​Rachid Bromi : La politique théâtrale ne va pas de pair avec l’ambition des professionnels


Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Mercredi 24 Juin 2015

​Rachid Bromi : La politique théâtrale ne va pas de pair avec l’ambition des professionnels
Sur le générique, Rachid Bromi est un compositeur musical. En réalité, il est l’homme qui a une large vision d’ensemble des travaux qu’il mène. Sa culture générale lui permet de jeter un regard différent sur le scénario, la scénographie, le dialogue, la musique, l’éclairage et l’atmosphère générale de la pièce. Et comme le théâtre fait partie de la vie, Bromi vit aussi en adoptant des positions bien claires sur les événements qui ont lieu dans notre quotidien… 

Libé : Bien qu’essentielle, la musique est une composante qui passe inaperçue dans les films, les pièces de théâtre et  dans les différents spectacles. Pourquoi cette mise à l’écart?
R.B : La musique conçue pour le théâtre ou pour le cinéma est perçue plutôt en tant que “sonorité”.  Ce n’est pas une musique simple, dans le sens large. Elle ne devance pas le visuel (ce qui se passe sur scène) mais le complète, l’enrichit et facilite sa mise en contexte. Il est courant dans la classification des sens de la perception que l’oeil l’emporte toujours sur l’oreille, quand le visuel et l’audio sont proposés simultanément.

Comment le musicien suédois et vous, avez-vous arrangé des styles musicaux relatifs à la dernière pièce “Spirit Level on the stage” ?
Tout d’abord, c’était un moment de plaisir de coécrire la musique de cette pièce avec Michael Vinsa. C’est un musicien qui a le sens de l’écoute et est très ouvert aux rythmes et mélodies hors de sa culture musicale. Cela a beaucoup facilité l’échange entre nous. Généralement, c’était une composition faite sur place, lors des  répétitions avec les interprètes, la metteure en scène et la chorégraphe. Tout le monde donnait son avis dans le sens d’harmoniser les différentes expressions artistiques du travail.

Où va le théâtre dans un pays comme le Maroc ?
C’est un long chemin à parcourir, mais plusieurs troupes de théâtre s’y mettent sérieusement pour sortir du goulot d’étranglement. Ceci dit, je crois que la politique théâtrale du pays ne va pas de pair avec cette ambition des troupes.

Vous étiez, récemment, en tournée au Maroc et en Europe. Y a-t-il des différences au niveau des  représentations, si oui lesquelles ?
Généralement non, mais il faut noter que les conditions diffèrent d’un pays à un autre. En Suède, les conditions techniques et artistiques de l’exercice théâtral sont plus importantes et le public dispose d’une grande capacité d’écoute et d’une tradition qui respecte le théâtre, en particulier, et les autres expressions en général.

Comment peut-on valoriser cet outil d’expression artistique et esthétique qu’est le théâtre dans notre pays ?
Tout d’abord, par le biais d’une politique culturelle cohérente et ambitieuse qui place la culture au centre du développement humain, une politique volontariste qui développe les infrastructures théâtrales et les met au service des artistes. Ensuite, il faudra régulariser le métier d’artiste à travers des lois et textes législatifs concrets garantissant les droits de l’artiste, sans oublier le besoin d’intégration des arts en général et du théâtre en particulier, dans le système éducatif marocain. 


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