​Serena Williams, au-dessus du lot


Lundi 30 Janvier 2017

Avec 23 titres majeurs, à une unité du record absolu, Serena Williams n'est plus très loin de devenir, à 35 ans, l'incontestable meilleure joueuse de l'histoire du tennis: un accomplissement tout naturel pour l'Américaine, qui a toujours été au-dessus du lot.
Depuis qu'on lui a mis dans les mains sa première raquette, peu après son quatrième anniversaire, seule sa soeur Venus a, par moments, contesté sa supériorité. C'était le cas dans leur enfance, dans le ghetto noir de Compton, à Los Angeles, car Serena était la cadette de quinze mois et attirait moins les regards que sa longiligne soeur.
Mais leur père, Richard, ne s'y est jamais trompé. Lorsqu'un entraîneur lui avait assuré qu'il tenait en Venus, alors âgée de dix ans, "le prochain Michael Jordan au féminin", il avait répondu: "Non, je tiens les deux prochains".
Cet ancien gérant d'une société de gardiennage a été le personnage-clef de la carrière des soeurs Williams, qu'il a façonnées depuis leur plus jeune âge. L'idée d'en faire des championnes aurait germé dans son esprit avant même leur naissance.
Alors qu'il regardait Roland-Garros à la télévision, il aurait été impressionné par le montant du chèque de la gagnante. Médisance probablement car Richard Williams, n'étant pas du sérail, n'a jamais fait l'unanimité dans le milieu du tennis. Il avait appris le métier d'entraîneur dans des livres et des vidéos.
Repérées dès leur plus jeune âge - le New York Times en parlait déjà alors qu'elles n'avaient pas dix ans - les soeurs Williams ont d'abord écumé le circuit à deux. C'est Serena qui a gagné le premier titre du Grand Chelem de la famille à l'US Open en 1999, juste avant de fêter ses 18 ans. Puis Venus est devenue N.1 mondiale en 2002, peu avant sa soeur. De Roland-Garros 2002 à l'Open d'Australie 2003, quatre tournois du Grand Chelem consécutifs se sont terminés par la même affiche: Williams contre Williams. Du jamais vu.
L'argent aussi a rapidement afflué, des marques d'équipement sportif faisant signer aux deux soeurs dès leur pré-adolescence des contrats de plusieurs millions de dollars et bouleversant la vie de cette famille de neuf membres, les parents ayant eu cinq autres enfants de précédentes unions.
Puis les trajectoires des soeurs ont divergé. Alors que Venus se spécialisait de fait dans le gazon de Wimbledon, où elle gagna cinq fois, Serena étendait sa domination sur toutes les surfaces grâce à une tactique simple: profiter de son incomparable puissance pour frapper le plus tôt et le plus fort possible et gagner par KO. Pas question de se laisser entraîner dans de longs échanges où ses kilos de muscle finissent par être lourds à porter.
Ses armes? Le service, frappé parfois à plus de 200 km/h, et le coup droit. La confiance aussi. Elle est persuadée que, quand elle joue son meilleur tennis, personne ne peut la battre. Mais les circonstances ne lui ont pas toujours permis de s'exprimer.
En 2003-2004, elle avait été absente huit mois après une opération à un genou. Même si elle n'avait alors que 21 ans, on avait douté qu'elle rejoue au tennis, semblant accaparée par d'autres centres d'intérêt, la mode ou la télévision.
En 2010, elle se taillada les pieds en marchant sur du verre brisé, puis en mars 2011, une embolie pulmonaire faillit lui coûter la vie. Ses déboires, et surtout la tragédie qui a frappé sa famille en septembre 2003 lorsque sa demi-soeur Yetunde fut tuée par balles à Los Angeles, l'ont rendue plus humaine aux yeux du public, dont une partie était fatiguée de la voir gagner.
Quelques mois avant, elle avait été sifflée à Roland-Garros, elle qui a pourtant toujours dit son amour de Paris, où elle possède un appartement. Ces gens n'imaginaient pas que dix ans plus tard, entraînée par le Français Patrick Mouratoglou, elle s'exprimerait dans la langue de Molière sur le court central.
A la tête d'un immense palmarès - 7 Open d'Australie, 3 Roland-Garros, 7 Wimbledon, 6 US Open et aussi treize titres du Grand Chelem en double avec sa soeur et quatre médailles d'or olympique (une en simple, trois en double) - Serena Williams ne semble pas atteinte par la lassitude.
Pourquoi le serait-elle alors qu'elle est de nouveau la patronne du circuit? Sur les dix derniers tournois majeurs, elle en a gagné six. Et tous ses objectifs n'ont pas été atteints. Le Grand Chelem, le vrai, qui consiste à gagner les quatre "majors" la même année, lui échappe toujours. Pour combien de temps?


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