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​Le coup d’épée dans l’eau de Rachid Belmokhtar

Le ministre de l’Education nationale tire des balles à blanc sur les cours particuliers


Hassan Bentaleb
Samedi 20 Décembre 2014

​Le coup d’épée dans l’eau de Rachid Belmokhtar
Rachid Belmokhtar veut interdire les cours particuliers. Il vient de signer une note interdisant  aux enseignants  de dispenser  des cours privés à titre payant à leurs élèves. Les contrevenants risqueront, selon lui, des mesures disciplinaires conformément aux dispositions législatives et organiques en vigueur.   A ce propos, le  ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle a demandé aux directeurs des Académies régionales et des délégations provinciales de prendre les mesures nécessaires pour permettre aux parents d’élèves  de dénoncer toute contravention et de traiter avec célérité et rigueur leurs doléances. 
Pourtant, les spécialistes sont unanimes à considérer que la nouvelle décision de Rachid Belmokhtar n’est qu’une note de plus qui s’ajoute à d’autres documents similaires demeurés inappliqués depuis des décennies. En effet, le MEN n’est pas à son premier coup d’essai en la matière mais rien ne semble éradiquer ce phénomène qui a pris, au fil des années, des proportions démesurées et qui entache le sombre tableau de l’Education nationale.
Pour ces spécialistes, le ministre a l’obligation d’éclairer l’opinion publique sur le bilan des mesures prises préalablement par son département pour éradiquer les cours particuliers payants. En fait, beaucoup d’entre eux s’interrogent sur le sort qu’il a réservé à la batterie de mesures qu’il avait annoncées dans une lettre datée du 26 septembre dernier et adressée au Groupe UMT à la Chambre des conseillers en réponse à une question écrite. Dans ce même sens, ils se posent des questions sur ce qui est advenu du projet de création au niveau de chaque Académie régionale d’une commission d’éthique chargée de recueillir et d’examiner  les plaintes des parents et du projet d’institutionnalisation des cours de soutien scolaire gratuit aux élèves du primaire et du secondaire ainsi que de l’organisation de sessions  de formation destinées à soutenir et à mettre à niveau les élèves des dernières années de chaque niveau scolaire.    
Ces même experts s’interrogent sur le devenir de la généralisation des centres d’écoute et de médiation destinés à offrir un cadre institutionnel à l’accueil et au soutien des élèves en difficulté d’apprentissage  ainsi que de la réglementation afférente aux heures supplémentaires effectuées par les enseignants de l’enseignement public dans les établissements privés et de l’abrogation de la Note n°109. 
Last but not least :  qu’en est-il des opérations de contrôle menées par le MEN au sein des établissements scolaires privés et de celles concernant le renforcement du contrôle pédagogique notamment au niveau de la vérification des mécanismes du contrôle continu, de leur correction et notation ?  En effet, jusqu’qu’à présent, aucune donnée n’a été communiquée à propos desdites opérations et encore moins sur les mesures disciplinaires prises à l’encontre des enseignants contrevenants. 
En attendant l’opérationnalisation de toutes ces mesures et que le ministre de l’Education nationale  prenne son courage à deux mains, les élèves et leurs parents  seront toujours soumis à un véritable chantage de la part de leurs enseignants qui les obligent à prendre des cours, moyennant une rétribution conséquente et hors de portée des bourses moyennes. Une pratique qui ne relève plus de la pédagogie, mais du lucre le plus abject et qui échappe à toute imposition fiscale puisqu’elle s’effectue au noir et en toute illégalité. 


