​Les femmes salariées travaillent plus que les hommes

Le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi a présenté officiellement, mardi dernier à Rabat, les grandes lignes de l’Enquête nationale sur le budget temps des Marocains. Au lendemain de la grève du 29 octobre 2014, il n’est pas superflu d’estimer le temps que consacre, de manière générale, le Marocain à son métier. Le sondage dévoile, ainsi, que le temps professionnel destiné aux activités de production de biens et services marchands occupe 14% (3H20mn) de la journée d’un Marocain âgé de 15 ans et plus, soit 26 mn de plus que le Français et 8mn de moins que le Tunisien. Quoique les personnes âgées en l’occurrence de 25 à 59 ans accordent plus de temps que les autres aux activités professionnelles, soit 4h.
M. Lahlimi tient à préciser, à ce sujet, que cette moyenne est de 7h27mn pour les salariés, 6h56mn pour les employeurs, 6h35mn pour les  indépendants  et de 4h55mn pour les aide-familiales. Les ruraux, pour leur part, consacrent 32 mn de plus que les citadins.
Dans la foulée, l’enquête a relevé un fait avéré dans le Royaume : les activités professionnelles sont d’abord masculines puisqu’il leur consacre 4 fois plus de temps que la femme. En détail, ces activités prennent 5h25mn du temps masculin, soit 1h45 mn de plus qu’en France et 33 mn de plus  qu’en Tunisie. «Nos femmes, quant à elles, leur en consacrent 1h21mn, 42 mn de moins que la femme française et 18mn de moins que la femme tunisienne», souligne M. Lahlimi avant d’ajouter que l’écart entre les moyennes masculine et féminine renvoie à l’accès limité des femmes au marché du travail et à la prépondérance du statut professionnel « Aide-familiale » dans les activités qu’elles occupent quand elles sont actives occupées. Quant aux autres femmes actives, la durée de temps passé est de 4h44mn, passant de 6h11mn en milieu urbain à 3h45mn en milieu rural. Ce temps varie entre 7h00 parmi les femmes «ouvrières, artisanes et manœuvres» et 4h47mn pour les «cadres et professions libérales». Au-delà de l’âge de 60 ans, 43% des hommes en moyenne, 29% en milieu urbain et 65% en milieu rural, continuent à exercer des activités professionnelles. De leur côté, 24% des femmes, avec 8% en milieu urbain et 47% en milieu rural, connaissent le même phénomène. Il s’agit, en général, de chefs de ménage exerçant des emplois d’«exploitants ou ouvriers agricoles». 
Réalisée auprès de 9200 ménages, cette enquête dont les données ont été collectées d’octobre 2011 à septembre 2012, a été répertoriée, outre le temps portant sur la sphère professionnelle, en quatre rubriques, à savoir physiologique, domestique, éducative et enfin sociale.
Sur le registre des activités domestiques où le temps occupe 12%  de la journée des Marocains, le Haut-commissariat au plan met sur le haut du pavois un fait important : les femmes consacrent 7 fois plus de temps que les hommes. En effet, selon l’enquête, 45% de ces derniers y consacrent en moyenne 43mn par jour, presque 3 fois moins qu’un Français et 10 mn de moins qu’un Tunisien. Ce temps varie de 39 mn en milieu urbain à 50 mn en milieu rural. 
«95% des femmes contribuent aux tâches ménagères en leur consacrant 5h00 en moyenne par jour, 1h12mn de plus que la femme française et 29 mn de moins que la femme tunisienne. Cette moyenne varie de 4h38mn en milieu urbain à 5h33mn en milieu rural», affirme M. Lahlimi avant de préciser que les tâches strictement ménagères (cuisine, lessive, ménage, rangement, etc.) mobilisent 4h33mn de la journée des femmes. Les activités connexes exercées à l’extérieur du domicile (courses, règlement de factures, procédures administratives, etc.) en mobilisent 27mn et sont exécutées en particulier par des femmes chefs de ménages.
Concernant le temps physiologique alloué aux activités destinées à la reproduction des capacités physiques et mentales des individus, comme le sommeil, les repas et les soins personnels, il occupe 10h36mn soit 44 % de la journée des Marocains, d’après l’enquête. Avec 8h21mnn de sommeil, les Marocains dorment ainsi 52 mn de moins que les Français et 20 mn de plus que les Tunisiens, alors qu’ils mettent 1h28mn à prendre leurs repas, soit 45 mn de moins que les Français, note l’enquête.
