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Transparency Maroc relance le débat : La cherté des médicaments met en péril la CNOPS


Sofia Aliamet
Jeudi 13 Mai 2010

«La gouvernance du secteur du médicament», tel était le thème retenu par l’Association Transparency Maroc pour la tenue d’une table ronde mardi dernier à Casablanca.
Réunis pour l’occasion, des représentants du ministère de la Santé, de la CNOPS, de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP) ainsi que le rapporteur de la commission parlementaire sur le prix du médicament ont fait le point sur le secteur dans le Royaume et plus particulièrement sur la cherté ou non des produits pharmaceutiques.
En novembre 2009, la parution du rapport de la mission d’information parlementaire portant sur le prix des médicaments avait fait polémique. Ce rapport, supervisé par Khalid Hariri, député usfpéiste, faisait état du coût prohibitif supporté par les citoyens marocains lors de l’achat de médicaments, et soulignait également les différences colossales de prix pouvant exister pour une même molécule, selon les lieux d’achat du produit en question.
Selon les députés artisans de ce rapport, seule une politique nationale du médicament pourrait pallier cette situation. Khalid Hariri, rapporteur de la mission parlementaire explique : «Il faut contrôler davantage la procédure d’octroi de l’AMM (autorisation de mise sur le marché). Il faut ainsi agir sur la relation qui existe entre les autorités publiques et les fabricants de médicaments». Pour ce faire, les députés préconisent la mise en place de deux commissions, l’une chargée de l’octroi de l’AMM et l’autre de la fixation des prix. Autre proposition évoquée, l’utilisation de licences obligatoires, ou encore le non-remboursement de l’AMO de tout médicament coûteux pour lequel il existerait un générique et dont le prix serait supérieur de 20% à celui du générique le moins cher. «Il faut également changer certains comportements», affirme M. Hariri en précisant que «certains médecins sont influencés par les industriels pharmaceutiques». Rappelons qu’en 2006 l’organisation internationale Transparency soulignait dans son rapport mondial que «les pratiques de marketing musclées des producteurs et des fournisseurs de médicaments, ouvrent la porte à de nombreuses possibilités de corruption».
Même son de cloche chez Abdelaziz Adnane, président de la CNOPS qui partage l’idée selon laquelle les médicaments demeurent encore trop coûteux: « Les médicaments représentent environ 45% du montant global de nos dépenses, soit 1 milliard 200.000 DH. Désormais, il y a péril en la demeure et c’est la pérennité de nos régimes par rapport à l’AMO qui est aujourd’hui remise en question».
«Le marché des médicaments génériques est encore trop étroit au Maroc», déplore le DG de la CNOPS, en rappelant que « ce sont bizarrement les pays les plus riches qui ont les taux de pénétration les plus importants pour les médicaments génériques».
Aujourd’hui, la contrefaçon, l’auto-médicamentation et la contrebande sont devenues chose courante dans le Royaume. Les citoyens d’Oujda n’hésitent pas à acheter leurs médicaments sur les «marchés noirs» tandis que ceux de Nador s’approvisionnent à Sebta. Sur la question, M. Adnane est catégorique : «Il est temps d’avoir un cadre légal pour asseoir durablement les règles d’éthique». Pour ce faire, la CNOPS recommande l’instauration d’un observatoire du suivi du prix des médicaments, mesure en cours d’étude par le ministère de la Santé. Autres évocations, celles de prendre en charge de façon systématique le médicament générique et d’en faire une base de remboursement.
«Le citoyen marocain fait 40  fois plus d’efforts que le Français pour acheter son médicament, par rapport à leur pouvoir d’achat respectif», souligne Abdelaziz Adnane. Une situation qui n’est plus tenable et qui, selon lui, menace la viabilité du régime d’assurance maladie.
Pourtant, les opérateurs du privé représentés par Ali Sedrati, président de l’AMIP, n’ont pas la même vision des choses. Selon les industriels pharmaceutiques, le rapport de la mission d’information parlementaire est biaisé pour plusieurs raisons. D’abord, car il n’est pas représentatif des médicaments les plus vendus sur le marché marocain et que certains prix ne seraient pas ceux en vigueur. Ensuite, parce que le rapport établit des comparaisons avec la France et la Tunisie qui n’ont pas lieu d’être selon Ali Sedrati. «Le système tunisien est centralisé alors qu’au Maroc le système est libéral. Nous devons accepter ces règles du jeu», affirme le président de l’AMIP.
Sur la question, le débat est enflammé et les sons de cloche divergent. Une chose est sûre cependant : pour le citoyen marocain, le médicament est encore un bien souvent peu accessible, une situation intenable car la santé est un droit et non un luxe. Une situation dénoncée depuis plusieurs années par de nombreuses associations, à l’instar de celle des Amis des myasthéniques du Maroc qui, dans un plaidoyer « pour abroger les taxes sur la maladie »,  souligne à juste titre :  « La santé est un droit, un devoir envers les citoyens. Ce droit légitime et naturel est celui d’être traité, sans arnaques ni surenchères, ni taxes abusives qui saignent les malades».


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