Un Livre, une question : «Le pouvoir des médias»


Mustapha Elouizi
Mercredi 2 Juillet 2014

Un Livre, une question : «Le pouvoir des médias»
On dit que le pouvoir des médias est indéniable. Pourtant, des voix s’élèvent pour au moins se demander si ce pouvoir était vraiment une réalité ou  un mythe. L’écrivain américain Michael Schudson creuse dans le même sens. Dans son livre « Le pouvoir des médias : journalisme et démocratie », il traite de trois grands axes. Il part d’abord d’un aspect historique de la presse américaine et les rapports tissés fin du 19ème et début du 20ème siècle entre pouvoir politique et médias, ensuite le pouvoir des médias entre mythe amplifié et mis en scène de  manière à ce qu’il paraisse vrai et une réalité qui, même si elle a une existence matérielle ne peut expliquer tout ce qui passe dans la vie réelle et enfin de la citoyenneté et ses malaises, les médias ne cessent de prôner une certaine forme de citoyenneté qui n’a pas l’air d’être vraiment une. 
Traduit vers la langue française par Monique Berry, ce livre édité par Nouveaux Horizons et dont le troisième tirage en 2007, décline sur 277 pages, le rôle des médias dans ce qui est communément appelé « démocraties ». L’on y expose ainsi toutes les problématiques qui se rapportent à la vie commune ou à l’espace public. Pour Schudson, l’influence exorbitante que l’on prête aux  médias dans la formation de l’opinion publique, l’idée d’une large participation citoyenne au débat politique au 19ème siècle et le rôle héroïque de la presse dans l’affaire Watergate est tout simplement un mythe… transformé à force de le ressasser en réalité. 
Il ne s’agit pas, pour l’auteur, de minimiser le rôle des médias, loin de là. Mais, simplement de les relancer dans un contexte plus vaste, relatif aux différentes forces sociales, politiques et culturelles en relation dialectique permanente dans une société déterminée. Une fois replacés dans leur cadre qu’il estime naturel et normal, Schudson essaye d’ouvrir concrètement la voie à une pratique journalistique professionnelle qui, sans renier ses idéaux traditionnels, « contribuerait plus efficacement à un meilleur fonctionnement du processus démocratique ». Un objectif des plus nobles pour une société équilibrée. 
Sommes-nous bien informés ? Schudson pose la même question relative à ses concitoyens : Les Américains sont-ils bien informés ? Sa réponse est certainement valable pour tous : « Si être bien informé signifie avoir du monde une vue suffisamment cohérente pour mettre de l’ordre dans la nuée d’informations qui bourdonne constamment à nos oreilles, et s’intéresser suffisamment aux gens, aux idées et aux questions qui débordent notre univers personnel pour intégrer et utiliser suffisamment l’information, les Américains ont peu de raisons de se montrer satisfaits d’eux-mêmes ». 
Par conséquent, le citoyen bien informé n’est pas ce consommateur qui ne cesse de lire pêle-mêle des informations rapportées par les différents grossistes d’informations, mais bel et bien celui qui, doté de l’ouverture d’esprit, se sent capable de faire de cette masse d’informations quotidienne une source de renseignements dans un usage intelligent et raisonné… bref, un citoyen  doté d’un esprit critique lui permettant de prendre du recul. Les médias offrent certes les matériaux pour construire le citoyen «informationnel», mais ne produisent aucunement le citoyen « informé »… Ce dernier est le fruit d’une culture politique. 


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