​Décentraliser pour donner le pouvoir aux peuples du Printemps arabe

La relative stabilité du Maroc est due en grande partie à la promotion précoce du développement humain


Par Y. Ben-Meir
Mercredi 22 Octobre 2014

​Décentraliser pour donner le pouvoir aux peuples du Printemps arabe
Pour maintenir durablement le développement humain et la stabilité politique, les pays du Printemps arabe devraient suivre une politique de décentraliation consistant à mettre en œuvre le développement communautaire. De plus en plus, le Maroc est proposé comme un modèle pour ses avancées probantes pendant le Printemps arabe en raison de sa stabilité et sa de sa diversité culturelle, entre autres. En même temps cependant, il y a aussi des défis internes extrêmement difficiles qui pourraient nuire à l'avenir du Maroc: la pauvreté rurale, le découragement de la jeunesse, de graves disparités économiques et la banalisation de l’exploitation de la main-d’œuvre.
Si le Maroc pouvait effectivement mettre en œuvre le développement participatif et construire des systèmes démocratiques par la régionalisation, le modèle pourrait être instructif pour les populations des autres pays du Printemps arabe pour bâtir le type d’avenir sociopolitique qu'ils souhaitent. Les expériences et les leçons de développement du Maroc sont donc pertinentes à l'échelle régionale et à l'échelle mondiale. La relative stabilité politique et  sociale du Maroc lors du Printemps arabe est due en grande partie à la promotion précoce et constante du développement humain par le Roi Mohammed VI, notamment à partir de 2008, et à son engagement à l’égard d’un régime décentralisé, qui fait aujourd’hui l’objet de l’article I de la nouvelle constitution marocaine de 2011.
Toutefois, une vision correcte du développement (où le Maroc a réalisé des avancées considérables) et de sa mise en œuvre réussie (à laquelle le Maroc n'est malheureusement pas parvenu comme il se doit) sont nécessaires pour que les pays du printemps arabe atteignent la stabilité sociopolitique à long terme.
Certains gouvernements peuvent être réticents quant à la décentralisation, craignant que ce processus n’encourage la sécession et ne devienne une cause de conflit. Cependant, le plus souvent, c'est précisément le manque de pouvoir en matière de prise de décision au niveau local que alimente la résistance politique, les tensions, les conflits entre groupes religieux et la violence.
Si la décentralisationpeut créer chez les politiciens et les bureaucrates le sentiment d’être moins influents, le pouvoir central reste néanmoins essentiel dans les domaines relevant de sa compétence comme les politiques macro-économique et étrangère, le système judiciaire, la sécurité nationale... Cette centralisation peut également contribuer à éviter - et à contrer - les écueils d’une régionalisation mal mise en œuvre, afin de contriber à la réduction des disparités sociales et géographiques.
Si la tourmente confessionnelle et la terreur semée par ISIS qui règnent dans l'Irak d'aujourd'hui étaient moindres - voire inexistantes - ce pays aurait-il opté pour le fédéralisme (un système décentralisé formalisé) en 2006 ou plus tôt ? Si tel était le cas, ISIS serait rejeté dans les cœurs et les esprits de la majorité de la population. Aussi irréalisable que cela semble à l'heure actuelle, la décentralisation du pouvoir aux niveaux sous-provinciaux, le plus près possible des citoyens, apparaît comme la seule solution viable pour que les Irakiens se sentent impliqués dans la chose publique, ce qui conduirait au développement commun. Une forme d'autonomie légitime dans un contexte global de souveraineté nationale (similaire à la solution proposée par le Maroc pour le Sahara marocain) pourrait permettre de diminuer la violence et les conflits entre chiites et sunnites. 
Une approche décentralisée du développement humain permettrait de voir les communautés identifier et locales contrôler des milliers de petits projets au niveau local, au lieu de projets coûteux et à grande échelle, moins nombreux et présentant des risques plus élevés. Les communautés locales tirent de gros avantages des projets qui sont plus rapidement mis en œuvre. En outre, ce développement humain est bien adapté pour aider à écourter la récession et à promouvoir la croissance. 
Les villages et les quartiers on besoin de  facilitateurs qui appliquent les méthodes de la planification participative pour les évaluations communautaires et la recherche du consensus. En effet, la quantité et la durabilité des projets locaux reflètent en grande partie la mesure dans laquelle les facilitateurs sont impliqués dans cette voie. Les facilitateurs peuvent être des instituteurs, des membres de la société civile, des élus locaux, des étudiants universitaires, des commerçants, des retraités entre autres.
L’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a créé un cadre idéal  pour des projets qui reflètent les idées de la population ainsi que pour les formations requises pour les communautés locales afin de déterminer les projets prioritaires. En outre, le processus marocain de régionalisation et l'INDH sont en synergie et se renforcent mutuellement. L’INDH peut contribuer à établir de nouveaux partenariats et des structures de régionalisation. 
La mise en œuvre des projets de cette manière permettrait de tracer des chemins et de créer des partenariats et des dispositifs institutionnels inhérents aux systèmes décentralisés. 


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