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De "captain" Mahrez à la révélation Bennacer Le carré d'as algérien

Vendredi 19 Juillet 2019

De "captain" Mahrez à la  révélation  Bennacer  Le carré d'as algérien
Si l'Algérie est "la meilleure équipe" de la CAN-2019, selon le sélectionneur du Nigeria Gernot Rohr, elle le doit en grande partie à ses milieux Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli, Youcef Belaïli et Ismaël Bennacer. Un carré d'as qui porte la signature de Djamel Belmadi.
De joueur talentueux mais timide et irrégulier, à leader incontesté qui montre l'exemple dans les moments critiques. Depuis qu'il a hérité du brassard de capitaine à la demande de Belmadi, Riyad Mahrez (28 ans) est devenu plus qu'un simple ailier de talent en sélection.
Seule star, avec son futur adversaire Sadio Mané, à être à la hauteur depuis le début du tournoi, il a envoyé son équipe en finale grâce à un coup franc d'anthologie inscrit dans les toutes dernières secondes. Une scène désormais imitée par les enfants algériens, aux quatre coins du pays !
Unique joueur de l'histoire des "Fennecs" à avoir marqué six buts dans la compétition africaine, en l'espace de trois participations, le natif de Sarcelles s'est aussi imposé comme le porte-voix des Binationaux.
Comment ? Avec un simple "tweet" d'apaisement en réponse à un message d'un élu du Rassemblement national, pour déminer les polémiques survenues après les incidents en marge des célébrations de la qualification en France.
Il avait disparu des radars de l'équipe nationale, le N.10 est revenu en grâce sous Belmadi. Et ce n'est que justice au regard d'une année 2019 époustouflante !
Depuis janvier, "Soso" (29 ans) a inscrit 9 buts avec Galatasaray, dont un retourné acrobatique contre le rival Basaksehir juste avant la dernière journée, synonyme de titre de champion. "Le plus beau but de ma carrière", avait-t-il confié.
Une sublime revanche pour le milieu polyvalent, poussé vers la sortie par son club en début de saison pour remédier à des difficultés financières... avant de faire changer d'avis son entraîneur et ses dirigeants grâce à une détermination hors du commun. Un résumé de sa carrière.
Artisan de l'épopée du Mondial-2014 au Brésil sous Vahid Halilhodzic, il n'est pas retenu par l'éphémère Georges Leekens pour disputer la CAN-2017, qui se termine par un fiasco et une élimination au premier tour. Ni par son successeur Rabah Madjer...
Avec Belmadi, Feghouli a retrouvé sa place: celle d'un titulaire indiscutable dans l'entrejeu, qui se montre décisif comme en quarts contre la Côte d'Ivoire (1-1, 4-3 t.a.b.).
Il n'aurait pas dû se trouver là ! Condamné à quatre ans de suspension pour dopage à la cocaïne en 2015, sanction ramenée à deux ans, Youcef Belaïli va disputer sa quatrième finale africaine en seulement huit mois : deux Ligues des champions (2018, 2019) et une supercoupe en club avec l'ES Tunis, puis la finale de la CAN-2019 avec les "Fennecs".
Un exploit incroyable pour un joueur qui a seulement repris le football en octobre 2017 à Angers, sans parvenir toutefois à se relancer. De retour à Tunis, où il a joué entre 2012 et 2014, l'Oranais (27 ans) finit par exploser sur la scène africaine, jusqu'à pousser la star Yacine Brahimi sur le banc en sélection.
Buteur décisif contre le Sénégal en phase de poules (1-0), puis contre la Guinée (3-0) en huitièmes, l'ailier gauche a été à la hauteur du choix fort de son coach.
Une saison pleine en Serie A avec Empoli, une CAN-2019 d'enfer, et bientôt un transfert à l'AC Milan : Ismaël Bennacer, ancien espoir d'Arsenal, a enfin étalé, à 21 ans, son potentiel au grand jour !
Formé à Arles-Avignon, l'ancien international français des moins de 19 ans a longtemps été la vedette dans les équipes de jeunes d'Arsenal entre 2015 et 2017, sans réussir à s'imposer en équipe première.
Fort de sa prestation à Empoli, Bennacer gagne sa place de titulaire dans le dispositif de Belmadi. Précieux aussi bien dans la récupération que pour apporter le surnombre en attaque, c'est lui qui obtient l'ultime coup franc contre le Nigeria. Avec la suite que l'on sait...

