​Engager les jeunes dans la démocratie


Par le Dr Yossef Ben-Meir *
Samedi 1 Novembre 2014

​Engager les jeunes dans  la démocratie
Instaurer la démocratie met en évidence une grande question qui se pose aux jeunes du monde entier et en particulier dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Comment le découragement socioéconomique répandu et apparemment sans concession peut-il être abordé d’une manière durable ?
La réponse se trouve dans des actions concrètes par la démocratie participative qui engage les individus et les communautés dans le dialogue et la recherche de consensus, dans le but d'identifier leurs enjeux et opportunités de développement et d’élaborer un plan d'action commune pour réaliser des projets prioritaires. 
Au Maroc, la situation des jeunes (dont 4 sur 5 âgés de 15 à 34 ans sont au chômage) reflète bien celle des autres pays de la région. Il est facile de s’attrister en écoutant leurs enjeux communs : la majorité d’entre eux vivent chez eux jusqu’à la trentaine, retardant souvent le mariage parce qu'ils ne peuvent s’offrir leur propre logement ; des jeunes femmes instruites passent des jours et même des années à la maison familiale sans acquérir les compétences nécessaires pour trouver un emploi; l’éducation des filles des zones rurales est souvent interrompue après l'école primaire, les familles n’ayant pas les moyens de les envoyer au collège et au lycée et pouvant en tout état de cause valoriser davantage l'éducation des garçons.
 La plus grande source de frustration est peut-être le fait que la jeunesse marocaine vit dans une société qui regorge d’opportunités d'action sociale et de croissance économique dont ils peuvent ne pas avoir conscience, ayant été confronté jusqu’ici à de telles difficultés qu'ils ne croient généralement pas que de telles opportunités puissent même exister.
 Engager l’énergie de la jeunesse à bon escient - et ne pas la laisser devenir contre-productive, pour elle-même et pour la société dans son ensemble - est certainement l'un des objectifs actuels des plus pressants. Cette journée de la démocratie fait penser à une solution qui a fait ses preuves au fil des décennies, notamment par le biais d'expériences de développement entreprises depuis la Seconde Guerre mondiale - la planification démocratique participative - une méthode par ailleurs intégrée dans la Charte communale marocaine et les stratégies nationales de développement et qui depuis les années 1990, est devenue une approche universellement reconnue pour promouvoir le développement humain durable.
Le processus consiste à appliquer des procédures de dialogue ouvert en vue d’évaluer les expériences en matière de développement de projets ainsi que les besoins prioritaires actuels. Les groupes acquièrent ainsi l’autosuffisance et une plus grande autonomie pour réaliser dans leur vie et leur localité les changements qu’ils souhaitent, être maîtres de leurs choix et devenir ainsi responsables de la mise en œuvre de leurs projets, de la conception à la gestion et à l’évaluation. Cette approche de développement est aujourd’hui synonyme de durabilité, car les évaluations de projet ont montré que la participation locale est au moins aussi cruciale que le financement pour assurer la continuité du projet et le succès global.
 Dans la ville de Mohammedia, des étudiants de la Faculté des sciences économiques et sociales ont bénéficié d’une formation expérimentale pour faciliter la planification participative avec des associations de la société civile. Leurs efforts ont abouti à la fédération de ces associations pour réaliser des objectifs communs, dans ce cas précis, des centres de développement communautaire et pour les jeunes.
 Lorsque les jeunes sont dotés de compétences et de savoir-faire nécessaires pour les aider à forger leurs communautés et leur société en y reflétant leur volonté commune, par des moyens démocratiques, un réel optimisme supplante la frustration puisque des emplois sont créés et que l’éducation et la santé s’améliorent. Cette importante journée indique par conséquent qu’il y a un véritable outil qui doit pouvoir être utilisé par les populations. Des programmes doivent être en effet mis en œuvre qui se consacrent non pas à des projets prédéterminés, mais à des initiatives identifiées par les jeunes pour eux-mêmes et où l'expertise technique n’est pas spécifique à un secteur, mais comprend des compétences essentielles non techniques aux applications multiples comme la négociation, l'écoute, l’établissement de partenariats, en se fondant sur l'inclusion.
 Souligner le principe de la démocratie, en particulier dans le contexte de la jeunesse, doit être salué et apprécié. En 2014, la jeunesse mondiale est confrontée à des problèmes profondément enracinés et sans précédent par leur taille et leur complexité. En même temps, ce sont les jeunes qui sont en fin de compte le seul espoir de l'humanité. Leur permettre de vivre et de réaliser le développement durable par la démocratie participative est en effet la lumière qu'ils recherchent en douceur, mais pas si en douceur que cela.

 * Cofondateur et président des opérations de la Fondation du Haut Atlas


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