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​Participation remarquée de l’USFP au séminaire de l’Alliance progressiste à Manille

«Le Maroc : entre migration et accueil d’immigrés, une expérience prometteuse»


Par Zohra Lhioui
Vendredi 17 Octobre 2014

​Participation remarquée de l’USFP  au séminaire de l’Alliance progressiste à Manille
De Tanger à Manille, la question de la migration est au cœur des préoccupations des socialistes, des sociaux-démocrates, des organisations des droits humains et des syndicats progressistes. Les 2 et 3 mai 2014, s’est tenue à Tanger la réunion du Comité sur les migrations de l’Internationale Socialiste  intitulée «Humaniser la migration» et dont l’USFP a été l’hôte et l’organisateur. La déclaration de Tanger, à l’issue de cette rencontre, a salué l’effort du Maroc visant à régulariser la situation des migrants sur son territoire et a placé  en tête de ses conclusions la revendication du phénomène migratoire comme un fait positif, la reconnaissance du droit des personnes à émigrer en quête d’une vie meilleure et en même temps comme un ius migrandi universel et le soutien de la lutte de tous les pays contre les mafias qui œuvrent dans le trafic des personnes humaines et la lutte contre l’émigration irrégulière.
A Manille, aux Philippines, l’Alliance progressiste a choisi comme thème de son séminaire «Le travail décent et la migration»  s’inscrivant ainsi  dans le même souci d’humaniser la migration dans le cadre de la reconnaissance des droits de l’Homme et du respect de la dignité au travail. Du 29 au 30 septembre 2014, plus de 40 partis, organisations et syndicats progressistes se sont réunis pour débattre et échanger à ce sujet avec pour objectif ultime la lutte contre la pauvreté, la garantie d’un travail décent et d’un salaire suffisant pour tous les travailleurs afin de construire des sociétés socialement équitables et justes. 
Le document de travail proposé par l’Alliance progressiste, et qui a été adopté, part du constat d’une précarisation inquiétante, chiffres à l’appui, des conditions de travail et de vie des migrants à travers le monde: «Au cours des dernières années, les conditions de travail se sont dégradées dans le monde entier : peu de sécurité du travail, salaires faibles, lacune au niveau de la protection sociale et des représentations syndicales. Les employés les plus vulnérables dans le monde entier sont les travailleurs migrants. 
En 2013, le nombre de migrants a dépassé les 232 millions, la moitié d’entre eux étant des travailleurs migrants. Plus de 25% des immigrés du monde entier viennent d’Asie. A l’heure actuelle, 30 millions de travailleurs asiatiques sont employés à l’étranger et la tendance est à la hausse. D’une part, la mondialisation économique et la libéralisation du commerce ont supprimé de nombreux emplois et augmenté les pressions migratoires. La réduction et l’insécurité de l’emploi, des salaires bas et l’absence de politique active du marché du travail ont accéléré la fuite des travailleurs. Des pays tels que les Philippines et le Mexique viennent étayer cette corrélation. D’autre part, la structure de l’économie, un déficit de main-d’œuvre et de qualifications, des changements démographiques sont autant de facteurs clés orientant la demande vers des pays d’accueil tels que Singapour ou l’Allemagne».  
Ajoutons à cela tous les défis auxquels doivent faire face les migrants : «Premièrement, la difficulté psycho-sociale de la vie loin de leurs familles, y compris de leur conjoint et de leurs enfants, tout en essayant de maintenir des relations avec eux, et la difficulté à trouver un groupe de soutien dans les pays d’accueil. Deuxièmement, l’intégration dans les sociétés d’accueil est rendue difficile en raison de la discrimination et de la marginalisation sur la base de la race et de l’origine ethnique, ainsi que le défi de la réinsertion dans leur pays d’origine après avoir vécu une vie difficile à l’étranger. Troisièmement, la protection très limitée des droits individuels et des libertés civiles, en particulier dans les pays gérés par des gouvernements conservateurs et autoritaires. Quatrièmement, le fait de travailler dans un environnement qui traite les travailleurs migrants comme des citoyens de seconde classe, avec de fausses promesses de la part de recruteurs et d’employeurs, et le vaste réseau de traite, d’exploitation et d’abus». 
C’est le parti philippin Akbayan Citizins’Action (Parti de l’Action citoyenne) qui a abrité et organisé cette rencontre en collaboration avec SOCDEM Asia (le Réseau de la social-démocratie en Asie est un groupe de partis politiques, de politiciens progressistes, d’universitaires et de militants de la région qui partagent des valeurs et des perspectives socio-démocrates. Il vise à renforcer l’alternative sociale démocratique en approfondissant et en élargissant le discours de l’Asie, l’offre et l’élaboration de politiques axées sur l’avenir, et en mettant en valeur les meilleures pratiques de partis sociaux-démocrates, des politiciens et des mouvements sociaux).
Akbayan est un jeune parti socialiste philippin, créé officiellement en janvier 1998 par son Congrès national fondateur et né de la protestation à la dictature de Marcos. En mai de la même année, le nouveau parti a testé sa force en participant aux élections locales et remportant des sièges à la Chambre des représentants, dans divers organismes gouvernementaux et administrations locales. Akbayan a réservé un accueil chaleureux aux délégations qui ont participé au séminaire de l’Alliance progressiste et offert de bonnes conditions de travail.
