abandonné par les habitants au profit du béton et du gypse blanc, moins friables, qui dominent aujourd’hui l’oasis d’un peu plus de 30.000 âmes. Certainsreprochent toutefois au projet de restauration d’être éloigné des préoccupations de la population. “Aucun siwi ne se rend à Shali. On y est attachés, mais de loin, comme à un paysage”, affirme M. Howeiti, pour qui il y a d’”autres priorités” à Siwa, dont la rénovation des routes ou le traitement des eaux usées agricoles qui menacent la culture de l’olivier et du palmier dattier, autres piliers de l’économie locale. Fier de ce projet “essentiel”, le ministre des Antiquités et du Tourisme Khaled al-Enany reconnaît notamment l’urgence de relier Siwa au reste du monde. “Nous avons besoin de travailler sur les infrastructures de la région, l’aéroport et les routes surtout”, ditil. Longue de 305 km, la route principale est “délabrée depuis une quinzaine d’années”, causant souvent des accidents mortels, regrette M. Howeiti. L’usage de l’aéroport de Siwa est, lui, restreint aux militaires. “La citadelle n’était pas en danger de s’effondrer. A mon sens, il aurait mieux valu la laisser telle quelle (...) Ces ruines ont une histoire”, renchérit-il.
Longtemps isolée, l’oasis n’a commencé à accueillir des touristes que dans les années 1980, après la construction en 1984 de la route la reliant au littoral méditerranéen et à la ville de Marsa Matrouh, capitale de l’Ouest. Dotée de palmeraies, de lacs de sel et de vestiges antiques, l’oasis constitue un modèle de tourisme alternatif qui contraste avec les stations balnéaires de la mer Rouge (est) et les grandes étapes des croisières nilotiques —Louxor, Assouan—, conçues pour un tourisme de masse. En 2017, le gouverneur de Marsa Matrouh a déclaré vouloir mettre en valeur cette “destination de tourisme thérapeutique et environnemental”, enregistrée comme réserve naturelle depuis 2002. Baptisés “ecolodges”, la majorité des hôtels y ont misé sur le respect de l’environnement, arborant des jardins potagers luxuriants et des façades en karshif. Mais située à 50 km de la Libye, en proie à la guerre civile, Siwa a pâti des troubles politiques et sécuritaires secouant la région depuis 2011, ainsi que de la crise du coronavirus, qui ont freiné son activité touristique. Depuis 2010, le nombre annuel de visiteurs étrangers a chuté d’environ 20.000 à 3.000, selon Mehdi alHoweiti, directeur de l’Office du tourisme local. Le tourisme domestique ne “compense” que partiellement la baisse, dit-il. “La restauration va nous profiter et amener des touristes (...) Aujourd’hui, je propose mes produits à l’intérieur de Shali”,se réjouit Adam Aboul Kassem, qui vend des objets artisanaux à l’entrée de la forteresse.
Outre la reconstruction d’une partie du dédale et des remparts, le projet mené par EQI comprend la mise à disposition, pour les artisans, d’une petite zone commerciale où vendre leurs productions, calquée sur les marchés traditionnels siwis, ou encore la création d’un musée de l’architecture locale. Ils’agit de “ramenerles habitants de Siwa à leurs origines tout en leur offrant des possibilités d’emploi” et des services, explique Inès al-Moudariss, chargée du projet chez EQI. Erigé en symbole de développement durable, le karchif employé pour les travaux est issu de matériaux récupérés après le déblai des lieux, ajoute-t-elle. Le matériau ancestral, de couleur ocre brun, avait été abandonné par les habitants au profit du béton et du gypse blanc, moins friables, qui dominent aujourd’hui l’oasis d’un peu plus de 30.000 âmes. Certainsreprochent toutefois au projet de restauration d’être éloigné des préoccupations de la population. “Aucun siwi ne se rend à Shali. On y est attachés, mais de loin, comme à un paysage”, affirme M. Howeiti, pour qui il y a d’”autres priorités” à Siwa, dont la rénovation des routes ou le traitement des eaux usées agricoles qui menacent la culture de l’olivier et du palmier dattier, autres piliers de l’économie locale. Fier de ce projet “essentiel”, le ministre des Antiquités et du Tourisme Khaled al-Enany reconnaît notamment l’urgence de relier Siwa au reste du monde. “Nous avons besoin de travailler sur les infrastructures de la région, l’aéroport et les routes surtout”, ditil. Longue de 305 km, la route principale est “délabrée depuis une quinzaine d’années”, causant souvent des accidents mortels, regrette M. Howeiti. L’usage de l’aéroport de Siwa est, lui, restreint aux militaires. “La citadelle n’était pas en danger de s’effondrer. A mon sens, il aurait mieux valu la laisser telle quelle (...) Ces ruines ont une histoire”, renchérit-il.