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Claudio Wiedey promet un nouveau souffle pour le dialogue Maroc-UE

Tarek El Malki : Il y a un temps pour les élections et un temps pour un pragmatisme économique et politique


Hassan Bentaleb
Jeudi 28 Mars 2019

«Les Marocaines n’ont pas de problèmes de visas Schengen. Le Royaume est le 8ème pays au monde par rapport au nombre des demandes de visas. En 2017, 614.000 dossiers ont été déposés soit une hausse de 10% et le taux de refus n’avait pas dépassé les 15%», a indiqué Claudia Wiedey, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc lors d’une conférence organisée avant-hier par l’ISCAE-Rabat et la délégation de l’UE au Maroc. Et d’ajouter : «Il y a des discussions entre l’UE et le Maroc pour établir des régimes de visa plus souples. Certes, il y a eu des discussions informelles sur le sujet mais nous souhaitons formaliser tout ce dialogue et l’utiliser comme réponse aux questions qui se posent aux deux parties».
Qu’en est-il des conditions strictes établies pour le traitement des demandes de visas introduites par les ressortissants des pays tiers et des pressions exercées sur ces même pays pour les inciter à  coopérer en matière de retour et de réadmission ? L’ambassadeur de l’UE nie toute pression et balaie du revers de la main toute demande européenne de construction éventuelle de centres d’accueil au Maroc. Pour Claudia Wiedey, l’UE accompagne le Royaume dans sa nouvelle politique et stratégie de migration et d’asile à travers les programmes d’intégration des migrants sur place et le contrôle des frontières avec comme objectif de réduire les flux migratoires vers l’Europe.
Elle a indiqué, à ce propos, que des pourparlers concernant la politique de migration et de mobilité seront relancés puisque le dialogue sur cette question prévu par l’Accord d’association de 1996 n’a pas eu lieu depuis 2015. «Nous nous mettons d’accord pour relancer ce dialogue en vue de regarder vers le futur. Nous devons sortir de l’informel vers le formel pour attaquer la question de la migration et de la mobilité légale, structurée et organisée et réduire le trafic d’êtres humains.  Ce dialogue touchera également des questions relatives à la politique et à la sécurité», a-t-elle révélé.
Selon la diplomate, les relations Maroc-UE dépassent le seul fait de proximité géographique puisqu’il  s’agit de deux régions qui ont des intérêts communs et des défis partagés qui demandent des concertations et des actions communes. «Je crois que notre partenariat a énormément de potentiel et offre nombre d’opportunités, mais malheureusement, il n’est pas exploité comme il faudrait. Il faut qu’il y ait une volonté de le faire. Aujourd’hui, on discute pour savoir comment on peut nous organiser et récréer les canaux de dialogue concernant l’économie, le commerce, la culture, la société, la migration, etc», a-t-elle indiqué.
Elle a également estimé que cette révision du partenariat arrive à point nommé puisque dès 2021 l’UE inaugurera de nouvelles perspectives financières. «Il ne s’agit pas de revoir notre partenariat mais plutôt la manière de nous organiser via des programmes concrets, de dresser l’état des lieux de ce partenariat et de savoir si les programmes mis en œuvre ont répondu ou non aux besoins de développement recherchés», a-t-elle déclaré.   Et de poursuivre : «Le Maroc est un partenaire clé pour l’UE. Cette dernière a investi 10 milliards d’euros au Maroc depuis 1994 dans certains domaines et octroyé entre 180 à 200 millions d’euros par an au Royaume. Nous pensons que le Maroc peut jouer un rôle très important dans le partenariat Maroc-UE-Afrique. Actuellement, l’Union européenne réfléchit sur la manière d’associer le Royaume à des investissements au niveau continental. C’est un sujet qu’on n’a jamais discuté dans le passé».  
S’agissant des résultats de ce partenariat, l’intervenante a rappelé l’implication de l’UE dans plusieurs projets tels ceux du tram de Rabat, des énergies renouvelables, du Ramed, etc. Mais, elle a tenu à préciser que l’UE ne dicte pas de programmes ou de stratégies  au Maroc.  «Le Royaume a ses propres priorités et stratégies sectorielles. Nous avons des échanges et nous dialoguons avec le gouvernement sur la manière d’appuyer ces stratégies et des moyens à mettre en œuvre pour les concrétiser», a-t-elle affirmé.  Et d’ajouter :«Nous sommes et nous demeurons le premier partenaire commercial du Maroc. Il y a certes la question du déficit commercial, mais elle participe du fait que  la production marocaine cible seulement certains secteurs et qu’elle n’est suffisamment diversifiée pour être à même de répondre aux besoins du marché ».  
Qu’en est-il de l’avenir du projet européen à la lumière du Brexit et des prochaines élections européennes ? Qu’en est-il de la place de l’Europe dans le monde alors que le Vieux Contient régresse aux niveaux économique, politique et démographique ? Le Maroc doit-il parier sur un partenaire dont l’avenir est incertain ? « Je crois que l’UE a vécu pas mal de crises dans le passé mais elle en est sortie plus forte. Je ne m’aventurerai pas à faire des pronostics sur le Brexit mais je crois que le poids de l’Europe ne s’est réduit pour autant. Grâce à Federica Mogherini, haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, nous avons un grande impact sur les grandes questions mondiales malgré le fait que le multilatéralisme a été malmené ces derniers temps».  Un point de vue que partage Tarik El Malki, directeur de l’ISCAE-Rabat et modérateur de cette conférence, qui s’est dit confiant dans la capacité de l’UE à rebondir en tant qu’institution. Selon lui, quelle que soit la prochaine couleur de la majorité au sein du Parlement européen, les relations de UE avec les pays du Sud de la Méditerranée vont rester stables.  «Je pense qu’il y a un temps pour les élections et un temps pour le pragmatisme économique et politique. Il ne faut pas tourner le dos à un groupement de pays avec qui nous réalisons 66% de nos échanges commerciaux», a-t-il précisé. Et de conclure : «Le Maroc et l’UE qui sont confrontés aux mêmes problématiques majeures (migration, terrorisme, changement climatique, sécurité énergétique….) ne pourront pas régler leurs problèmes l’un sans l’autre. Nous avons impérativement besoin l’un de l’autre et de travailler ensemble dans une intelligence commune. La chose la plus importante c’est la confiance mutuelle».


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