Downsizing : Un beau conte humaniste avec Matt Damon et Christoph Waltz

Une comédie de science-fiction à couleur philosophique


M.O.
Jeudi 11 Janvier 2018

Tête de pont du cinéma indépendant américain, Alexander Payne ("Sideways", "The Descendants", "Nebraska") s’attaque à une comédie de science-fiction à couleur philosophique et humaniste. Un beau casting s'impose : Matt Damon, Christoph Waltz, Kristen Wiig, et des seconds rôles de marque : Hong Chau et le cultissime Hugo Kier. Un pari tenu, même s’il n’est pas dénué de pesanteur.
Sujet de science-fiction récurrent, le rétrécissement de la taille humaine a donné quelques classiques : "Les Poupées du diable", "Dr. Cyclops", "L’Homme qui rétrécit", "Le Voyage fantastique", "Maman, j’ai rétréci les gosses", "L’Aventure intérieure". Une vieille histoire dont l’origine littéraire remonte aux "Voyages de Gulliver" (1721) de Jonathan Swift. Composé de cinq périples, celui à Lilliput, île peuplée d’êtres de très petite taille, a retenu plus l’attention que les autres. Prétexte à un pamphlet social, politique et philosophique, c’est la même approche que prend Alexander Payne dans "Downsizing".
Belle actualisation qui projette dans un avenir proche une invention permettant de réduire la taille humaine à 12 centimètres pour résoudre le problème de la surpopulation au regard de l’espace terrestre et aux ressources naturelles. Mais l’on voit vite que les candidats à l'expérience, irréversible, est de faire des économies, ce qui permet à des personnes modestes d’avoir un train de vie incomparable à leur condition d’origine. L’équation environnementale passe au second plan. Miroir aux alouettes : les "paradis" répartis à travers le monde pour accueillir les "rapetissés", Etat dans l’Etat, ne sont pas exempts des maux des sociétés lambda. Différences de classes, maladies, migrants, quart-monde, terrorisme restent d'actualité.
C’est dans ce quoi s'engage Paul Safneck (Matt Damon), séduit avec sa femme, jusqu’à succomber au "Downsizing" pour suppléer à leurs difficultés financières. Les choses ne se passeront pas comme prévu… Bien introduit, avec un coup de théâtre romanesque, le film est vite relancé vers des options ouvertes qu’il exploite à bon escient. La rencontre de Paul avec son voisin en haut de l’échelle, Dusan (Christoph Waltz), son ami Konrad (Ugo Kier, inimitable) et surtout sa femme de ménage Ngnoc Van Tran (Hong Chau), réfugiée vietnamienne amputée, vont le faire évoluer, renouer avec son humanité, en passant par toutes les nuances de gris.
Si le ton est léger, l’humour n’est toutefois pas désopilant, alors que le sujet s’y prêtait. On imagine le film entre les mains d’un Terry Gilliam inspiré (ce qui n’est pas toujours le cas). L’épisode final dans la communauté baba cool de Norvège, assez "houellebecquien", est le moins réussi. Il brocarde les théories catastrophistes en cours, sans toutefois dénier l’alarmisme de circonstance. Mais l’image est un peu réductrice et caricaturale. Un bilan globalement positif, avec un bon sens du récit et de la mise en images, habité par des acteurs au diapason. Sans être un grand film, "Downsizing" provoque plus qu’un petit plaisir.


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