​Pour le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères et de la Coopération, le Royaume est une fenêtre privilégiée pour l’ensemble de la région

Carlos de Icaza Gonzalez: Le Maroc est le meilleur endroit pour commencer une présence plus importante du Mexique en Afrique


Propos recueillis par Alain Bouithy
Lundi 8 Décembre 2014

​Pour le vice-ministre mexicain des Affaires étrangères et de la Coopération, le Royaume est une fenêtre privilégiée pour l’ensemble de la région
Le premier bureau commercial du Mexique en Afrique a ouvert récemment ses portes à Casablanca. Dépendante du ministère de l’Economie du Mexique, «Promexico» est chargée de la coordination des stratégies visant à renforcer la participation de ce grand pays d’Amérique latine dans l’économie internationale. 
Carlos de Icaza Gonzalez, vice-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Mexique et Francisco Gonzalez Diaz, ministre délégué de la Promotion commerciale et des Investissements et directeur général de Promexico, nous éclairent sur l’importance de cette institution et la politique que celle-ci compte mener pour booster les échanges commerciaux entre le Maroc et le Mexique, encore modestes. 
En effet, en 2012, « le commerce total du Maroc a atteint plus de 66 milliards de dollars et le Mexique a dépassé 761 milliards. C’est difficile à croire que nos échanges commerciaux  n’arrivent qu’aux 217 millions de dollars. C’est bien en deçà de nos potentialités, reconnaissait il y a peu son ambassadeur au Maroc, Andrés Ordóñez. 



Libé : Le Maroc a été choisi pour abriter le premier bureau commercial mexicain en Afrique. Quel message voulez-vous transmettre au milieu des affaires et pourquoi le Maroc ? 

Carlos de Icaza Gonzalez : Nous voulons d’abord exprimer le fait que nous avons l’ambition d’être plus présents en Afrique et que nous pensons que du point de vue géographique et stratégique, le Maroc est le meilleur endroit pour commencer une présence plus importante du Mexique sur le continent. Le Mexique  est aujourd’hui la 14ème économie mondiale et le premier exportateur de l’Amérique latine. 
Nous sommes présents notamment en Amérique du  Nord, nous avons des traités de libre-échange avec l’Europe, des pays latino-américains et d’Asie pacifique. Mais à l’exception de l’Afrique qui regorge de grandes opportunités et où nous ne sommes pas très présents. Nous avons donc choisi d’ouvrir notre bureau commercial international d’investissement au Maroc parce que nous croyons que c’est une fenêtre privilégiée pour l’ensemble de la région et je pense qu’il sera également une fenêtre pour tous les pays arabes.

Il vous en a fallu du temps avant d’ouvrir une représentation commerciale sur le continent. Quelles sont les raisons de cette longue absence et pourquoi aujourd’hui ?

Nous ne venons pas tard, dans la mesure où l’ouverture de cette représentation devait suivre un processus mis en place depuis de longues années.
Le Mexique a commencé un processus d’ouverture de son commerce international, il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, la moitié du revenu du PIB du pays provient de l’activité commerciale internationale.
Nous avons d’abord commencé dans notre région, l’Amérique, précisément avec les Etats-Unis qui sont juste à côté et qui se trouvent être le plus important marché au monde. Nous avons poursuivi avec les pays frères de l’Amérique latine, puis l’Europe, la Chine et le Japon, un peu plus tard. 
Nous avons effectivement remarqué qu’il y a des opportunités en Afrique dont nous n’avons pas pris connaissance avant. Ce à quoi nous nous attelons aujourd’hui, sachant qu’il n’est jamais trop tard de marquer une présence économique; d’autant plus que le processus d’internationalisation de notre économie se poursuit.
Nous avons décidé d’ouvrir notre premier bureau commercial au Maroc de par sa position  géostratégique privilégiée et après s’être bien renseigné sur les opportunités en jeu, l’état des communications et les besoins du pays.
Nos partenaires de l’Alliance du Pacifique, le Chili, le Pérou et la Colombie, nous rejoindront très prochainement : Promexico abritera alors les bureaux commerciaux des quatre pays.

