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​Au Musée du Kivu, la “petite kabila” et autres trésors de sagesse congolaise


Samedi 28 Mars 2015

​Au Musée du Kivu, la “petite kabila” et autres trésors de sagesse congolaise
Perchée sur son étagère, la "petite kabila" vous regarde de ses yeux mystérieux : bienvenue au Musée du Kivu, joyau peu connu perpétrant la mémoire d'une sagesse traditionnelle congolaise aujourd'hui en voie de disparition. 
Cette statuette de femme assise sur ses talons et tenant dans ses mains une sorte de jarre figurait autrefois sur tous les billets de 10 francs congolais, coupure qui n'a plus cours aujourd'hui.
C'est Laurent-Désiré Kabila lui-même, père de l'actuel président congolais Joseph Kabila, qui avait tenu à ce qu'elle soit ainsi représentée, assure Barthélémy Kayumba, animateur de ce musée caché derrière les murs de la procure des pères xavériens (missionnaires catholiques d'inspiration jésuite) à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
En langue luba, "kabila signifie partage, distribution", et chez les Luba, ethnie du sud-est du pays dont est issu le chef de l'Etat, la statuette avait "une fonction d'entraide et de solidarité", ajoute M. Kayumba.
"Pour Kabila Père", chef rebelle qui mit fin en 1997 à 32 années de dictature de Mobutu Sese Seko, "elle avait une valeur symbolique", explique-t-il : "Le chef, ou la mère, doit s'occuper des plus faibles et prêter attention aux plus petits", rapporte l’AFP.
La "petite kabila" est une copie, comme nombre de pièces du musée en l'absence des pièces d'origine dont on ignore souvent le sort.
Mais les xavériens, dont les premiers prêtres sont arrivés dans le pays en 1954, ont également amassé beaucoup de pièces authentiques : des objets "conçus en prévision d'une cérémonie", généralement l'initiation ou l'investiture d'un "mwami" (chef), explique le père Italo.
Au Congo depuis près de 40 ans, ce prêtre italien a bien connu le père André, à l'origine de la constitution du musée - et aujourd'hui en Europe pour des soins.
Le musée a ouvert ses portes au public en 2013 mais la recherche des pièces avait commencé dix ans plus tôt, alors que s'achevait la deuxième guerre du Congo (1998-2003).
Pour le Sud-Kivu, la fin de cette guerre régionale africaine dont la RDC fut l'unique champ de bataille, n'a pas signifié le retour à la paix. Comme sa voisine du Nord-Kivu et d'autres zones de l'est du pays, la province reste déchirée par la violence de conflits armés alimentés par des milices congolaises ou étrangères.
Le musée a pu se constituer une collection de plusieurs centaines de statuettes, masques, fétiches... grâce à la coopération de chefs coutumiers des principales tribus du Sud-Kivu (Lega, Bembe, Shi et Buyu), à l'honneur par rapport aux autres ethnies du pays.
Ce sont eux qui ont légué la plupart des pièces authentiques, dont la plus vieille a sans doute une centaine d'années, indique M. Kayumba : "Il s'agissait de les mettre à l'abri" pour éviter qu'elles ne soient pillées par tel ou tel groupe armé.
De par la nature même de leur fonction, ces pièces étaient transmises de chef en chef. Certains d'entre eux étaient en possession d'un véritable trésor. Mais avec la colonisation belge (1908-1960) et l'arrivée des missionnaires catholiques, on a considéré un peu rapidement que "tout cela c'était de la sorcellerie" et on a demandé aux Congolais de "mettre cela de côté alors que c'était leur façon de vivre et qu'il y avait là une vraie école de sagesse", estime le père Italo.
Chez les Lega, par exemple, on ne devient pas chef de père en fils, comme dans beaucoup d'autres tribus, mais le conseil des anciens choisit parmi les initiés "celui qui porte le plus haut les valeurs morales", explique M. Kayumba.


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