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De la critique cinématographique aujourd’hui

Pour une radicalité esthétique


Mohammed Bakrim
Lundi 12 Janvier 2009

De la critique cinématographique aujourd’hui
Il existe, écrit François Truffaut, en marge du
cinéma, une profession ingrate, laborieuse, mal connue, celle de critique cinématographique.
Qu’est-ce qu’un critique?
se demande-t-il alors.
Que mange-t-il?
Quels sont ses mœurs,
ses goûts, ses manies?
Le  week-end dernier, l’Association marocaine des critiques de cinéma a tenu, dans une certaine discrétion, son assemblée générale ordinaire. Un “nouveau” bureau a été élu. Pour une nouvelle expérience. Une occasion a été ratée, en marge de cet événement, de faire du bruit autour du discours sur le discours cinématographique, entre autres par exemple, pour aborder le questionnaire de Truffaut, dans notre contexte marocain. D’autant plus qu’aujourd’hui, le contexte de la profession cinématographique offre à la critique cinématographique ce qui fait sa raison d’être, les films. Des films existent et appellent un discours d’escorte. Ce sont des films marocains, il y en a au moins trois à l’affiche cette semaine à Casablanca. Et il y a aussi de nouveaux films internationaux qui mettent notre marché, pratiquement au diapason des grandes sorties internationales, américaines essentiellement qui mettent à la disposition du discours critique une actualité de choix avec des titres comme L’Echange de Clint Eastwood. Cependant, si une forme de critique se donne une légitimité institutionnelle, force pour nous est de constater un autre paradoxe marocain spécifique au cinéma cette fois: au moment où les films circulent, mobilisent le public (voir le phénomène Casanegra) la critique cinématographique se fait plus discrète. Et le paradoxe est plus flagrant dans une perspective historique: au moment où les films faisant défaut, il y avait une inflation théorique et critique autour du cinéma (du milieu des années 70 au début des années 90!); aujourd’hui la tendance s’est renversée et les films sont quasiment orphelins, avancent seuls dans leur cheminement vers leur destin public. Certes, il y a bien des articles, des interviews ici et là mais point de discours critique (ou très rarement) pensé et raisonné. 
Le Festival national du film, organisé récemment à Tanger, a fourni en outre un exercice grandeur nature pour jauger de l’état du discours cinéphilique en général et critique en particulier.  Les débats suscités par certains films ont été hélas nourris de discours extra-cinématographique et aucune intervention n’est venue ramener le débat à sa dimension cinéphilique. On assiste de plus en plus avec la dynamique que connaît le cinéma aujourd’hui à des tirs violents sur des films et des cinéastes qui sortent des sentiers battus…Dans ces polémiques, les critiques institutionnels s’illustrent souvent par un silence en une position en retrait. Pire encore, des écrits signés par des critiques sont récupérés par les courants les plus conservateurs de l’espace public pour régler des comptes politiques au détriment du cinéma.
Aujourd’hui, des films marocains font bouger les lignes, sociales et culturelles. A Tanger, des films ont abordé les thèmes les plus diversifiés offrant des possibilités d’un débat d’une grande teneur esthétique et socioculturelle. Des signaux sont ainsi émis dans l’attente d’être repris pour les transformer en discours. C’est le programme théorique d’une critique vivante et dynamique... Pour ce faire, il n’y a pas de recette miracle, ni de diplôme spécialisé qui y prépare. Il y a par contre des valeurs et des principes. La critique pour être cohérente avec elle-même doit être indépendante. Aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile. Elle doit être cultivée et intelligente portée par l’intégrité et la sincérité des jugements, la radicalité des choix esthétiques. Dans l’humilité et le respect, un critique n’est pas Zorro.

Critique intermittent


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