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Pour constituer son matériau, Steve McQueen a réalisé des centaines d’interviews et s’est quasiment mué en archiviste. “J’étais passionné à l’idée de parler à ces gens, d’enregistrer leur histoire.” Il voulait aussi montrer la réalité du racisme institutionnel au Royaume-Uni, incomparablement moins documenté par la télévision et le cinéma que son équivalent aux Etats-Unis. Le point de départ de “Small Axe” se situe en 1968 et correspond à l’un des épisodes les plus marquants du combat contre la discrimination et les préjugés en Grande-Bretagne. Il évoque le destin oublié de Frank Crichlow, petit entrepreneur aspiré malgré lui dans cette lutte, par l’entremise de son restaurant, Mangrove, devenu un symbole pour toute une communauté à Notting Hill, quartier depuis gentrifié.
Maître du réalisme, connu pour son cinéma intense et sans emphase, Steve McQueen recrée, au fil des épisodes de “Small Axe”, quelques moments phares de l’histoire des Britanniques d’origine caribéenne, mais aussi beaucoup de petits instants, tout aussi précieux pour saisir ce qu’était leur quotidien. “Lovers Rock” est, à ce titre, un volet totalement atypique, axé autour d’une soirée dansante, avec quelques scènes de transe collective d’une rare authenticité. Les personnages de “Small Axe” sont pour l’essentiel des gens ordinaires qui ont eu foi en leur place dans une société largement hostile. C’est la “petite hache” (small axe) de la chanson éponyme de Bob Marley, qui, à force de coups répétés, finit par abattre le “grand arbre” (big tree) de l’inégalité. Côté production, Steve McQueen a voulu profiter de ce projet pour offrir à des comédiens noirs un écrin. “Au Royaume-Uni, il y a au moins deux générations d’acteurs qui n’ont jamais eu l’opportunité de briller”, a-t-il expliqué. “Et c’est désolant.” Le réalisateur de “Shame” a aussi constitué, derrière la caméra, une équipe très ouverte à la diversité, lui qui a déjà reproché à Hollywood d’être trop fermé.
Steve McQueen a dédié “Small Axe” à George Floyd, Américain noir dont la mort aux mains de la police a déclenché un mouvement civique de grande ampleur en mai-juin dernier. “J’aurais voulu que George Floyd soit là aujourd’hui, mais il n’est pas mort en vain”, a dit le quinquagénaire Caméra d’or à Cannes en 2008 pour “Hunger”. “Les films « Small Axe » racontent, comme d’autres, ce que c’est que d’être noir en ce monde.”