De fil en aiguille, le sondage met en exergue que le nombre de ces repas est de 1 à 2 repas par jour pour 6% des Marocains. Il passe à 3, 4 et 5 et plus pour respectivement 28%, 47% et 19% d’entre nous. La répartition temporelle des repas montre que 52% des Marocains prennent le petit déjeuner entre 7h et 9h, 75% déjeunent entre 12h30mn et 14h30mn et 67% dînent entre 20h et 22h. 13% des Marocains, 22% des hommes et 4% des femmes, prennent le repas à l’extérieur de leur domicile.
Pour ce qui est du temps libre, l’enquête du HCP précise qu’il est en moyenne de 6h40mn, ce qui représente 28% de la journée d’un Marocain âgé de 15 ans et plus. Les citadins y consacrant 28mn de plus que les ruraux. En moyenne, les Marocains passent, avec 2h14mn, 33,6% de leur temps libre à regarder les programmes de la télévision; ils en consacrent 14,8% avec 59 mn, aux pratiques religieuses, le reste où le sport et la lecture ne représentent chacun que 2 mn, est partagé entre sieste, fréquentation de cafés, oisiveté ou mondanités entre famille ou amis et autres activités. L’accès à Internet prend 9 mn en moyenne par jour, 1 mn en milieu rural et 14 mn en milieu urbain, temps destinée à 83% à des fins récréatives. Cette moyenne passe à 1h53mn pour 8% d’entre eux. La fréquentation des cafés reste une activité typiquement masculine. 1% des femmes et 25% des hommes passent une partie de leurs loisirs dans ces lieux, les hommes y restent en moyenne 1h54 mn par jour. Par ailleurs, la fréquentation de la télévision s’étale sur toute la journée et reste très concentrée le soir. A 7 heures du matin, près de 15% des Marocains âgés de 15 ans et plus, au nombre de 3,5 millions, sont devant la petite lucarne. A 13 heures, cette proportion atteint près de 19% (4,5 millions de citoyens). Le soir, la part des téléspectateurs atteint son pic à 20 heures et demie où un peu plus de la moitié des Marocains (50,5%) regardent le petit écran. Ce pourcentage ne commence à baisser qu’à partir de 21 heures et demie pour atteindre près de 31% à 23 heures. Ensuite, la part de téléspectateurs atteint 19% à 23 heures et demie et 13% à minuit.  
Concernant les activités d’éducation et de formation, présentes essentiellement dans le milieu des élèves et des étudiants, elles prennent 3h45mn du temps de la classe d’âge de 7 à 14 ans, 1h41mn de celle de 15 à 24 ans et 3 mn de celle des 25 ans et plus, avec une moyenne nationale de 61 mn, fait savoir le sondage.
A propos de ce dernier pilier, M. Lahlimi a tenu à déclarer qu’«au regard de ces chiffres et de la situation actuelle, le mode de transmission à nos enfants des valeurs, des comportements et des savoirs qui prévaut dans notre pays, devrait être au centre de nos préoccupations à tous, parents, enseignants et responsables politiques. Nous devons être particulièrement interpellés par l’impact de nos comportements au sein de nos familles, de la qualité de nos programmes scolaires et du niveau de généralisation et de qualité de notre enseignement pré et parascolaire, du contenu des programmes de télévision, du niveau des équipements sportifs et sociaux dans les douars et quartiers sur le territoire national. C’est dans ces domaines que se joue l’avenir de l’insertion de notre jeunesse d’aujourd’hui et de nos acteurs économiques et sociaux de demain dans la vie nationale et de leur protection des situations névrotiques à l’origine des violences de toute sorte». Le la est ainsi donné par le Haut-commissaire au plan qui a également tenu à soulever, à cette occasion, un autre problème ayant trait à plusieurs auteurs d’articles qui préfèrent se baser sur des informations glanées auprès de la BM ou de la BAD alors que c’est le HCP qui leur a fourni en en première place ces données ! Pis encore, tonne-t-il, certains croient que ces dernières sont carrément faussées ! C’est dire, a-t-il regretté, que la confiance ne règne pas du tout en nos ressources à cause d’une dévalorisation patente de nos recherches et expertises.