Parmi les principales plateformes d’Akbayan, on retrouve celle pour le travail décent, qui vise à garantir les droits et le bien-être des travailleurs à travers le pays et les droits des travailleurs migrants philippins. L’économie philippine a subi le double revers de l’ajustement structurel et de la mondialisation économique. La libéralisation des échanges, la privatisation et la retraite du gouvernement à de simples fonctions de réglementation pour le marché ont étouffé la croissance économique et tout permis, sauf l’effondrement de l’industrie. La tendance à la hausse de la flexibilité du travail a aggravé les conditions pour les travailleurs, le travail contractuel domine les pratiques du secteur des services, au détriment de la sécurité de l’emploi et des droits des travailleurs à une vie dans la dignité. 
Cette situation de l’emploi aux Philippines a poussé des millions de Philippins à émigrer et les restrictions imposées par la mondialisation à propos de la circulation des travailleurs ont donné lieu à une myriade de problèmes, y compris le trafic de main-d’œuvre ainsi que le trafic et l’abus sexuel. En 2012, le nombre total de travailleurs migrants philippins était de 10.455.788, principalement au Moyen-Orient, en Europe et en Asie du Sud-Est. Il a été rapporté en avril 2014 que le total des transferts de fonds des travailleurs migrants était de 7.392 milliards USD. L’ironie de la situation réside dans le fait que les revenus ou les transferts de fonds des travailleurs désemparés et privés de leurs droits par l’ordre économique mondial sont précisément la bouée de sauvetage de l’économie philippine.
L’USFP a été représentée à ce séminaire par Zohra Lhioui, présidente de la Commission des relations extérieures. Elle est intervenue lors du programme de la deuxième journée pour exposer et partager l’expérience prometteuse du Maroc en matière de migration, ce qui a suscité un intérêt particulier des participants d’autant que le Maroc vient à peine de commencer, en 2013, une campagne de régularisation de la situation de résidence d’émigrés venant de pays subsahariens et de pays arabes ayant connu un Printemps arabe dramatique.
«L’expérience du Maroc, dans ce sens, est récente mais combien prometteuse. SM le Roi Mohammed VI et plusieurs membres du gouvernement ont décidé, lors d’une réunion tenue le 11 septembre 2013 suite à un rapport du Conseil national des droits de l’Homme, qu’il est temps que le Maroc procède à la régularisation de la situation de résidence de tous les émigrés étant donné que sous l’effet de la crise économique mondiale, une nouvelle forme d’immigration a vu le jour. Cette immigration provient des pays du Nord de la Méditerranée tels que l’Espagne, la France ainsi que d’autres pays européens et même asiatiques dont les Philippines. Mais depuis, le Maroc a dû accueillir une autre catégorie d’émigrés venant d’Orient et fuyant les drames résultant de ce qu’on appelle le Printemps arabe (Syrie, Irak, Libye …)».
 Elle a également soulevé les défis qui attendent le Maroc devenu «pays d’accueil d’immigrés» : «En devenant un «grand pays d’immigration », le Maroc se trouve face à des défis extrêmes. Le premier étant la mise en place d’une politique d’intégration des étrangers, selon une approche humaine, dans le respect autant des engagements internationaux du Maroc que des droits des migrants, je dirais une politique qui serait de nature à permettre à ces migrants l’accès à un travail décent et à leurs enfants, la scolarité. Le deuxième défi et non des moindres : le renforcement de la lutte contre le racisme à l’égard des migrants subsahariens. Dans son rapport, le CNDH indique que «le Maroc est à la fois une grande terre d’émigration depuis la première vague de la Première guerre mondiale et une terre d’immigration et d’accueil, même si la conscience collective n’a pas intégré cette donnée historique». En effet, les ONG dénoncent des cas de racisme à l’encontre des migrants subsahariens au Maroc. Les associations et les ONG de défense des droits de l’Homme mettent en place des projets, des programmes et des campagnes de sensibilisation et de lutte contre le racisme ainsi que des projets de formation professionnelle à l’intention des émigrés subsahariens dans la perspective d’une intégration dans le monde du travail».
Et pour conclure, Zohra Lhioui a rappelé que «le Maroc dispose aujourd’hui du meilleur cadre juridique dans la région organisant le séjour des étrangers. Il y a d’abord la Constitution du Royaume qui garantit le principe de non discrimination, le droit à l’asile ainsi que l’égalité dans l’exercice des droits entre citoyens et étrangers. Ensuite, la loi 02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers et à l’émigration et l’immigration irrégulières. Il existe surtout une unanimité au Maroc autour de la nécessité de la mise en place d’une réelle politique d’émigration fondée sur l’approche humaniste».
Toutes les interventions de la deuxième journée, le mardi 30 septembre, ont porté sur la dégradation scandaleuse des conditions de travail des migrants, sur l’inquiétante progression de leur nombre qui a atteint les cinq millions dans le monde. Les représentants de syndicats philippins ont dénoncé la prolifération de mafias de l’émigration qui sont à l’origine des endettements et de toutes les souffrances psychologiques des émigrés. Un autre problème d’une intense gravité a été soulevé par ces derniers, il s’agit de la montée de la xénophobie à l’égard des émigrés partout dans le monde. Ils ont également pointé du doigt les pays qui refusent les syndicats des travailleurs émigrés sur leur terre, qui exploitent et maltraitent les émigrés, narguant de cette façon les conventions et accords  internationaux ainsi que les droits de l’Homme et la dignité de la personne.
Parmi les solutions proposées par les intervenants, il y a en premier lieu l’approche politique de l’émigration, la promotion de la migration légale et ensuite l’approche humaine ; l’accent a été également mis sur l’utilité des accords bilatéraux et internationaux en matière d’émigration, sur l’importance des syndicats, de la protection sociale, de la sécurité de l’emploi, conditions susceptibles de garantir un environnement de travail décent. 

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