Le pouvoir corrompt, s'accorde-t-on à dire. Accordons à Si Lahcen, à ce niveau du moins, le bénéfice du doute. Changeons la donne pour dire à son propos surtout que le pouvoir peut parfaitement avoir un effet soporifique. Tout à fait. Le ministre Daoudi en serait la parfaite illustration. Depuis qu'il a goûté au confort du fauteuil ministériel, il s'est fait par trop discret. Où en est-on de ses joutes sous la Coupole, ses crises d’une colère réelle ou affectée? Il n'en reste pas grand-chose, sinon rien. Pour ne pas se faire trop oublier, cependant, il se paie de temps à autre quelques timides sorties, histoire de nous rappeler sa toute aussi timide existence. Et tant pis si les paroles sont creuses et les propos insignifiants, genre "apprenez l'anglais plutôt que le français". Autant dire que la solution à la grave crise dans laquelle se débat l'enseignement supérieur au Maroc et cette recherche scientifique qu’il s’était proposé de booster est toute trouvée. Tout le truc est de tourner le dos à Molière pour se jeter dans les bras de Shakespeare. Génial.
Professeurs et étudiants en savent quelque chose aujourd’hui. Quand il est sous l’effet de quelques accès d’euphorie, il se laisse aller à pérorer de la meilleure université qui soit dans le meilleur des Maroc. Il est, toutefois, tout aussi capable de vous sortir que les prix des terrains au Maroc ne permettent pas l’éclosion de nouveaux établissements universitaires publics. D’autres fois, il se cache derrière «la modestie» du budget alloué à son ministère. Reste alors une seule solution aux professeurs pour trouver un moyen de réduire le surbooking des facs: noter avec le plus de prodigalité. Il le dit, ledit ministre, et plus qu’en filigrane.
Et alors? L’essentiel n’est-il pas de promouvoir l’université privée? A ce niveau, on ne peut pas dire qu’il n’est pas en train de réussir son pari. Good luck, Mister Daoudi.