Quels sont les secteurs qui pourraient intéresser les investisseurs mexicains au Maroc ?

Le Maroc nous intéresse d’abord en tant que base d’exportation pour le continent et la région d’Afrique du Nord. Nous sommes arrivés avec quelques entreprises importantes comme Bimbo (agroalimentaire) qui est le premier producteur et exportateur mondial de pain. Il y a Gruma dans le secteur agroalimentaire qui possède 101 usines à travers le monde et qui est le premier exportateur et producteur de maïs et de farine de pain. Ou encore Cemex dans le secteur de matériaux de construction (présente dans 50 pays) qui est le premier producteur et exportateur mondial de béton.
D’autres PME et entreprises sont également  intéressées d’abord de connaître le marché local, d’assimiler les règles en vigueur et de  voir comment elles peuvent s’implanter. Ce n’est donc qu’un début.

Le Maroc a une longue expérience sur le continent. Envisageriez-vous des partenariats pour élargir votre présence en Afrique ?

Ce n’est pas exclu. Pour le moment, nous devons d’abord nous renseigner davantage sur ce marché que nous connaissons que très peu. 
Par contre, nous sommes persuadés que l’idée de s’implanter au Royaume est excellente et que la distance entre nos deux pays ne constitue pas un obstacle. Elle est, à la limite, pas importante. Ce qui l’est, c’est la connectivité et plus de communication qui doivent exister entre nous. Et le bon sens veut que nous commencions ici.

Le Mexique a lancé il y a quelques années plusieurs réformes structurelles. Où en sont-elles aujourd’hui ?

Nous sommes aujourd’hui l’économie émergente qui a fait les plus grandes réformes structurelles. Nous en avons fait au total 11 en deux ans portant sur l’énergie, afin d’exporter davantage de  pétrole et de gaz, la fiscalité, le travail, l’éducation et la politique, entre autres. Toutes ces réformes permettront à l’économie mexicaine d’être plus compétitive et de poursuivre la modernisation du pays.

Hors pétrole, quels sont les secteurs qui pourraient intéresser les opérateurs économiques marocains ?

Le pétrole représente seulement 10% des exportations mexicaines. Par contre, 60% des exportations sont essentiellement des produits industriels, surtout du secteur électronique et des appareils. Le Mexique est, à titre d’exemple, le premier producteur mondial d’écrans plats, le quatrième exportateur mondial des automobiles et a une grande expérience sur les smartphones. Ce sont là quelques-unes des nombreuses potentialités qui pourraient intéresser les opérateurs marocains. Il y a d’autres produits comme le béton, l’industrie du pain, la farine du maïs qui pourraient tout aussi les intéresser.

Vous êtes leaders dans de nombreux secteurs. Comment expliquez-vous que cela soit peu connu ?

Nous sommes ici pour justement faire connaître le succès de nos entreprises à l’international. Ceci dit, nous étions jusqu’aujourd’hui plus tournés vers le marché américain, ce qui explique cela.  Ce qu’il faut savoir, c’est qu’entre le Mexique et les Etats-Unis, il y a chaque jour 800 vols aériens et 1 million de personnes qui traversent la frontière d’une façon légale ou irrégulière. Par ailleurs, le Mexique exporte toutes les minutes vers le marché américain, l’équivalent d’un million de dollars. Evidemment tout cela a commencé avec l’accord de l’ALENA (USA-Canada-Mexique) et d’autres traités de libre-échange ont suivi après quelques étapes. C’est-à-dire, nous avons négocié un accord de libre-échange avec l’Europe, le Japon et d’autres pays latino-américains. Ce sont donc des étapes qui ont réussi et maintenant nous voulons être présents en Afrique. 


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