Bilan de l'année cinématographique 2008 : La bonne performance des films marocains

Le Centre cinématographique marocain a organisé mardi dernier un point de presse pour présenter le bilan de l'année cinématographique 2008. Une initiative louable qui instaure une pratique de transparence mettant à la disposition de l'opinion publique une information fiable et mettant surtout à la disposition des critiques et des journalistes spécialisés des éléments d'analyse. Il y a autour du cinéma marocain aujourd'hui tout un discours d'escorte émanant de plusieurs locuteurs agissant dans l'espace public. Souvent, ces discours sont porteurs d'attitudes et de propositions non fondées. Il en est par exemple du comportement réel du public à l'égard du cinéma. Il ressort dans ce sens des statistiques présentées par les services concernés au sein du CCM que le public revient quand il y a un film qui l'intéresse et surtout quand il y a une salle de cinéma qui arrive à le séduire et qui lui propose autre chose que des sièges inconfortables et un écran vétuste. Le chiffre majeur de 2008 concerne la belle performance du film marocain. L'ensemble des films marocains sortis l'année écoulée (40 films) ont drainé plus de 460.000 spectateurs permettant au cinéma marocain d'occuper pour la première fois de sa jeune histoire la deuxième place au box office par nationalité. Et du même coup arracher près de 15% des parts du marché. C'est historique. Depuis que notre pays a connu le spectacle cinématographique, trois cinématographies considéraient notre marché comme un domaine réservé; il s'agit de Hollywood, de Bollywood et du cinéma égyptien. Depuis quelques années, le film marocain se met à bousculer ce schéma dominant et à venir concurrencer sérieusement les traditionnelles forces dominantes. Et cela malgré le fait que 2008 n'a pas connu un gros succès populaire marocain à l'instar de ce qui arrive aujourd'hui avec Casanegra qui en est, alors qu'il est à moins de trois mois d'affiche, à plus de 200.000 entrées! En 2008, c'est le film Lola de Nabil Ayouch qui est arrivé en tête du box office par film avec 102.000 entrées arrivant en coude à coude avec le film égyptien Morgane Ahmed Morgane avec la méga-star Adil Imam, film qui a permis au cinéma égyptien de renouer avec le succès chez nous. Côté cinéma américain, c'est Hanckok qui arrive dans une position avancée, confortant une image classique du box office par film où nous retrouvons toujours un film américain. Cependant, ce comportement du public à l'égard du film marocain cache mal l'érosion que connaît d'une manière dramatique le parc des salles de cinéma. Nous en sommes aujourd'hui à près de 70 écrans qui font de la résistance et où émergent avec des chiffres positifs par comparaison avec l'année dernière, les deux complexes multisalles de Megarama à Casablanca et à Marrakech. Ils ont réalisé une progression par rapport au nombre d'entrées enregistrées en 2007. Même si les chiffres demeurent modestes, il n'en demeure pas moins que cela trace une piste pour une issue de sortie à la crise du public; en somme une indication pour l'avenir.