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1.Posté par BEHRI ABDELAAZIZ le 19/12/2014 20:36
Je vous rappelle que les coups d'épée dans l'eau ne sont pas toujours vains car si celle-ci gèle, ils la brisent. En effet, qui cherche inlassablement une solution finit par en trouver. Ayant été moi-même enseignant, je répondais toujours à ceux qui disaient que ce secteur était le plus propre de tous qu'ils avaient tort. Injustice, vol, fraude, abus de pouvoir, provocation, attouchements, prévarication, faux témoignage... autant de vices qui pourrissent ce corps. Du reste, la vie est à l'image de l'école qui en forme les acteurs. En effet, il est notoire que le rôle primordial de l'école est de policer les mœurs en corrigeant les défauts acquis au sein de la famille et dans la rue. Aux yeux des élèves, le meilleur exemple est celui du maître. Malheureusement, dans notre pays, les enseignants prêchent par le mauvais exemple et ,partant, ne forment que de mauvais citoyens.
Quant aux heures supplémentaires, ce n'est ni le ministre et ses notes, ni les directeurs des académies, ni les délégués qui vont les interdire. Le champ d'action est circonscrit dans l'établissement. Intramuros, dirait l'autre. Le premier agent de lutte est le directeur qui connaît tous les enseignants et, à moins qu'il ne se laisse corrompre lui aussi, il est en mesure d'agir positivement en dénonçant les contrevenants. Ensuite les parents d'élèves qui déboursent. Ils doivent cesser d'acheter les notes - en fait il ne s'agit que de cela- en contrôlant mieux le travail de leur(s) enfant(s). Enfin, et c'est le plus important, il faut intervenir au niveau des bénéficiaires, c'est-à-dire les apprenants eux-mêmes. On doit les sensibiliser, surtout les plus brillants, à lutter contre les heures illégales. Je propose qu'une commission composée du directeur de l'établissement, du président de l'association des parents et de quelques élèves tienne une réunion avec tous les professeurs pour les mettre en garde puis de passer dans les classes pour avertir les élèves qu'ils s'exposent à des sanctions s'ils payent des cours.
Il existe des élèves médiocres qui ont besoin de cours de soutien et des élèves brillants qui aspirent à aller dans les grandes écoles, me dira-t-on. Dans ce cas précis, le professeur doit obtenir une autorisation qui sera délivrée au postulant en fonction de sa compétence et son honnêteté morale et il lui sera interdit de dispenser des cours à ses propres élèves. Cependant cette lutte sera d'autant plus difficile que l'on monte dans les niveaux, surtout dans les classes supérieures où les agrégés, avec la bénédiction des directeurs, agissent en maîtres absolus et gare aux récalcitrants. A tel point que pour réussir, il faut être intelligent et riche, deux conditions sine qua non. Et je vous laisse imaginer ce que ces candidats vont faire pour récupérer tout l'argent que leurs parents auront donné. Y a-t-il pire injustice?
Le ministre ne peut pas se contenter d'assister à la déliquescence très avancée de l'école. Il doit agir, ne serait-ce que par acquit de conscience mais il nous appartient de prendre part à cette lutte en tant que père, frère, parent ou simplement citoyen.

2.Posté par Belhajilali le 20/12/2014 11:11
Le phénomène des cours payants auxquels beaucoup d'enseignants soumettent parents et élèves, est une tare de notre enseignement ,qui date du début des années soixante dix. C'est une conséquence de la politique suivie en haut lieu dans ce secteur clé ,conséquence directe de la marocanisation des cadres improvisée sous les pressions des partis politiques de l'opposition ,mais qui n'auraient jamais accepté ,faut-il le rappeler ,qu'elle fût si mal préparée.Pas seulement,en vérité,au début de la deuxième moitié des années soixante,avait commencé l'exécution d'un plan infernal consistant à exclure le plus grand nombre d'élèves par l'institution des examens normalisés au collège ;seuls 44% de l'effectif devaient atteindre le lycée en attendant d'autres obstacles...Du coup ,la place au secondaire vit sa cote monter et pour se la payer,les intéressés se mirent à quêter des cours payants dans l'espoir d' obtenir des moyennes élevées .C'est ainsi que petit à petit,le recrutement massif des chargés de cours sans connaissances pédagogiques,très mal payés d'ailleurs, et les quotas imposés pour l'accession au secondaire donnèrent au cours payant ses lettres de noblesse.
L'actuel ministre qui multiplie les sorties,les communiqués et voudrait remédier à ce problème, sait qu'il est vain de s'attaquer aux enseignants si les causes profondes qui ont conduit à la pratique des cours privés persistent.Quand on veut réformer,on doit commencer à la base .Un travail sérieux doit être entrepris pour revoir de fond en comble le système :les programmes,le volume des matières,leur contenu hyper dense,la répartition,les horaires ,les effectifs dans les salles,le fiasco de la politique du livre scolaire officiel,les compositions normalisées ,

3.Posté par BEHRI ABDELAAZIZ le 21/12/2014 14:13
A l'origine, les chargés de cours étaient des instituteurs ou de simples répétiteurs qui étaient chargés de l'organisation des rangs, de la surveillance des couloirs et de la paperasse administrative. Ils étaient recrutés parmi les non-bacheliers. Mais après le départ des coopérants, décision trop hâtive et purement politique, comme l'arabisation d'ailleurs, le ministère s'était trouvé acculé. Les élèves ne pouvant rester sans professeurs, les responsables s'étaient mis à recruter des enseignants tout-venant. Les bons instits avaient dû quitter le primaire et des répétiteurs l'administration. Ces gens-là, dont certains étaient polyvalents, avaient appris sur le tas. D'aucuns avaient réussi dans leur nouvelle mission mais la majorité n'avaient malheureusement appris aux élèves qu'à désapprendre. On a créé par la suite les CPR qui ont porté le coup de grâce au primaire et au secondaire, en même temps. Je connais des répétiteurs qui avaient enseigné la physique-chimie au lycée. Comme l'a dit M. Belhajilali, les responsables de l'état actuel de notre école , ce sont les partis politiques ; en voulant forcer la main au gouvernement, ils ont tordu le coup à l'école comme une oie.

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