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Un abus gros comme une montagne : Au grand dam des riverains, jbel Dchira exposé à un vil crime environnemental


Hassan Bentaleb
Mardi 17 Janvier 2017

ABéni Oukil, commune rurale à 15 km d’Oujda, les riverains de la montagne de Dchira mènent un combat sans merci contre l’ouverture d’une carrière de concassage.  Une situation qui dure depuis trois ans sous silence loin des flashs et des caméras, et qui pousse ces riverains à opter pour de nombreuses formes de protestation : sit-in, marches, recours juridiques, campagnes médiatiques… Tout est bon pour dénoncer un projet néfaste pour la santé des habitants, l’agriculture et l’environnement. Pis, les protestataires estiment avoir été victimes de fraudes et d’arnaque de la part du propriétaire de ladite carrière.
« Ce dernier a spolié nos terres qui sont celles de nos ancêtres. Il a acheté quelques hectares au pied de la montagne avant de s’accaparer la totalité de celle-ci », nous a indiqué un villageois. Et de poursuivre : «Pire, le vendeur de ce lopin de terre n’est pas le véritable propriétaire, car tout le monde sait que cette personne est venue de Berkane et que ce sont nos ancêtres qui lui ont offert ces quelques mètres carrés  pour se loger », nous a raconté un autre villageois.
« L’attestation de propriété a été établie par l’adjoint du caïd qui a joué le rôle de conservateur. Ce dernier a fait appel à 12 témoins pour attester que 26 hectares mitoyens de la montagne sont bel et bien la propriété du dénommé G.A  alors que Haj Boumedienne, père de ce dernier,  est décédé sans rien laisser comme héritage. Ceci d’autant plus que lesdites terres sont une propriété collective. Il s’agit d’un domaine privé de l’Etat chérifien», nous a précisé un acteur écologiste de l'Espace de solidarité et de coopération de l'Oriental (ESCO). Un habitant de la région nous a confirmé que le document en question attesté par les 12 supposés témoins n’avait nullement pour objectif de confirmer la propriété de la montagne mais plutôt l’exploitation par l’ayant droit de la terre située sur le versant de la montagne.   
« Concernant le contrat de vente, on évoque un terrain agricole alors qu’il s’agit bien d’une montagne. En supposant que cette terre soit effectivement agricole, pourquoi autorise-t-on la mise en œuvre d’une carrière de concassage sur cette terre alors que la loi relative à l’exploitation de ces carrières stipule  que ce genre de projet doit être établi loin des terres agricoles et des habitations?», se demande-t-il. Une aberration, d’autant que la direction des domaines makhzaniens à Oujda a tenu à préciser qu’elle n’est pas au courant de cette transaction et qu’elle n’a pas été convoquée lors de la procédure de conservation comme c’est le cas d’ailleurs de la population concernée.
« Personne ne sait à combien s’est chiffrée la vente de cette montagne. Certains parlent de 20 millions de centimes, d’autres de 150 ou 200. En réalité, cette montagne a été vendue à plusieurs reprises », nous a expliqué notre source. Et de préciser : « Les six hectares hérités par le dénommé G.A sont devenus 16 ha et 26 plus tard ».
Mais il n’y a pas que les magouilles du propriétaire, le laxisme des autorités locales a fait sortir les habitants  de leurs gonds. «L’ouverture de cette carrière a été décidée sans concertation avec la population locale. Nous avons pris connaissance de l’existence de ce projet après que le caïd est venu sur place pour inaugurer une route menant à la carrière et passant par nos terres », nous a indiqué un villageois.  Et d’ajouter : « Nous nous sommes renseignés auprès de la wilaya qui a confirmé l’exploitation de ladite carrière ». « Nous avons pris contact avec la représentante régionale du ministère de l’Environnement. Celle-ci a parlé d’un préjudice mais s’est contentée de nous renvoyer à la wilaya laquelle, à son tour, nous a orientés vers Rabat qui, de nouveau, nous a renvoyés à la case départ», nous a révélé une source de l’ESCO.
« Aujourd’hui, il est probable que le propriétaire de la carrière entame l’usage de dynamite. Une autorisation lui a été délivrée dans ce sens par le wali alors que le dossier est toujours devant la justice et que des recours  ont été lancés sans parler des sit-in et  mouvements de protestation », nous a affirmé notre source.  Et de conclure : «Une décision des plus surprenantes quand on sait que ce projet constitue une véritable catastrophe à la fois pour l’agriculture, l’élevage et les  ressources en  eau. Sans oublier que plusieurs espèces animales ont disparu de la région à cause  des explosions de dynamite et des poussières qui se dégagent  suite à l’extraction des roches  ».  


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