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​L’autre combat des femmes marocaines : L’accès à des services de santé de qualité

Célébration de la Journée internationale d'action pour la santé des femmes


Alain Bouithy
Mercredi 27 Mai 2015

​L’autre combat des femmes marocaines :  L’accès à des services de santé de qualité
C’est ce jeudi 28 mai que sera célébrée la Journée internationale d’action pour la santé des femmes. Peu médiatisée que la Journée mondiale de la femme et la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, fêtées respectivement les 8 mars et 25 novembre de chaque année, cette date garde pourtant toute son importance à certains égards.
En effet, cette journée rappelle un problème des plus préoccupants, celui de l’accès de la femme à des services de santé de qualité, pourtant considérés comme un de ses droits. Il est demeuré faible voire inégalitaire dans de nombreux pays, y compris au Maroc.
A titre indicatif, «il y a juste un centre de santé pour une population de 21.000 femmes de tout âge et moins d’un lit pour 500 femmes, un médecin pour 815 et un infirmier pour 550, constat auquel il faut ajouter la mauvaise répartition géographique des institutions sanitaires», relève l’organisation Jossour FFM (Forum des femmes marocaines) citant des chiffres relevant du ministère de la Santé.
Le développement des avortements clandestins illustre également bien la difficulté pour les femmes d’accéder aux services de santé de qualité. 
En effet, et selon les estimations de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), citées par  Jossour FFM, plus de 600 femmes se font avorter quotidiennement et clandestinement dans des conditions non conformes aux normes médicales minimales requises. 
D’où l’intérêt du débat lancé ces derniers mois sur cette question et les Hautes orientations du Souverain pour «l'examen de cette question» qui avait «également ordonné aux ministres concernés et au président du CNDH de coordonner et de coopérer avec le Conseil supérieur des Oulémas pour se concerter au sujet des différents avis et orientations et soumettre des propositions à la Haute connaissance de Sa Majesté le Roi», avait alors rapporté un communiqué du cabinet royal.
A l’évidence, la célébration de la journée est l'occasion d'attirer l'attention des décideurs, des politiques et acteurs associatifs sur cet important sujet lié à des questions majeures touchant à la santé de la femme. 
Déjà confrontées à de nombreux problèmes tout aussi importants (violences conjugales, viol, harcèlement sexuel, des politiques peu prompts à accompagner leur émancipation effective…), bien de femmes doivent aussi lutter pour accéder à des soins de qualité. Un défi qui est pour le moment loin d’être relevé, en dépit de la mobilisation tous azimuts des organisations féministes et de défense des droits de la femme. Et pour cause, bien que les femmes contribuent à la création de 21% de la richesse nationale, selon les conclusions d’une enquête réalisée en 2012 par le Haut-commissariat au plan (HCP), plusieurs obstacles limitent quand ils ne réduisent pas l’accès de ces dernières à des services de santé de qualité. Notamment celles résidant dans les zones rurales ou reculées.
La féminisation de la pauvreté, le niveau élevé du chômage, le faible pouvoir d’achat,  les a priori, le manque d’informations sur les sujets de santé les concernant et le peu d’enthousiasme dans la lutte contre certaines maladies les touchant particulièrement contribuent à les éloigner ou à limiter leur accès à la santé. 
Pour autant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le Maroc a accompli ces dernières décennies des progrès importants en matière de réduction des décès de mères, indiquant que «le taux de mortalité maternelle du pays a chuté de 67% entre 1990 et 2010 et le taux de mortalité des moins de cinq ans de 60% entre 1990 et 2011».
Mais si les indicateurs de mortalité de ces vingt dernières années et ceux portant sur la santé de la mère se sont améliorés par rapport au passé, la mortalité maternelle demeure un problème majeur de santé au Maroc, estime, pour sa part, le HCP dans une étude intitulée «La santé de la reproduction dans la politique de population au Maroc».
«De 332 décès pour 100.000 naissances vivantes pour la période 1985-91, la mortalité maternelle s’est réduite d’environ 30% entre 1992 et 1997 (enquête PAPCHILD 1997). Le taux de mortalité maternelle se chiffre à 228 décès pour 100.000 naissances vivantes (125 en milieu urbain et 307 au niveau rural), soit un taux de 15 à 20 fois supérieur à ceux des pays occidentaux», a relevé le HCP. Et ce dernier de rapporter qu’une étude réalisée par l’Institut national d’administration sanitaire en 1990 a mis en évidence un déficit important en interventions obstétricales majeures, notamment en milieu rural. Ladite étude indique que les femmes enceintes résidant en zones rurales, alors qu’elles représentent les deux tiers de l’ensemble des parturientes du pays, ne bénéficient que du tiers de l’ensemble de ces interventions». 
Par ailleurs, ajoute-t-on, les études entreprises sur le terrain sur les pratiques sociales et l’acceptabilité des services materno-infantiles et de planification familiale ont révélé entre autres points: le recours à un service de santé ne s’effectue qu’au moment où apparaissent les complications ; dans le cas de recours à un établissement de soins de santé, la référence reste tardive.
Pour rester sur cette question, il est à rappeler que le Maroc a adopté en novembre 2013 un nouveau plan national censé accélérer les progrès en matière de santé de la mère et de l’enfant.
Elaboré dans le cadre d’une initiative régionale visant à sauver des vies de mères et d’enfants lancée par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA et les pays de la Méditerranée orientale, ce plan «vise à accélérer les progrès. Il crée des conditions pour réduire à la fin de cette année la mortalité des moins de cinq ans de 70% et la mortalité maternelle de 82% par rapport aux niveaux de 1990», explique l’OMS.
Bien qu’ancienne, une autre étude sur la «Santé de la mère et de l’enfant au Maroc», recueillant les principaux résultats de deux enquêtes réalisées en 1992 (enquête nationale sur la population et la santé au Maroc, ENPS) et en 1995 (enquête de panel sur la population et la santé, EPPS), a, par le passé, fourni des informations essentielles dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant.
Dans ce document en rapport avec les soins prénatals et l’assistance à l’accouchement, il est fait mention qu’au Maroc, «pour près d’une naissance sur deux (45%), la mère a effectué des visites prénatales, soit auprès d’un médecin (30%), soit auprès d’une infirmière ou sage-femme (15%)». De plus, pour 60% des naissances, la mère a reçu, au moins, une dose de vaccin antitétanique pendant la grossesse.
Ce même document ajoutait qu’«un peu plus d’une naissance  sur trois a eu lieu dans un service de santé et deux naissances sur cinq ont été assistées par du personnel qualifié». Tandis que les accoucheuses traditionnelles ont  assisté 41% de naissances.
Fait-on suffisamment pour la santé de la femme? Si la  question mérite d’être posée, la réponse n’est pas toujours des plus claires dans bien de régions du monde.
Il est à souligner que la Journée internationale d’action pour la santé des femmes a été créée au Costa Rica en marge de la cinquième Rencontre internationale sur la santé des femmes tenue en 1987 dans ce pays de l’Amérique centrale. 


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