​Sonia Mezzour, secrétaire générale de l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique

Il faut sensibiliser la femme marocaine à propos de ses droits


Propos recueillis par Meyssoune Belmaza
Samedi 7 Mars 2015

​Sonia Mezzour, secrétaire générale de l’Agence nationale pour le développement des énergies  renouvelables et de l’efficacité énergétique
Libé : A votre avis, quelle place occupe la femme dans le Maroc d’aujourd’hui ?

Sonia Mezzour : Je tiens tout d’abord à rendre hommage à S.M le Roi d’avoir positionné la femme en tant que partie prenante de la société marocaine. Je pense que nous sommes toutes redevables à ce grand homme d’avoir donné ses hautes directives pour qu’on puisse avoir la place qui nous sied dans le Maroc d’aujourd’hui. Et fort de cet appui, je dois dire que la femme marocaine se sent protégée, sous l’ombre tutélaire du Souverain, dans tous les domaines d’activité. En réalité, toutes les sociétés se doivent de donner la priorité à ces mères nourricières et qui finalement donnent la vie à ces mêmes hommes qui les détractent. Je saisis, ainsi, l’occasion pour lancer un appel à toutes les femmes du Maroc pour faire en sorte à ce que nous éduquions garçons et filles de la même manière pour pouvoir donner les mêmes valeurs et surtout leur inculquer le respect de la femme. Car, le respect de la femme passe d’abord par son respect au sein du foyer, de la fille, de la mère, de la tante et de la sœur. Ce point est très important à mon sens.

Quelles sont les difficultés que peuvent rencontrer les femmes dans notre pays ?

Je tiens tout d’abord à souligner que la femme marocaine n’a rien à envier ni au niveau africain ni au niveau maghrébin dans son droit à la parole, à l’exercice de ses fonctions et ce, que ce soit dans le secteur public ou privé. 
Cela, on le remarque aisément dans les conférences internationales. Aussi, j’ai constaté, non sans joie, que la femme marocaine est forte de par son éducation et ses compétences. Voire, elle est presque jalousée de ses paires du monde arabe. 
Je tiens également à rappeler, qu’en termes de blocages que peuvent rencontrer les femmes, si chacune d’entre nous pouvait être ouverte à l’autre, ça serait une opportunité de carrière et de croissance importante. Je m’explique : il ne faut pas omettre que la femme en général et la femme marocaine en particulier porte plusieurs casquettes, elle peut être active dans la journée à l’extérieur, le soir venu, elle s’attelle aux fourneaux et si un couac se produit au niveau du foyer, tout est de sa faute, si la maison n’est pas bien entretenue, ça relève de sa faute également. Donc, c’est une situation complexe qui mérite que, nous autres, femmes, soyons solidaires entre nous pour faire en sorte d’avoir ce paramètre en tête (qu’elle endure un  vrai parcours du combattant) dans le travail avec nos collègues de sexe féminin…
Aussi, il ne faut pas occulter le fait que les femmes doivent donner plus pour avoir peut-être la même chose qu’un homme. En tout cas, c’est l’idée véhiculée, à tort ou à raison, autour de la femme. Mais je pense qu’il est possible de changer la donne, de dépasser les obstacles auxquels fait face la femme marocaine mais non sans efforts déployés de la part de la gente masculine. La troublante lapalissade est que tout un chacun doit prendre conscience qu’il est plus difficile pour la femme de percer dans sa vie professionnelle qu’un homme. Qu’elle trime dur, si ce n’est beaucoup plus, que son compère homme.

Selon vous, que faire pour pallier les  entraves inhérentes ? 

A mon humble avis, il serait intéressant de connaître tout d’abord  l’appréciation de l’homme par rapport à la femme. Parce que si cette dernière gagne le respect d’un collègue, à titre d’exemple, ce respect s’inscrira dans la durée et pourra même se transformer en admiration. Et cette admiration doit justement être le catalyseur de la femme, pour la motiver quotidiennement. Il faut dire que même dans un domaine totalement masculin, une femme de par ses compétences et son sérieux saura se démarquer, forcer le respect et prouver qu’il ne s’agit pas là d’une chasse gardée de l’homme.
A mon sens, pour que la femme marocaine arrive au même niveau qu’un homme, à sa même position, il faut qu’elle s’arme de patience, qu’elle capitalise sur ses expériences passées et surtout elle ne doit pas se reposer sur ses lauriers. 
Aujourd’hui, nous avons certes une Constitution, un cadre qui nous permet d’assurer la parité et surtout de lutter contre la discrimination entre la femme et l’homme, mais il s’agirait également de faire dans la sensibilisation. Il faudrait qu’on puisse, au quotidien, sensibiliser la femme marocaine à ses droits. Parce que, bon gré mal gré, elle en a. Et forte de ses droits, elle peut s’imposer. 

Bio express

Native de Casablanca et bachelière de Paris, Sonia Mezzour est ingénieur d’Etat, diplômée de l’Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, avec une thèse de master obtenue brillamment à l’Université de Harvard à Boston aux Etats-Unis. Elle a exercé plusieurs fonctions au sein d’une grande banque d’affaires, basée en Suisse avant de rentrer au bercail en 2004 pour contribuer à l’évolution de son pays. En juin 2010, elle devient conseillère auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, en charge des Energies renouvelables et de l’Efficacité énergétique. Elle est nommée première  secrétaire de l’ADEREE, fondée en mars 2011 et avant d’être, en juin 2014, également élue parmi 8 experts, comme étant vice-présidente de la Commission économique des Nations unies pour l’Europe, bureau Partenariat public-privé (PPP). Devenant de ce fait, la première et seule femme marocaine, arabe et africaine à faire partie de cette équipe aux côtés d’experts mondiaux. 


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