Pour ou contre l'Algérie, le dilemme égyptien

"Viva l'Algérie" ou "tout sauf l'Algérie": les supporters égyptiens sont partagés entre ceux qui soutiennent leurs "frères arabes" pour la finale de la CAN-2019 au Caire, et les irréductibles qui perpétuent la rivalité historique entre les deux pays.
Dix ans après le caillassage du bus des joueurs algériens au Caire, la haine a-t-elle quitté les deux camps ? Dimanche lors de la demi-finale Algérie - Nigeria, le soutien ostentatoire de certains supporters égyptiens aux Super Eagles a déclenché quelques accrochages avec des Algériens.
"En termes de performance, ils méritent d'être en finale et de la gagner contrairement à notre propre équipe", concède Mohamed, alors que l'Egypte, pays-hôte, a été éliminée dès les huitièmes de finale.
"Mais j'espère qu'ils ne vont pas remporter la compétition", s'empresse d'ajouter ce comptable de 32 ans, en évoquant de vieilles "querelles".
L'origine de cette inimitié ? L'attaque du bus des joueurs algériens, faisant plusieurs blessés avant un match de qualification au Mondial-2010, qui avait dégénéré en violents affrontements entre supporters, puis en crise diplomatique.
A la suite de ces événements, qui se sont répétés à plusieurs reprises depuis, les appels au calme de part et d'autre n'ont pas empêché les accusations tous azimuts par voie de presse, convocations de diplomates et protestations formelles des deux pays.
Depuis le début de la CAN-2019, la présence des forces de l'ordre s'est renforcée dans les rues et surtout autour des stades, dans un pays où l'enjeu sécuritaire restait le défi majeur de l'organisation de la compétition, notamment face à l'afflux progressif des supporters des "Fennecs".
"Jusqu'à présent, il n'y a ni problèmes, ni différends, ni crises d'ordre sécuritaire", assure un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur qui a requis l'anonymat.
"Les célébrations (des supporters algériens) dans les rues se sont déroulées en présence d'Egyptiens sans mécontentement ou problème", a-t-il assuré.
Car, en dépit des anciennes tensions footballistiques entre les deux pays, de nombreux Egyptiens se tiennent derrière les Algériens, dans les stades ou dans les rues, au nom de l'unité arabe.
"Je vais les supporter car nous sommes tous arabes mais en temps normal je ne les soutiens pas vraiment après ce qu'il s'est passé", confie sans grand engouement Ali, un étudiant de 23 ans.
"A l'époque j'avais 13 ans. Je m'en souviens à peine, beaucoup de choses se sont passées", raconte ce fan du club d'Al-Ahly, qui refuse de tourner complètement la page des affrontements.
"Après les événements de 2009, les gens soutenaient n'importe qui contre l'Algérie", se souvient Hatem Maher, journaliste sportif. Mais, selon lui, le fait que la question se pose désormais de supporter ou non les Fennecs est "un débat nouveau et positif".
"La tension a diminué de manière notable", observe-t-il, mettant en avant l'absence de matches à enjeu au cours de la dernière décennie, l'émergence d'une nouvelle génération de fans mais aussi les "changements politiques".
"Après la révolution de janvier 2011, beaucoup de gens ont commencé à revenir sur ce qui s'était passé et ont accusé Hosni Moubarak (l'ex-président déchu lors de ce soulèvement populaire, ndlr), ses fils et ses médias, d'être les vrais responsables des tensions entre les deux pays et leurs supporters", souligne-t-il.
"Entre l'Algérie et l'Egypte, à l'époque, il y avait aussi une rivalité politique pour savoir qui historiquement était le leader du monde arabe", ajoute Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques et auteur de "Géopolitique du sport".
"Les deux régimes étaient en difficulté et comptaient un peu sur l'équipe nationale pour redorer leur blason", explique-t-il.
Aujourd'hui, pour certains Egyptiens, les Fennecs doivent l'emporter. "Les Algériens sont en fête. Pourquoi ne serions-nous pas heureux pour eux ?", se demande Mohamed, ancien entraîneur de foot à la retraite.

Libé

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