Bayân et figures de style



​Un problème technique ou une censure délibérée au Musée d’art moderne et contemporain ?

Le coup de gueule de l’artiste Mounir Fatmi


Mehdi Ouassat
Vendredi 24 Octobre 2014

​Un problème technique ou une censure délibérée  au Musée d’art moderne et contemporain ?
Le Maroc a-t-il  tourné la page de la censure des œuvres d’art? Non, paraît-il ! Du moins, c’est ce que les décisions du nouveau Musée national d’art contemporain, récemment inauguré, semblent exprimer.  En effet, à la grande surprise des visiteurs de l’exposition inaugurale «100 ans de créations au Maroc», l’installation «Face au silence», du célèbre artiste Mounir Fatmi, en hommage à Mehdi Ben Barka, n’a pas été montrée, durant les 15 premiers jours de ladite exposition.  Pour l’artiste, il s’agit bel et bien d’un acte de censure. Les responsables du musée, eux, évoquent un simple problème technique. «Nous n’avons pas pu trouver un lecteur Blu-Ray à temps», prétexte Abdelaziz Idrissi, directeur du musée, cité par le site de l’hebdomadaire Telquel.
Composée d’une photographie de Feu Hassan II et Mehdi Ben Barka et d’une vidéo hommage à ce martyr, l’installation de Mounir Fatmi n’a été mise en place que le 10 octobre, soit trois jours après l’inauguration officielle du musée, et pas dans sa version complète.  L’écran censé projeter ladite vidéo hommage était toujours noir. 
Dans un message publié, le lundi 20 octobre, sur son compte Facebook, Mounir Fatmi souligne qu’à sa grande surprise, il a appris que son installation «Face au silence» n’a pas été montrée lors de l’inauguration, alors que son studio à Paris ainsi que les collaborateurs du musée travaillaient sur ladite installation depuis le mois d’avril, en collaboration avec le commissaire Mohamed Rachid, qui a été écarté quelques semaines avant l’inauguration. 
«J’ai appris l'absence de mon installation par des amis, sans aucune explication de la part du musée ni aucune information préalable», précise l’artiste dans ledit message. Et d’ajouter : «D’après quelques visiteurs, j’ai su que la direction du musée a décidé d’écarter toute œuvre à caractère politique ou traitant du corps ou de la nudité. Plusieurs installations ont été alors éteintes, plusieurs œuvres ôtées, d’autres ont été mises en place après l’ouverture, mais concernant mon installation “Face au silence”, elle n’est pas montrée dans son intégralité. Il semble qu’un lecteur DVD soit très compliqué à trouver au Maroc pour qu’on puisse voir la vidéo hommage à Ben Barka ».
Mounir Fatmi a, par ailleurs,  indiqué que jusqu’au 20 octobre, il n’a toujours pas eu d’explication de la direction du musée. «Ce qui m’amène à penser qu’il s’agit d’un simple acte de censure que la direction se doit d’expliquer», a-t-il ajouté, avant de conclure: «C’est dommage que tous ces rendez-vous avec l’histoire de notre pays soient manqués».
Après un grand soutien des internautes à Mounir Fatmi, les responsables du musée ont fini par rectifier le tir, dans la matinée du mercredi 22 octobre, en rendant la vidéo accessible aux visiteurs, soit 15 jours plus tard. Mais l’argument avancé semble totalement infondé, puisqu’un problème technique de ce genre peut être résolu en peu de temps et non  en une dizaine de jours, durée où un fabricant peut produire des dizaines de milliers de lecteurs DVD. 
«Mille mercis pour votre soutien», a écrit Mounir Fatmi, dans un nouveau «statut Facebook» publié le mercredi 22 octobre. «J’ai eu en fin de matinée Mehdi Qotbi qui m’a présenté ses excuses ainsi que celles de la direction du musée. L’ensemble de l’installation fonctionne finalement ». Et d’ajouter : « Merci à toutes les personnes qui m’ont écrit en proposant d’apporter leur propre lecteur Blu Ray au Musée pour diffuser ladite vidéo. Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain a finalement acquis son propre lecteur Blu Ray ».
Il est à rappeler que Mounir Fatmi, natif de Tanger, vit et travaille actuellement entre Paris et Tanger. Ses installations on été sélectionnées dans le cadre de plusieurs biennales, notamment  les 52ème et 54ème Biennales de Venise, la 8ème de Sharjah, les 5ème et  7ème de Dakar, la 2ème de Séville, la 5ème de Gwangju, la 10ème de Lyon ou encore la 5ème Triennale d'Auckland et Fotofest 2014 Houston. Il a, par ailleurs, reçu plusieurs récompenses, dont le prix de la Biennale du Caire, le «Uriôt prize» à Amsterdam, ainsi que le Grand prix Léopold Sédar Senghor à Dakar.  


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1.Posté par Relativité le 24/10/2014 20:34 (depuis mobile)
le Maroc reste le seul pays du monde arabe ou un artiste peut montrer des oeuvres polémiques. Il adore ca.
Pourquoi cet artiste au Qatar n'pas présenté d'oeuvres politiques traitant de la destitution du chef de l'état par son fils par exemple?

2.Posté par Ma le 25/10/2014 15:42 (depuis mobile)
Il convient de remarquer qu''il ne s''agit pas de la seule œuvre censurée dans cette exposition ! Plusieurs autres œuvres qui fonctionnent sans aucun appareil le sont aussi.

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