Un guide pour bien voyager dans le Grand Sud marocain


Hakim Ben Achour
Mercredi 24 Mai 2017

Présentées de manière à susciter la curiosité du lecteur, les informations contenues dans ce guide sont autant de fenêtres ouvertes sur les sites naturels, les traditions culturelles, les formules d’accueil, les chemins d’accès, bref tout ce qui peut donner l’envie d’un séjour hors normes.


Depuis des décennies, au prix de très lourds investissements, le Maroc s’évertue à présenter à son visiteur un visage à la hauteur de sa renommée. Le voyage au Maroc qu’effectuent chaque année plus de 10 millions de touristes est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir un pays qui ne cesse de décliner ses charmes, se faisant un devoir de leur offrir un séjour qui soit aussi utile qu’agréable. Agréable comme destination, l’une des plus belles au monde, dans un cadre chaleureux et accueillant, parenthèse heureuse permettant au visiteur de se ressourcer avant de reprendre son train-train quotidien. Utile comme immersion dans les cultures, les arts et les traditions du pays, tout ce qui fait la force et l’originalité de l’identité marocaine.  
Pour faire connaître la destination Maroc, les publications imprimées, les documentaires audiovisuels, les pages électroniques ou encore les spots et autres supports publicitaires sont nombreux et variés. Mais ils restent généralement confinés dans leur rôle promotionnel et leur ambition ne va pas au-delà de la présentation des sites, des infrastructures, des services, etc. censés intéresser le grand nombre de visiteurs. C’est déjà pas mal comme premières réponses à la curiosité du candidat au voyage, sauf qu’il y a une catégorie de visiteurs qui ne s’en satisfont pas et qui cherchent à se renseigner sur des points de détail que les guides usuels ne livrent pas ou alors avec parcimonie.
Quand cette difficulté d’accès à l’information se trouve conjuguée à la réputation d’inhospitalité d’un territoire, à la monotone uniformité de ses paysages, à la rudesse de son climat, comme c’est le cas du désert, on se demande par quel miracle il se trouve des clients pour ce genre de destination. En fait, il y a toujours des amateurs, des amoureux plutôt, que ne rebutent ni la modestie des infrastructures d’accueil, ni les éprouvantes conditions météorologiques, ni le manque de distractions excitantes. Pour ces êtres d’exception, prendre un verre de thé au bord d’une dune, en contemplant un coucher de soleil ou un lever de lune, en s’imprégnant de la sérénité du lieu et de l’instant, est un bonheur sans égal.
Alors, afin d’inciter le commun des mortels à emboîter le pas à ces heureux élus et aller fouler le sable de nos belles provinces du Sud, il s’est trouvé un de ses amoureux du désert pour avoir la bonne inspiration et la méticulosité de mettre en ordre les notes, anecdotes, images, impressions, relevés géographiques et autres mille informations qu’ils a accumulées en sillonnant nos pistes sablonneuses des années durant et d’en faire un guide. Gonzalo Sánchez Álvarez-Castellanos, reporter photographe espagnol, à l’instar des illustres voyageuses et voyageurs fascinés par le désert que furent Isabelle Eberhardt, Pierre Loti, T. E. Lawrence, Théodore Monod, Saint-Exupéry, Le Clézio et tant d’autres, a immortalisé à sa manière son passage au Sahara marocain par la production d’un ouvrage qui recense et lève le voile sur les multiples splendeurs de cette part de notre patrimoine national.
Invitation à venir et à revenir à cet espace épargné des cohues touristiques,  chaque fois avec le désir - et la certitude - d’en découvrir une nouvelle facette, d’être en mesure d’apprécier à sa juste valeur la diversité de ses écosystèmes, de comprendre ses règles sociales et de goûter à son mode de vie simple et riche à la fois, le guide que M. Álvarez-Castellanos a présenté au public de Rabat la semaine dernière, s’adresse surtout à ceux qui hésitent à sortir des itinéraires et des clichés imposés par la suprématie de l’industrie du tourisme de masse.
Présentées de manière à susciter la curiosité du lecteur, les informations contenues dans ce guide sont autant de fenêtres ouvertes sur les sites naturels, les traditions culturelles, les formules d’accueil, les chemins d’accès, bref tout ce qui peut donner l’envie d’un séjour hors normes et indique aux intéressés le moyen d’y parvenir.
Mais au-delà de la fonction et de l’utilité incontestée du guide en tant que tel, cet ouvrage se veut aussi "un message silencieux", selon l’heureuse formule trouvée par un des complimenteurs de l’auteur, adressé à ceux qui veillent aux destinées de cet immense territoire, fort et fragile à la fois.
Pour décrypter ce message, il faut revenir à quelques constats fondamentaux, alarmants pour certains, soulignés par l’assistance : l’absence de stratégie intégrée pour la promotion du tourisme -  écologique s’entend - dans la région ; la part subsidiaire revenant aux initiatives non diplomatico-politiques dans le plaidoyer pour la marocanité du Sahara et où le tourisme peut jouer un rôle déterminant; la forte pression sur les ressources et les milieux naturels qui risque de rompre l’équilibre précaire existant, notamment en ce qui concerne l’eau et la pêche côtière.
Partant de ces constats, il paraît opportun de mettre en place une véritable politique d’aménagement du territoire, axée sur le maillage du littoral saharien marocain par un réseau de mini-stations balnéaires autour de villages de pêcheurs distants les uns des autres d’une centaine de kilomètres au maximum, offrant aux visiteurs hébergement et restauration et servant de points de départ de randonnées dans l’arrière-pays.
Il est facile d’imaginer l’impact qu’aurait un "Plan Azur bis" - mais à dimension humaine celui-ci ! - sur le développement de nos provinces du Sud et la création de dizaines de milliers d’emplois directs ou induits, capables de résorber le chômage des jeunes de la région et même au-delà.
Ne parlons pas du rééquilibrage de la distribution de la manne du tourisme entre le Sud et le Nord, l’ouverture de ces nouvelles destinations, accessibles aux nationaux comme aux étrangers, y ferait refluer l’excédentaire de la masse de touristes qui ne trouve pas de place dans les stations saturées du Nord.
Ne parlons pas non plus du renforcement des liens humains entre les Marocains du Nord et leurs concitoyens du Sud. Le tourisme est l’ouverture idéale sur une culture et un espace fascinants que peu de privilégiés parmi les Marocains du Nord on eu l’occasion de découvrir autrement que par ouï-dire ou à travers leurs lectures ou des émissions de télévision.
Ne parlons pas enfin de l’aura à l’international d’un Maroc qui offre aux millions de touristes potentiels les conditions d’accueil conformes aux standards internationaux sur un ruban littoral sans discontinuité de Saïdia à Dakhla. Ne serait-ce pas là la confirmation de sa volonté de faire des régions du Sud un fleuron de développement qui n’aurait rien à envier aux autres régions, même sur le plan touristique ? Cela donnerait en tout cas des arguments supplémentaires aux défenseurs de la cause nationale pour contrecarrer les assertions de ceux qui prétendent que le Maroc prélève de son Sahara plus qu’il n’y investit.    


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1.Posté par Jean Vorze le 29/05/2017 16:08
Bonjour,
Auriez-vous svp les références de ce guide ?
Merci d'avance

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