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Comment s’explique la baisse de la rentabilité des secteurs cotés entre 2008 et 2019 ?Mettre en évidence les différents facteurs qui sous-tendent les évolutions de leur performance financièreMercredi 3 Mars 2021
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La rentabilité financière de l’ensemble des secteurs a connu une tendance globalement baissière, entre 2008 et 2019, expliquée en somme par le repli de la rentabilité économique (ROCE), selon CDG capital. Dans une étude intitulée “Revue des facteurs déterminants de la rentabilité des secteurs cotés au cours de la dernière décennie et perspectives”, les analystes de la direction insight de CDG Capital ont examiné les entreprises des secteurs cotés hormis les financières et les services afin de mettre en évidence les différents facteurs qui sous-tendent les évolutions de leur performance financière, rapporte la MAP. Ils ont ainsi analysé l’évolution des indicateurs financiers sur une période allant de 2008 à 2019 des secteurs du bâtiment et travaux publics (BTP), de l’industrie, des nouvelles technologies d’information et de communication, et télécoms, tout en excluant les entreprises qui ont été cotées après 2008 afin de pouvoir étudier la dynamique de la rentabilité sur une période assez longue. Ainsi, et d’après l’étude de l’évolution des différents indicateurs financiers de chaque secteur, les analystes tiennent à souligner plusieurs conclusions. Ils relèvent que la rentabilité des différents secteurs reste fortement impactée par des facteurs exogènes, et que le contexte macroéconomique global qui a suivi la crise financière mondiale depuis 2008 a eu un effet prononcé sur la demande et a particulièrement affecté le secteur industriel et le BTP. De même, les prix des intrants et plus particulièrement la facture énergétique déterminent dans une large mesure les niveaux de rentabilité. Ainsi, la décompensation du fuel a eu un impact significatif sur la performance du secteur industriel. Les analystes soulignent également que l’évolution des niveaux d’endettement montre que l’utilisation du levier financier reste globalement stable, si ce n’est des variations ponctuelles et anecdotiques, comme pour le secteur du BTP, notant qu’en somme, le levier financier n’a pesé que de façon secondaire par rapport aux autres facteurs exogènes cités. En outre, l’effet de la productivité spécifique à chaque secteur reste muet par rapport aux facteurs systémiques. “Cela ne signifie pas que celui-ci n’existe pas, mais que pour la période étudiée, les grandes évolutions ont plus traduit des tendances systémiques qu’idiosyncratiques, sauf pour le secteur des télécoms, qui est en soi une composante particulière de l’économie marocaine ayant connu l’élan de croissance que connaîtrait l’introduction d’une nouvelle technologie à usage grand public”, précise CDG Capital. Ces observations d’ordre général, poursuit la même source, cachent un certain nombre de disparités et de particularités sectorielle. En effet, le secteur des télécoms se caractérise par une forte rentabilité qui dénote par rapport aux benchmarks internationaux. “Cette rentabilité a toutefois été en baisse constante pendant la dernière décennie, suite à un environnement fortement concurrentiel et au processus de maturation du marché intérieur qui a fini par atteindre de forts taux de pénétration”, expliquent les analystes, ajoutant que cette forte rentabilité a permis par ailleurs au secteur d’assurer un taux de distribution de dividendes très élevé, et d’utiliser l’effet de levier afin de financer un cycle de croissance externe à l’international mené par Maroc Telecom. En ce qui concerne le secteur du BTP, comparé aux autres secteurs cotés, il affiche la rentabilité la plus faible, soit 10% en 2019 (contre 27% en 2008), d’après la même source, qui estime que cette faible rentabilité reflète la crise que traverse le secteur immobilier depuis l’année 2011. “En effet, la faible demande en logements et en projets d’infrastructures, conjuguée à une structure financière affaiblie par un fort levier, ont eu des effets négatifs sur l’ensemble du secteur, impactant fortement les niveaux d’utilisation des outils industriels(ciments & sidérurgie) et parricochet leur profitabilité”, expliquent les analystes, ajoutant que l’année 2015 marque, néanmoins, un nouveau tournant pour le secteur du BTP en termes de rentabilité, grâce aux plans de restructuration agressifs en termes de recapitalisation et d’assainissement des bilans. Le secteur industriel coté est, quant à lui, un secteur très hétérogène en termes de nature d’activité, de taille, ou de caractéristiques financières, d’après la note. “L’analyse de ses indicateurs financiers révèle une rentabilité moyenne assez comparable aux benchmarks internationaux. La forte rentabilité du sous-secteur énergie s’explique plutôt par la nature de l’activité au Maroc qui consiste principalement en la distribution de carburants”, relève CDG Capital, ajoutant que l’évolution de cette rentabilité au cours des dix dernières années reflète le comportement d’un secteur assez tributaire de facteurs exogènes, tels que les prix des intrants ou encore des cadres réglementaires avec l’effet de la décompensation. Et de préciser que le secteur industrie représenté à la bourse de Casablanca (hors les minières) reste un secteur qui fait peu usage du levier financier, à l’image du faible taux d’investissement. Contrairement aux autres secteurs, les NTIC ont connu une bonne dynamique de croissance ces dernières années, souligne l’étude, faisant savoir que depuis 2011, le secteur connaît globalement une tendance haussière de la rentabilité financière qui a profité de la transformation digitale, du fort développement du paiement électronique couplé à une gestion efficiente des charges. Cette rentabilité demeure fortement impactée par la conjoncture internationale du fait de la nature de la clientèle du secteur et par l’effet de change, souligne CDG Capital, faisant remarquer que l’utilisation du levier financier demeure faible, ce qui laisse de la marge pour un éventuel recours à de la dette pour financier un effet d’échelle plus important ou éventuellement de la croissance externe.
Libé
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