​Hicham Lasri porte le cinéma marocain à l’échelle internationale

Le dernier film du jeune réalisateur a été projeté lors de la 65ème Berlinale


Mehdi Ouassat
Mardi 17 Février 2015

​Hicham Lasri porte le cinéma marocain à l’échelle internationale
Le film marocain “The Sea is behind” de son réalisateur Hicham Lasri, a été projeté, en présence de plusieurs membres de l’équipe du  film, dans le cadre de la rubrique  “Panorama” des longs métrages de la 65ème édition du Festival international du  film de Berlin (Berlinale), qui a pris fin samedi dernier. 
Le film raconte l’histoire de Tarik, un jeune homme, incarné avec brio par Tarik Akhmiss, qui se maquille et s’habille en femme. Il danse sur une carriole tractée à la fois par un cheval mourant et par son père qui ne le regarde plus. Il suit le rythme effréné d’une fanfare composée de pauvres hères, des parias, des punks et des désaxés. Suivi, par la foule, Tarik vibre de sensualité féminine en s’abandonnant à cette passion, son visage barré par une moustache qui revendique sa virilité tronquée. Car Tarik est un artiste de « H’Dya ». Il se travestit en femme et danse pour de l’argent à l’occasion des fêtes, des cérémonies de fiançailles ou de mariage. La « H’Dya » est une tradition marocaine qui pendant longtemps a rythmé les festivités et le quotidien des Marocains.
Réalisé en noir et blanc, ce film met, en effet, en scène des marginaux aux  personnalités complexes qui ont des sentiments contradictoires et une vision sombre de la vie. Ils prennent des risques, s’engagent dans des aventures et se  retrouvent même sous l’emprise de la panique.
Troisième long métrage du réalisateur Hicham Lasri, après “C’est eux les  chiens” et “The end”,  «The Sea is behind » constitue une expérience cinématographique unique, qui  propose un nouveau concept artistique et tente de répondre à plusieurs questions sur le véritable sens de la vie et il met en  vedette, outre Malek Akhmiss, plusieurs acteurs marocains, tels Hassan Badida,  Mohammed Aouragh et Yassine Sekkal.
Dans un entretien accordé au «Huffpostmaghreb», Hicham Lasri explique que le titre du film est une référence directe  à Tarik Ibn Ziad qui, au moment des croisades, a conquis l’Andalousie. «L’un de ses discours les plus fameux est celui prononcé au moment où il traverse la Méditerranée et se retrouve de l’autre côté, en Espagne. Ses soldats avaient peur. Il brûle alors toutes les barques, et dit à ses soldats: “La mer est derrière vous, et l’ennemi est devant vous. Il ne vous reste que la patience”. C’est un personnage qui fait aussi une apparition dans le film», précise-t-il.
Concernant la projection de son film à la 65ème Berlinale, le jeune réalisateur marocain explique que quand un film part dans un festival comme celui-là, ça le décharge du poids de le porter. «Ça me permet en fait d’aller vers le suivant. A partir de maintenant, il est dans la place publique, les cinéphiles vont le porter à leur tour, en parler, en bien ou en mal. Moi, je pose mon bagage et j’en porte un autre: mon prochain film, qui s’intitulera “Affame ton chien” », dit-il. Et d’ajouter : « C’est un film qui a été fait, un peu comme “C’est eux les chiens”, en dehors des sentiers battus de la production. On l’a porté à bras-le-corps avec mon équipe, on y a cru ».  

La Berlinale

La Berlinale est un important évènement cinématographique et médiatique. Chaque année, 20000 professionnels de 120 pays, dont 4200 journalistes, se pressent à Berlin pour assister à cet évènement. Environ 230 000 spectateurs paient pour assister aux séances (430000 spectateurs au total).
Le meilleur film de la compétition internationale est récompensé par l’Ours d’or (Goldener Berliner Bär) tandis que l’Ours d’argent (Silberner Berliner Bär), outre le Grand prix du jury (Großer Preis der Jury), est attribué pour les prestations de meilleure réalisation (beste Regie) puis de meilleure interprétation pour un acteur (bester Darsteller) et une actrice (beste Darstellerin). Les ours sont attribués par un jury composé de professionnels du cinéma et de personnalités du monde des arts et de la culture.
Parallèlement au festival, se tient un important marché du film. Le volume des achats qui y sont négociés font de Berlin le deuxième marché du film, en importance. 
Ce festival a été créé en 1951 par les Alliés qui voulaient établir ainsi une « vitrine du monde libre ». Depuis la première édition, la récompense suprême est l’Ours d’or (sculpté par Renée Sintenis). En 1951, l’Ours d’or est attribué par catégories avant de n’être plus décerné qu’à un seul film, tous genres confondus, dès l’année suivante. Le festival se déroulait originellement en été avant d’avoir lieu en février à partir de 1978. L’ouverture de la première Berlinale, le 6 juin 1951, se fit avec Rebecca d’Alfred Hitchcock. 


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