​Edifier localement la paix mondiale


Par Yossef Ben-Meir *
Vendredi 24 Octobre 2014

​Edifier localement la paix mondiale
Un contexte de renforcement mutuel des mouvements ascendants de développement social, de lois et de politiques propices venant du sommet aide encore plus les populations et les groupes à s’unir pour créer le changement escompté.
Il est clair que si la paix doit exister au sein de l'humanité, elle se reflète dans les circonstances  et les conditions locales. Après tout, en tant que personnes, nous vivons directement les degrés de paix de la société et notre comportement individuel et de groupe a des incidences sur son existence.
Pour que la paix prospère au niveau communautaire, il  faut concilier un paradoxe millénaire, à savoir que les intérêts des individus et des groupes ne sont pas antagonistes et ne permettent  pas de se réaliser au détriment de l'autre, mais sont plutôt étroitement liés et satisfaits à travers les méthodes de planification participative et la mise en œuvre de projets.
Les méthodes de développement nécessitent une facilitation par des tiers, d'abord pour faire ressortir les points de vue et les priorités des acteurs locaux, notamment les jeunes et les personnes âgées, les femmes et les hommes, les riches et les pauvres, et ensuite pour établir des partenariats avec les autorités locales, la société civile et le secteur privé.
Les projets de développement qui émergent de ce processus démocratique aident la population locale de deux manières - en contribuant à  régler leurs divergences (par l’intégration d’approches de gestion des conflits) et en faisant avancer leurs objectifs socioéconomiques et environnementaux.
Les projets nuisent aux personnes en situation d'aliénation parce qu'elles ne consacrent plus leurs journées à des activités dont elles ne tirent pas des avantages légitimes et sont donc incompatibles avec leurs intérêts fondamentaux. Les projets favorisent la paix en répondant aux besoins identifiés par la population tout en satisfaisant les objectifs de développement de la communauté. Les besoins sociaux et personnels ayant été ainsi remplis grâce à la participation populaire au développement communautaire, la paix s’inscrit dans un cadre plus favorable à sa prospérité et à son expansion.
Ce qui est intéressant dans le contexte des conflits nationaux et internationaux, c'est que la même méthodologie s'applique toujours, même entre les représentants et les dirigeants des groupes en conflit. Le processus ne commence cependant pas avec la planification concertée du développement mais s’y intègre. Les expériences et les difficultés passées doivent d’abord être exprimées, puis reconnues et, le cas échéant, des excuses doivent être faites. Ce genre de dialogue visant à  rétablir la confiance doit en outre être mené dans un esprit de réconciliation.
Des conditions favorables à la paix sont ainsi créées dans lesquelles les parties peuvent coexister et tirer véritablement profit de ce contact mutuel.  Pour promouvoir la paix réelle, il est fondamental que tout cela se traduise par le développement durable pour tous. Y a-t-il des communautés sunnites et chiites qui vivent  côte à côte ou qui sont intégrées, où ces processus peuvent construire l’unité ou empêcher l’escalade de la méfiance ?
Les Israéliens et les Palestiniens peuvent-ils se réunir, exprimer et reconnaître ce qu’ils doivent reconnaître et faire avancer un développement humain qui octroie aux Palestiniens non seulement l’indépendance politique mais aussi économique ?
Les voisins qui ne sont pas en conflit, mais qui ne communiquent néanmoins pas entre eux, peuvent-ils se rencontrer d'une manière décisive pour élaborer un plan d'action et contribuer ainsi à leur développement local ?
Le résultat net de ces événements localisés est le rayonnement, fédérateur vers le haut, de la paix dans des zones géographiques de plus en plus étendues. Dans le même temps, les dirigeants nationaux et mondiaux qui établissent des chartes, qu’ils encouragent activement, qui nécessitent des réunions communautaires et un développement local fondé sur la volonté commune populaire, ouvriront la voie aux conditions de paix sur le terrain.
Les politiques macroéconomiques favorables encouragent la  société civile, l'apprentissage par l’expérience et les formations au développement participatif. L’Etat, les entreprises responsables et les donateurs doivent donc se doter de programmes de financement conçus de manière à soutenir une série d’initiatives éducatives,  sanitaires, économiques et environnementales qui constituent des priorités au niveau local et dont les principaux critères sont identifiés et dirigés par la communauté.
La véritable paix – une paix qui oriente notre présent et notre avenir et qui répond à l'appel de nos cœurs - est donc entre les mains de chacun d'entre nous car sa réalisation nécessite des actions à tous les niveaux de la société, tout en étant fondée sur le contrôle par les communautés locales des projets conçus pour les aider. Par ailleurs, ce qui  est encourageant, l'objectif de la paix mondiale peut être opérationnalisé, budgétisé, avoir des ateliers de formation et a déjà commencé. La paix ne nécessite désormais plus qu'un ralliement mondial pour soutenir la participation populaire au développement qui changera la vie des individus et des communautés.

 * Cofondateur et président des opérations de la Fondation du Haut Atlas


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