“Missa” : L'absurde dévoilé



​Moha Souag, Abdellah Baida et Halima Hamdane lauréats du Prix Grand Atlas 2014


Mehdi Ouassat
Vendredi 31 Octobre 2014

​Moha Souag, Abdellah Baida  et Halima Hamdane lauréats  du Prix Grand Atlas 2014
Pour sa 21ème édition, le Prix Grand Altlas a récompensé, mercredi dernier, à la Bibliothèque nationale de Rabat, les écrivains Mouha Souag, Abdellah Baida et Halima Hamdane.  
Moha Souag a remporté le Grand prix, dans la catégorie «Littérature générale»,  pour son roman «Nos plus beaux jours», où il peint les personnages de deux femmes, flamboyantes et rebelles. Le narrateur journaliste rencontre la première, Mouna, dans le train qui le mène vers la deuxième, Fadela. Une vieille qui a vu tous ses rêves brisés par la mesquinerie des contraintes sociales. Mouna, née peut-être à un meilleur moment, assume avec une force tranquille, ses audaces et sa liberté. Ecrivain amazigh de langue française, Moha Souag écrit avec « une connaissance vraie des milieux qu’il évoque, un respect pour les protagonistes de la fable qu’il concocte, la mesure juste des pesanteurs de la société, du poids de l’histoire, des contraintes subies et de l’espoir préservé», comme le souligne Salim Jay dans son dictionnaire des écrivains marocains. 
 La conteuse Halima Hamdane a, pour sa part, été primée dans la catégorie  «Littérature Jeunesse»,   pour «Hdidane le rusé ». Il s’agit de  l’histoire d’Ali qui rêve de partir à la Mecque à pied. Le jour où il est sur le point de partir, ses trois fils le supplient de les emmener avec lui. L’aîné, le cadet et le petit Hdidane, tous obtiennent gain de cause, à condition qu’ils marchent sans s’arrêter ni se plaindre.  « Hdidane le rusé » est un conte traditionnel des plus connus et qui ont bercé l’enfance d’une grande partie des Marocains. Son édition permet de faire connaître ce classique de la littérature orale marocaine aux nouvelles générations. 
De son côté, Abdellah Baida a été récompensé par le prix du public "Culturthèque" ainsi que par  celui des étudiants pour son premier roman «Le Dernier Salto», où ce professeur et chercheur en littérature suit le mouvement ternaire de sa figure de référence pour faire remonter à la surface les souvenirs et les instants marquants de son existence. Un récit ponctué d’élévations et de chutes où le saut, qui se veut initialement expérience corporelle, devient sublimation spirituelle. 
«En écrivant et publiant son premier roman, il rejoint tous ces auteurs qui, depuis Khair-Eddine à Mohamed Leftah en passant par Edmond El Maleh ou Mostafa Bouignane, jalonnent les critiques littéraires », précise Jean Zaganiaris, enseignant et chercheur au CERAM/EGE de Rabat et critique. «Le Dernier Salto n’est pas une histoire littéraire dont on pourrait faire le résumé mais plutôt d’un voyage au sein d’univers multiples et entremêlés », poursuit-il. « Chaque lecteur aura son interprétation en lisant ce roman important qui, au même titre que les productions récentes de Youssef Wahboun, Boutaina Azzami, Mamoun Lahbabi, Baha Trabelsi, Lamia Berrada Berca ou Hicham Tahir, fait partie de cet envol que connait actuellement la littérature marocaine », souligne-t-il, avant de conclure : « Réussir l’exercice d’écrire un roman, comme l’a fait Abdellah Baida, c’est apporter une pierre supplémentaire à ce bel édifice qu’est la littérature marocaine.  Et inscrire tout un univers social au cœur de l’immortalité ».
Etaient également nominés pour le Prix Grand Atlas, hormis les lauréats, Bahaa Trabelsi pour "Parlez-moi d'amour", Youssouf Amine Elalamy pour "Amour nomade", Driss C. Jaydane pour "Divan marocain", Naïma Lahbil Tagemouati pour "La liste", Aissa Ikken pour "Un couple deux religions" et Elmehdi Elkourti pour "Les cinq gardiens de la parole perdue".
Pour ce qui est du jury de cette édition, il a été présidé par Jean-Christophe Rufin. Ecrivain, académicien et ancien dirigeant de Médecins sans frontières et d'Action contre la faim, Rufin a consacré plus de vingt ans de sa vie à travailler pour des ONG au Nicaragua, en Afghanistan, aux Philippines, au Rwanda et dans les Balkans. Il a été entouré par de grandes figures de la littérature, toutes attentives aux nouvelles voix et formes de la littérature contemporaine, notamment l’universitaire Assia Belhabib, l’agent littéraire Pierre Astier, le libraire tangérois Ahmed Abbou et la critique littéraire Kenza Sefrioui, lauréate du Prix Grand Atlas 2013.
Il est à rappeler que ce Prix, organisé par l’ambassade de France au Maroc, en partenariat avec la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), pour valoriser la création littéraire et éditoriale francophone, est dédié à la fiction et représente une invitation à la lecture et un écho de la rentrée littéraire. Son succès réside, selon Driss Khrouz, directeur de la BNRM, « dans sa capacité à incarner le débat sociétal au Maroc, à s’interroger sur ses paradoxes et ses contradictions, ses aspirations, ses doutes, et à se positionner comme un média culturel de premier ordre face à une actualité bouillonnante et à une société en proie à de profondes mutations».    


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