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​Au Vietnam, la fuite des cerveaux en formation


Mercredi 28 Janvier 2015

​Au Vietnam, la fuite des cerveaux en formation
Face à un système éducatif vietnamien engoncé dans le culte du par cœur et les cours de léninisme obligatoires, les classes moyennes se saignent aux quatre veines pour faire étudier leurs enfants ailleurs.
Chaque année, les parents vietnamiens dépensent plus d'un milliard de dollars pour envoyer leurs enfants étudier à l'étranger. Le but: éviter les bancs des universités du régime à parti unique, où des départements universitaires restent dédiés à l'enseignement du marxisme-léninisme. 
Certains vont dès le lycée à Singapour, d'autres prennent le chemin des universités américaines. Au total, au moins 125.000 Vietnamiens étudient à l'étranger, selon ICEF Monitor, spécialisé dans l'étude du marché des études à l'international, où les Chinois restent les plus nombreux au monde à prendre le chemin de l'exil pour étudier.
Selon l'ICEF, un étudiant à l'étranger sur six vient de Chine, suivis par ceux venant d'Inde et de Corée du Sud, qui à eux trois fournissent plus du quart des étudiants à l'international. 
Au Vietnam, ceux-ci ne représentent qu'une fraction des quelque 17 millions d'élèves et étudiants de ce pays de 90 millions d'habitants. Mais leur proportion augmente vite, de l'ordre de 15% en 2013 par rapport à l'année précédente.
Ngyuen Thi, fonctionnaire de cet Etat communiste à parti unique, a vendu des biens immobiliers familiaux et a ouvert un compte destiné à payer les centaines de milliers de dollars que lui coûtent les études à l'étranger de ses deux fils.
"Je devais faire sortir mes enfants de ce système éducatif qui n'est que pression et tricherie", explique-t-elle à l'AFP, évoquant le recours à grande échelle aux anti-sèches au Vietnam.
Elle se souvient qu'à l'époque où ses fils fréquentaient des écoles publiques à Hanoï, elle devait les conduire, pour se faire bien voir, à des cours supplémentaires, payants, organisés par les professeurs.
"Une fois, mon fils m'a demandé pourquoi il n'avait pas la meilleure note alors même qu'il avait mieux réussi que son ami. Je ne pouvais pas lui dire que la mère de son ami donnait plus d'argent à l'enseignante", raconte celle dont les fils étudient désormais en Grande-Bretagne.
Plus de 5.000 Vietnamiens étudient en Grande-Bretagne, mais leur destination favorite est l'Australie, où ils sont jusqu'à 20.000.
Aux Etats-Unis, ils sont plus de 16.500, soit 2% des étudiants étrangers dans le pays (contre 32% venant de Chine et 12% d'Inde). Près de 4.000 jeunes Vietnamiens font le choix du Canada et 6.700 de la France.
Mais dans un pays où le revenu moyen par habitant dépasse à peine les 1.500 dollars, les universités étrangères sont hors de portée pour nombre de bourses.
Or, 40 ans après la fin de la guerre du Vietnam, le système éducatif reste figé dans des cursus datés, avec des manuels qui n'ont pas été renouvelés depuis longtemps, et cherche plus à promouvoir le Parti qu'à former des jeunes qualifiés.
L'ancien ministre de l'Education, Pham Minh Hac, reconnaît que "les universités sont mauvaises". Le système actuel ne peut pas créer "un environnement favorable aux innovations individuelles et aux idées", dit-il dans une interview à l'AFP.
Et l'écart entre le niveau de formation des étudiants et les besoins des entreprises pose un sérieux problème, même si sur le papier, le Vietnam ne se place pas trop mal dans les classements internationaux comme Pisa, qui classe le Vietnam 17e sur 65 pays, devant des pays voisins comme la Thaïlande, grâce notamment à de bonnes performances en mathématiques ou en sciences.
"Ces étudiants ne peuvent pas répondre aux attentes du marché du travail", reconnaît l'ancien ministre.
Les écoles privées disant suivre un cursus occidental se multiplient au Vietnam, mais peu sont au niveau.
Et l'envoi de sa progéniture à l'étranger reste la voie du salut privilégiée.
"Je ne sais pas exactement ce qu'est leur vie aux Etats-Unis, mais je pense que c'est bien pour eux", témoigne Nguyen Quang Thinh, entrepreneur.
Il dépense jusqu'à 40.000 dollars chaque année pour payer les études de ses deux fils aux Etats-Unis. 


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